DONINI Louis, Henri

Par Éric Belouet

Né le 13 août 1936 à Voiron (Isère), mort le 20 août 2019 ; dessinateur puis préparateur chez Dassault ; militant jociste de la Loire puis de la Haute-Savoie, permanent de la JOC (1958-1963) ; syndicaliste CFTC puis CFDT, délégué du personnel ; militant associatif, président de la section CSF de Meythet (1977-1992) ; membre de l’ACO (1966-1983).

Son père, Auguste Donini (1903-1960), né de parents italiens qui s’installèrent en France en 1906, était maçon et militant communiste. Sa mère, Angèle née Bernard (1902-1986), originaire de Dunkerque (Nord), était femme au foyer ; croyante, elle ne pratiquait pas en raison de l’opposition de son mari, mais obtint de faire baptiser ses cinq enfants, dont Louis était le troisième. La famille, domiciliée à Rives-sur-Fure (Isère), vivait dans un état de grande pauvreté jusqu’à son déménagement à Sinard (Isère) en 1950 où le père participa à la construction d’un barrage. Louis Donini alla à l’école primaire de Saint-Barthélémy-de-Séchilienne - tout en aidant un voisin à débarder du bois pendant les vacances scolaires - et obtint le certificat d’études primaires en 1950. Au cours des quatre années qui suivirent, il travailla par intermittence chez des voisins, agriculteurs ou bûcherons. Depuis l’âge de cinq ans, il souffrait d’un rhumatisme articulaire. Cette maladie, qu’il mit longtemps à pouvoir faire soigner correctement en raison de la situation matérielle de sa famille, fut à l’origine des nombreux et importants problèmes de santé qu’il devait connaître par la suite.
Grâce à l’intervention de son parrain, Louis Donini put suivre, pendant sept mois et demi, une formation de dessinateur dans un centre de FPA à Royat (Puy-de-Dôme) mais n’obtint pas le CAP. En septembre 1955, il partit à Saint-Étienne (Loire) où un ami lui avait trouvé du travail. Logé dans un foyer de jeune travailleur, il travailla comme dessinateur à l’atelier d’entretien du matériel de la Société générale d’entreprise jusqu’en juillet 1956, date à laquelle il s’installa à Annecy (Haute-Savoie) où il fut embauché, toujours comme dessinateur, au bureau d’études de l’entreprise de grues Pingon. Des cours du soir lui permirent alors d’obtenir le CAP de dessinateur en 1957.
Bien que n’ayant pas reçu d’éducation religieuse, Louis Donini éprouvait une grande attirance pour tout ce qui concernait la religion, écoutant les messes radiophoniques et se rendant à l’église aussi souvent qu’il le pouvait. Lors de son séjour à Royat, il avait assisté à la « Coupe de la Joie », une fête organisée par la JAC qui l’avait fortement impressionné. Arrivé à Saint-Étienne, il fit part à un vicaire de sa volonté de devenir jaciste, mais, compte tenu de son lieu de vie et de son activité professionnelle, celui-ci l’orienta plutôt vers la JOC. Suivant son conseil, Louis Donini y adhéra et, pendant les dix mois que dura son séjour stéphanois, milita intensément à la section jociste de Montaud. Dès son arrivée en Haute-Savoie, il poursuivit cet engagement, devint le responsable de la section du quartier Saint-Maurice à Annecy et intégra l’équipe de la fédération jociste de ce département. Il fut président fédéral environ un an plus tard.
Sollicité par Christian Rémond* pour devenir permanent de la JOC, il quitta son emploi chez Pingon et prit ses nouvelles fonctions en juillet 1958 au sein du secteur Sud-Ouest - dont l’équipe comprenait également Pierre Junyent* (responsable de secteur), Didier Viala* et Jean Wingering* - avec la responsabilité de quatre départements : Gers, Landes, Basses-Pyrénées [Pyrénées-Atlantiques] et Hautes-Pyrénées. En 1959, un problème au cœur le contraignit à être hospitalisé pendant trois mois et demi à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. À sa sortie, il fut affecté au secteur Sud-Est où il était chargé de suivre la Savoie et la Haute-Savoie. Parmi les autres membres qui composaient alors l’équipe de ce secteur, il y avait notamment Louis Rizzo* (responsable de secteur), André Robert* et Auguste Suc*. Il conserva cette fonction jusqu’à son départ du mouvement le 30 septembre 1963. Tout au long des cinq années où il fut permanent, il eut également la responsabilité nationale des malades, fonction dans laquelle il avait remplacé Jean Vérité*, et représenta la JOC au conseil d’administration de « Joie par la Santé » gérant la maison de repos et de convalescence de Fontenailles-Louestault (Indre-et-Loire) ; il y resta à titre personnel jusqu’en 1979.
