Par Gilles Joly
Né le 31 août 1939 à Cholet (Maine-et-Loire) ; monteur-câbleur ; militant JOC, syndicaliste CFTC puis CFDT, délégué du personnel à la SFR-CSF à Cholet ; secrétaire adjoint de l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire (1969-1971), secrétaire général de l’UD (1971-1976), secrétaire de l’Union régionale interprofessionnelle des Pays-de-la-Loire (1976-1984), membre du Bureau national CFDT (1976-1985) ; membre du Conseil économique et social régional (1973-2001), délégué général du CEREFI (1984-1998), président d’Envie-Anjou (2000-2010).
Louis Allard fut le troisième enfant d’une famille de six. Son père, Louis Allard (1907-1992) fut voyageur de commerce dans le textile puis employé aux écritures dans une entreprise de transport. Militant CFTC, il fut administrateur de la Sécurité Sociale, conseiller prud’homme, membre du bureau de l’Union locale CFTC de Cholet. La mère de Louis, Adrienne Himbert (1912-2008), fut dessinatrice dans le textile et obtint le titre de meilleure ouvrière de l’Anjou. Ses parents, catholiques pratiquants, furent membres du Mouvement populaire des familles (MPF), mouvement d’action catholique d’entraide à vocation familiale qui répondit pendant et après la guerre 1939-1945 aux problèmes de ravitaillement, de logement et de soutien aux familles déshéritées.
Louis fit sa scolarité à l’école catholique où il obtint son certificat d’études primaires. Recalé deux fois au BEPC, il entra à l’école d’apprentissage de la métallurgie choletaise, où il passa avec succès son CAP d’ajusteur. Militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) de 1955 à 1962, il fut membre de l’équipe fédérale JOC de Cholet. Il participa en tant que délégué des apprentis de son quartier au rassemblement mondial de la JOC à Rome en 1957.
Le 1° septembre 1957, Louis Allard fut embauché en qualité de monteur-câbleur à la Société française radio-électrique (SFR), grosse entreprise d’électronique de Cholet employant 2000 salariés. Il adhéra à la CFTC dès le jour de son embauche. Il effectua son service militaire d’août 1959 à novembre 1961 dans l’aviation, d’abord à Reims (Marne) puis à Lahr (Allemagne).
En 1962, il épousa Monique Danet, née le 10 octobre 1941 à La Séguinière (Maine-et-Loire), vendeuse dans un magasin de chaussures puis assistante maternelle, militante à la Confédération syndicale du cadre de vie (CSCV). Le couple a eu trois enfants : Jean-Louis né en 1965, Blandine en 1968, Bertrand en 1976.
Après son retour du service militaire, Louis Allard reprit son emploi à la SFR et fut élu délégué du personnel suppléant pendant un an et élu titulaire ensuite. Il suivit une formation syndicale par correspondance organisée par l’Institut confédéral de Bierville (Essonne), puis des formations organisées régionalement. En novembre 1964, il participa au congrès confédéral de l’évolution de la CFTC en CFDT. Il fut ensuite membre du secrétariat de la Métallurgie choletaise dans le cadre d’une équipe de coordination formée de trois responsables. Il fut également secrétaire-adjoint de la section syndicale et représentant syndical au comité d’entreprise à la SFR devenue Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF), puis Thomson-CSF en 1968 et enfin Thalès en 2000.
En 1969, il quitta l’entreprise Thomson pour devenir permanent syndical et fut jusqu’en 1971 secrétaire-adjoint de l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire, mais continua de vivre à Cholet. En 1971, il devint secrétaire général de l’UD CFDT en remplacement de Jean Monnier. Il vint alors avec sa famille habiter à Angers.
En 1972, il eut à mettre en œuvre la décision du conseil du l’Union départementale, à savoir la création du premier journal aux adhérents de toutes professions « CFDT ACTION ». Dans ce but, il suivit une formation de journaliste organisée par la CFDT. Le financement du journal était assuré par les abonnements de chaque section syndicale sur la base du nombre d’adhérents.
Louis Allard fut membre de la commission exécutive de l’Union départementale CFDT (1969-1976), de celle de l’Union régionale interprofessionnelle (URI) des Pays de la Loire (1969-1984), du conseil national confédéral (CNC) (1972-1984), de la commission confédérale d’organisation (CCO) et du Bureau national (BN) (1976-1984). Il contribua à l’élaboration de la charte financière adoptée au congrès confédéral de 1973 à Nantes (Loire-Atlantique). En mai 1974, lors du congrès de l’Union départementale, il présenta et fit adopter un rapport sur l’autogestion.
En 1976, Louis Allard devint secrétaire général de l’URI CFDT des Pays-de-la-Loire et membre du Bureau national, en remplacement de Gilbert Declercq. Le siège de l’URI se déplaça alors de Nantes à Angers. Durant son mandat qui dura jusqu’en 1984, il participa à trois congrès confédéraux dont celui de Brest en 1979 où fut validée la stratégie de re-syndicalisation, terme plus approprié que celui de « recentrage » souvent utilisé. Pour la CFDT régionale, il s’agissait d’abord ne pas subordonner l’action syndicale à des objectifs ou à des échéances politiques. C’est aussi à cette époque que la CFDT devint majoritaire aux élections professionnelles en Pays de la Loire.
