REIBOLD Edouard

Par Jean Belin

Né le 16 septembre 1863 dans le quartier du Neudorf à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le 9 juin 1923 à Saint-Étienne (Loire) ; ouvrier menuisier à Dijon puis à Saint-Étienne ; syndicaliste de Côte-d’Or et de la Loire ; militant socialiste ; coopérateur.

Fils de Jean Pierre Reibold, ouvrier maçon, et d’Anne Marguerite Fuchs, servante d’origine allemande, né hors des « liens sacrés du mariage », Edouard Reibold dut subir de nombreuses moqueries sur son statut d’enfant illégitime lors de la période de son enfance où ses parents étaient domiciliés en Alsace française. Après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire Allemand en 1871, les alsaciens qui furent considérés comme Allemand de facto, eurent la possibilité d’opter pour la nationalité française à condition de quitter le territoire annexé. Les parents d’Edouard Reibold décidèrent de rester dans leur région. En 1883, Il fut convoqué pour effectuer son service militaire dans les unités prussiennes. Refusant de servir dans l’armée allemande, il quitta sa famille et passa la frontière pour s’installer à Dijon (Côte-d’Or). Il obtint l’autorisation de résider en France en septembre 1887 et fut réintégrer en qualité de Français en janvier 1889. Il fut donc incorporé dans l’armée française en 1890, tout en étant de la classe de 1883.
Embauché comme ouvrier menuisier chez un artisan près de son domicile, au 15 rue du Mouton à Dijon, Edouard Reibold devint un militant syndical dans sa corporation. Il fut secrétaire général de la chambre syndicale des ouvriers menuisiers et professions similaires de Dijon en mars 1892. Le syndicat qui déclara 60 adhérents était affilié à la Fédération des chambres syndicales ouvrières de Dijon et de la Côte-d’Or fondée en avril 1890 et dont le siège était installé à l’Hôtel de ville, cour des pompes à Dijon. Le syndicat des menuisiers était parmi les syndicats qui furent à l’origine de la création de la Bourse du travail de Dijon en mars 1893. Edouard Reibold fut désigné pour représenter son syndicat au comité général de la Bourse du travail. Engagé politiquement, Edouard Reibold fut candidat aux élections municipales de 1892 à Dijon sur la liste socialiste conduite par Auguste Morin-Gacon, mais non élu. Il se maria à Brochon (Côte-d’Or) le 6 août 1889 avec Anne Marie Cluny, ouvrière en robes avec laquelle il eut trois enfants, dont un fils, Louis Charles, tué au cours de la 1e guerre mondiale le 12 octobre 1917 à Craonne (Aisne).
Il quitta Dijon et son foyer pour Saint-Rambert de l’Ile Barbe (Rhône) en 1903, puis pour Saint-Étienne où il était domicilié au 12 rue de l’Hôpital, siège d’une coopérative ouvrière, « l’ Alimentation Ouvrière ». Il devint membre du secrétariat de cette coopérative présidée par Jean-Baptiste Bayon et créée par les militants de la Bourse du travail de Saint-Étienne. En novembre 1905, il fut arrêté avec Pierre Salis, gérant de la coopérative, J-B Bayon et François Marcadier au restaurant de la coopérative ouvrière pour s’être opposé à l’arrestation de deux malfaiteurs présents dans le restaurant. Reibold et Salis passèrent en correctionnelle pour inculpation d’outrages et de rébellion envers des agents de la sûreté dans l’exercice de leur fonction et condamnés à huit jours de prison avec sursis. La presse stéphanoise indiqua que l’arrestation concerna « quatre individus anarchistes ». Salis et Bayon appartenaient bien à un mouvement anarchiste, mais rien ne dit pour autant que Edouard Reibold en fit partie, où du moins devait-il relever du courant de l’anarcho-syndicalisme et libertaire comme nombre de militants syndicalistes de l’époque. Toutefois et selon un rapport du commissaire de police du 6 avril 1915 adressé au préfet de la Loire, Edouard Reibold était l’objet d’une surveillance spéciale exercée sur les militants anarchistes. A cette date, ce rapport indiquait qu’il occupait un emploi d’ouvrier menuisier à la Manufacture Nationale d’Armes de Guerre depuis mars 1915.
En juin 1915, une association appelée L’appui Alsacien-Lorrain fut fondée à Saint-Étienne pour venir en aide aux Alsaciens et Lorrains qui fuirent leurs régions au cours de la guerre de 1870-1871 et se réfugier en terre stéphanoise. Ch. Lallemand, Préfet de la Loire était président d’honneur de cette société dont tous les membres actifs étaient originaires de l’Alsace et de la Lorraine. Parmi les membres du conseil de cette association, on y trouve des présidents de sociétés de secours mutuels, et Reibold membre du bureau dès l’assemblée constitutive de juin 1915. Cette association organisa entre autres des actions de solidarité et chaque année, une fête patriotique de l’arbre de Noël se tint à la Bourse du travail de Saint-Étienne. Peu de temps après son installation à Saint-Etienne, il vécut en concubinage avec Marie Bonnet avec laquelle il eut une fille, Henriette, née en 1907. Il était domicilié au 29 rue César Bertholon à Saint-Étienne lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228666, notice REIBOLD Edouard par Jean Belin, version mise en ligne le 2 juin 2020, dernière modification le 30 juillet 2021.

Par Jean Belin

SOURCES : Arch. Municipales de Dijon, sous-série 7F. — Arch. Dép. de la Côte-d’Or, état civil, fiche de recrutement militaire et recensement de la population. — La Loire Républicaine et le Mémorial de la Loire, édition du 29 novembre 1905. — Arch. Dép.de la Loire, statuts et déclaration de la société l’Appui Alsacien-Lorrain. — Renseignements fournis par son petit fils Marc Malosse en avril 2021.

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