Louis Donini se maria à La Baule (Loire-Atlantique) le 8 juillet 1966 avec Lucienne Daniel*, ouvrière stoppeuse originaire de Loire-Atlantique, ancienne permanente et secrétaire générale de la JOCF, et deux enfants allaient naître de cette union (Pascal en 1968 et Florent en 1971). Le couple vécut d’abord à Annecy, puis dans un logement HLM de Meythet (Haute-Savoie) à partir de 1967.
Après avoir quitté la JOC, Louis Donini avait connu trois mois de chômage sans indemnité, dont deux semaines passées au CFPA de Royat pour une remise à niveau. Il fut ensuite embauché à la nouvelle usine Dassault Aviation à Argonay (Haute-Savoie). Il y créa l’année suivante une section CFDT et, de cette date jusqu’en 1971, fut délégué du personnel. Il fut également, à la fin des années 1960, délégué syndical. Sur le plan national, il participa pendant trois ou quatre ans à la direction de la branche aéronautique de la Fédération générale de la Métallurgie (FGM-CFDT). Dans l’usine d’Argonay, où d’autres forces syndicales étaient pourtant présentes (CGT, CGT-FO, autonomes), la CFDT jouissait d’une position très dominante. Aux élections professionnelles de 1964, la totalité des élus du comité d’entreprise et tous les délégués du personnel (moins un) étaient CFDT ; il est intéressant de noter que les élections professionnelles de 2007 donnèrent les mêmes résultats.
En juin 1971, de très graves problèmes de santé obligèrent une nouvelle fois Louis Donini à interrompre ses activités. Il subit trois opérations du cœur (juin 1971, février 1972 et décembre 1972) à l’hôpital Broussais et ne reprit le travail qu’en juillet 1973, à mi-temps, cette fois comme préparateur (programmeur), tout en suivant parallèlement une formation. Il repassa ensuite à temps plein et continua à adhérer à la CFDT, mais sans y assumer de mandats électifs pour d’évidentes raisons de santé, mais aussi en raison de sa nouvelle charge de travail qui le passionnait autant qu’elle l’accaparait. Durant cette période, il fut toutefois très actif au cours de deux grèves victorieuses : celle des BTS en 1975 et celle des méthodes en 1982 au cours de laquelle les préparateurs firent grève pendant un mois pour obtenir le statut de cadres. En 1992, peu enthousiasmé par la perspective de devoir apprendre un nouveau système de programmation et toujours handicapé par sa santé, il fit l’objet d’un licenciement volontaire. En invalidité de 2e catégorie, il ne travailla plus jusqu’à son départ à la retraite en 1996. Entre-temps, en 1992, il avait bénéficié d’une greffe de cœur qui se traduisit par une amélioration très sensible de sa santé.
En 1977, Louis Donini avait commencé un engagement associatif. Il participa en effet à la création de l’Union départementale de la Confédération syndicale des familles (CSF) en collaboration avec la section d’Annemasse et présida la section de Meythet de 1977 à 1992. Responsable du secteur consommation et coresponsable du secteur logement, il siégea au conseil d’administration de l’OPAC pendant deux mandats, travailla avec la région et créa une autre section à La Roche-sur-Foron. Représentant, avec Georges Dupont, du Conseil syndical régional CSF de 1994 à 2004, il fut membre du secteur national logement CSF de 1995 à 2002. Il fut également président, en remplacement de son épouse, de l’association de gestion de la halte-garderie de son quartier de 1978 jusqu’à la municipalisation de cette dernière au début des années 1980.
Sur le plan politique, il adhéra au PSU de 1971 à 1974, mais avec moins de conviction que son épouse. Il n’adhéra plus à aucun parti par la suite, tout en étant clairement marqué à gauche. Le couple Donini fut membre de l’ACO de 1966 à 1974.
En 2008, Louis Donini et son épouse vivent à Bellecombe-en-Bauge (Savoie).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22838, notice DONINI Louis, Henri par Éric Belouet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 décembre 2019.

Par Éric Belouet

SOURCES : Arch. JOC (SG), fichier des anciens permanents. — Témoignage de l’intéressé, 18 mars 2008.

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