GORDON Max [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né le 20 août 1854 à Vilna (Russie) ; placier ; anarchiste de Vilna (Russie) et de Paris.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Né dans une famille juive de Vilna (Lithuanie), Max Gordon s’était marié en 1890 avec Rachel Paleyohe ( ?). A la fin des années 1870, il avait résidé 2 ans en Allemagne. En 1885, il avait été déporté 5 ans en Sibérie pour activité révolutionnaire.
Il était le père de David Israël, mécanicien, en relation avec les nihilistes russes Polah, Lavroff, Stepanoff et ex président du Cercle des ouvriers israélites russes. Sa fille Eva Gordon était la maîtresse de Katchinzeff, compromis dans l’affaire des bombes en mai 1890.
Il était arrivé en France en janvier 1892 et y résidait avec sa femme qui ne parlait pas le français et leur jeune enfant, d’abord rue de l’Echiquier, puis Faubourg Saint Martin. Il fut notamment employé comme placier par M. Guinsbourg, spécialisé en cuirs de Russie, 74 rue de Bondy.
David, Israël Gordon, son fils, figurait la liste récapitulative des anarchistes au 26 décembre 1893, il demeurait 5 rue des Entrepreneurs (janvier 1893).
Le 14 avril 1894, David, Israël Gordon était sur une liste d’anarchistes, il demeurait 38 rue de l’Echiquier. Il était noté comme célibataire et son dossier à la Préfecture de police portait le n°313.901.
Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra au commissaire Vérillon du quartier de la porte Saint-Denis, un mandat de perquisition et d’amener à l’encontre de Gordon David Israël, pour association de malfaiteurs.
Le 1er juillet 1894, lors de la rafle anti anarchiste, la police s’était présentée à son domicile du 78 Faubourg Saint Martin, à 4h30 du matin, avec un mandat d’amener au nom de David Israël Gordon.
Arrivé sur place le commissaire trouva un homme en chemise et caleçon, cet homme déclara se nommer Max Gordon et non David Israël. Dans le lit se trouvait sa femme et dans une pièce alcôve son fils de 11 ans, Alexandre, Gaston.
La police avait saisi une grande quantité d’imprimés, brochures et affiches anarchistes en langue française (notamment sur l’arrestation de Ravachol et sur l’attentat de Vaillant au Palais Bourbon) , une certaine quantité de journaux anarchistes en russe et en allemand, une grande quantité d’imprimés en yiddish, un grand portrait lithographié de Bakounine, un album photographique et plusieurs photos, divers carnets , notes, manuscrits et correspondances en langues étrangères, et un portrait du président Carnot où il était écrit à l’encre « Carnot est mort ». Selon Gordon, c’était son jeune fils Alexandre qui avait écrit cela. Lors de son interrogatoire il justifia la présence de nombreux écrits anarchistes parce qu’il s’intéressait beaucoup à la question sociale ; il avait ajouté que pour cette raison il avait été « amener à étudier aussi l’anarchie qui pour moi est une forme de la question sociale ». Il avait condamné toute violence se définissant comme un un partisan des théories de Tolstoi et avait nié être anarchiste, ni connaître des anarchistes. Il avait également reconnu parler plusieurs langues – le russe, le français, l’allemand, le yiddish – mais « fort peu l’anglais ».
Poursuivi pour « association de malfaiteurs », il fut incarcéré à Mazas, puis remis en liberté provisoire le 8 juillet 1894, avant de bénéficier d’un non lieu le 4 juillet 1895.
David Israël Gordon figurait sur une liste d’anarchistes résidents dans la Seine en 1895, son adresse 38 rue de l’Echiquier était modifiée, il habitait 78 rue du Faubourg Saint-Martin selon un relevé de la 2e brigade de recherches du 20 avril 1894.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228362, notice GORDON Max [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 28 mai 2020, dernière modification le 3 juin 2020.

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Archives de Paris D3 U6 51 — Notice Max Gordon du Dictionnaire des militants anarchistes — Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine.

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