En 1979, un autre moment important fut, pour Louis Allard, le voyage d’études effectué en Yougoslavie dans le cadre d’une délégation confédérale CFDT sur l’autogestion communale. En 1981, il conduisit une délégation CFDT régionale en Algérie afin d’établir des relations avec l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) de Tiaret. L’année 1984 vit la création de l’Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail (ARACT), à la suite de l’investissement important durant de nombreuses années de la CFDT régionale sur les conditions de travail.
De 1973 à 2001, Louis Allard siégea pour la CFDT au Conseil économique et social régional (CESR) dont il fut le secrétaire. Il y défendit de nombreux dossiers, notamment celui de la filière cuir. En 1992 il rédigea et fit adopter un rapport sur « l’avenir de l’horticulture en Pays- de-la-Loire » et en 1997, un autre sur « la politique des Pays ». En 1984, il fut désigné par le Premier Ministre en qualité d’enquêteur au titre du comité central d’enquête sur le coût et le rendement des services publics pour réaliser « l’évaluation du fonds régionalisé des initiatives locales pour l’emploi » dans les Pays de la Loire. Son mandat à l’URI CFDT se termina à l’été 1984 et Bernard Henry lui succéda comme secrétaire général.
De 1984 à 1998, Louis Allard fut le délégué général du Centre économique régional d’études, de formation et d’information (CEREFI), créé par la CFDT des Pays-de-la-Loire. Cet outil régional apporta une aide importante aux équipes syndicales, sur la base d’études et via une publication intitulée Repères. En 1985, le CEREFI mit en fiches pratiques les objectifs particuliers du premier contrat de plan Etat-Région pour la période 1983-1988. En 1986, le CEREFI publia en collaboration avec l’INSEE un « Panorama économique et social régional ». Il travailla surtout sur les initiatives locales pour l’emploi, les comités de bassin d’emplois, le développement local, les filières régionales.
Les Unions régionales CFDT du Grand Ouest (Basse Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes) travaillèrent ensemble sur le développement du Grand Ouest, Louis Allard fut chargé de coordonner leurs initiatives communes. Ainsi furent rédigés et publiés en 1991-1992 les « Cahiers du développement local en milieu rural dans l’Ouest ». Pour cela, une convention « Têtes de réseaux pour le développement local » fut conclue avec la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR). De même une étude pour la DATAR en 1995 permit la publication du bloc-notes « Pratiques et idées pour de nouveaux services au public dans l’Ouest ».
En 1994, Louis Allard fut nommé expert du groupe des Travailleurs à la section du développement régional, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme au Comité économique et social des Communautés Européennes sur « la planification régionale et stratégie du développement pour les régions côtières atlantiques ».
De 1995 à 1997, la dernière étude de Louis Allard fut consacrée, sur demande confédérale, à l’évaluation de l’action interprofessionnelle de la CFDT, intitulée du « dire au faire » dont l’objectif était d’identifier, auprès des structures interprofessionnelles CFDT (URI, UD, UL), le passage de la réflexion politique à la prise de décision et à la déclinaison opérationnelle dans le cadre des réunions décisionnelles.
Louis Allard partit en retraite en 1998. Il s’investit alors dans l’association Envie-Anjou dont le projet social était de lutter contre l’exclusion et la pauvreté par l’activité économique. Il en fut membre du conseil d’administration dès 1998 et président de 2000 à 2010.
De 1962 à 1969, Louis Allard fut membre de l’équipe de Cholet du Centre de culture ouvrière (CCO) devenu ensuite Culture et Liberté. Il adhéra au Parti socialiste (PS) de 1972 à 1990 et, conjointement à ses diverses responsabilités syndicales, il conserva son engagement commencé en 1962, avec son épouse, à l’Action catholique ouvrière (ACO). Il fut membre du bureau national de l’ACO de 1998 à 2002. Il participa en 2000 au congrès du Mouvement mondial des travailleurs chrétiens à Sao Paulo au Brésil. En 2014, il organisa la rencontre nationale de l’ACO à Angers. En 2018, il s’engagea à l’association France-Alzheimer Maine-et-Loire suite au décès de son épouse survenu le 17 juin 2017 et est membre de son conseil d’administration depuis 2019.
Par Gilles Joly
SOURCES : Arch. Dép. Maine-et-Loire : fonds de l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire. — Arch. Centre d’histoire du travail de Nantes (CHT) : fonds de l’Union régionale interprofessionnelle CFDT des Pays-de-la-Loire. — Arch. du CEREFI. — Archives personnelles de Louis Allard. — Entretien de Gilles Joly avec Louis Allard en 2018.