DARDENNE François, Eugène, Edouard [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 14 novembre 1883 à Juilley (Manche), mort le 17 octobre 1917 à Paris (XVème arr.) ; typographe, imprimeur ; membre de la colonie libertaire d’Aiglemont (Ardennes).

Le 2 octobre 1902, François Dardenne était condamné par le tribunal correctionnel de la Seine à 15 jours de prison pour outrages aux agents.
Il était incorporé au 69e régiment d’infanterie à Toul à compter du 15 novembre 1904. Il était réformé temporairement le 12 décembre 1904, pour faiblesse générale et imminence de tuberculose. Le 4 novembre 1905, il était réformé définitivement par la commission spéciale de Paris, pour bronchite spécifique.

En janvier 1907, François Dardenne était secrétaire de la commission administrative de la Section fédérale des Jeunesses du Parti socialiste (SFIO). A l’époque, il demeurait 81 rue des Poissonniers à Paris (18ème arrondissement).
A la fin du mois de janvier il participait à la diffusion d’une affiche « Aux conscrits » à l’occasion du tirage au sort, pour dénoncer « la comédie grotesque du conseil de révision ». Les commandes des affiches étaient à adresser chez lui. Le contenu de l’affiche était clairement antimilitariste.
Au mois de mars 1907 sortait le premier numéro de l’Egalité, organe des Jeunesses socialistes. François Dardenne, rédacteur-gérant du journal, recevait les abonnements chez lui.
Au mois de mai 1907, des poursuites judiciaires étaient engagées contre l’affiche « Aux conscrits ».
Au début du mois de juin 1907, François Dardenne était arrêté et inculpé de provocation au meurtre, provocation de militaires à la désobéissance, outrages à l’armée. Il était poursuivi par 35 parquets.
Pendant son incarcération, l’intérim de l’administration du journal l’Egalité était assurée par M. Ducarnoy.
Dès la fin juin, l’Egalité reprenait sa publication, François Dardenne y publiait un article sur la propagande.
Mais le 31 juillet 1907, des divergences apparaissaient entre Dardenne et la 42e section du Parti socialiste : elle lui retirait le soin de faire paraître le numéro 5 de l’Egalité.
Dardenne répliquait et donnait son point de vue dans l’Humanité : « Contrairement à ce qu’il est dit, jamais la 42e section ne m’a retiré le soin de faire paraître le journal l’Egalité. La commission du journal, en sa dernière séance, m’a au contraire chargé de sa rédaction.
Les lecteurs de l’Egalité peuvent eux seuls juger si la ligne que nous avons suivie s’est modifiée.
Ce que nous tenons à déclarer, c’est que le journal n’est pas l’organe de quelques groupes de jeunesse, mais de tous les groupes de jeunesses socialistes révolutionnaires de France. »
Le 23 août 1907, Dardenne arrivait à la colonie d’Aiglemont et mettait ses compétences de typographe au service de l’imprimerie du journal. C’est probablement au même moment qu’un autre typographe répondait à l’appel lancé par le Cubilot, il s’agissait de Jean Salives.
Le n°34 du Cubilot du 22 septembre 1907, précisait que le journal était désormais imprimé à la colonie, avec cette mention : « Travail fait en camaraderie ».
Dans le n°35 du 6 octobre 1907, une mention était ajoutée, qui pouvait paraître anodine mais déclencha une polémique avec le Socialiste ardennais : « Travail fait en liberté et en camaraderie par des ouvriers syndiqués ». Le journal socialiste contesta que que ce soient des syndiqués qui imprimaient le Cubilot car aucun d’entre eux n’était adhérent à la Fédération du livre.
François Dardenne apporta un démenti à ces propos en se présentant à la rédaction du journal socialiste, muni de son livret syndical de la région parisienne. Mais André Renaux le rédacteur de l’article lui faisait remarquer que depuis son arrivée à Aiglemont, il n’avait pas donné signe de vie au syndicat de Charleville. Or comme typographe syndiqué, d’après les statuts fédéraux, lorsqu’un membre de la Fédération du livre quittait une section pour aller travailler dans une autre ville, il devait adhérer à celle de son nouveau domicile. André Renaux qui était adhérent au syndicat des typographes avait pris des renseignements auprès du comité syndical et il lui avait été répondu que les ouvriers du Cubilot n’avaient pas déposé de demande d’admission.
Après cette visite au Socialiste ardennais, François Dardenne régularisa sa situation auprès du syndicat typographique de Charleville.
Son arrivée à Aiglemont, ses démêlés avec le Parti socialiste parisien rendaient impossible la publication de l’Egalité qui ne paraissait pas durant le mois de septembre. Afin de donner plus d’ampleur à la propagande antimilitariste et antipatriotique, la fusion de l’Egalité et du Cubilot était décidée. La rédaction de l’Egalité lançait donc l’appel suivant : « Propagez le Cubilot ; faites-nous des abonnés ! »
Ce renfort apporté par Dardenne et son journal était aussi un piège pour le Cubilot, en accentuant à outrance la campagne antimilitariste, la répression allait s’abattre sur le journal.
Le 8 février 1908, la cour d’assises de la Seine le condamnait à 6 mois de prison avec sursis, pour avoir imprimé l’affiche « Aux conscrits ». Au cours du procès il refusa de donner le nom de celui qui avait écrit le texte.
Le 14 janvier 1915, le conseil de révision de la Seine le maintenait réformé, décision confirmée le 9 mai 1917.
François Dardenne se maria avec Irène, Emilie Jacob.
A la fin de sa vie, il demeurait avec son épouse 58 rue Letellier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228669, notice DARDENNE François, Eugène, Edouard [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 2 juin 2020, dernière modification le 2 juin 2020.

Par Dominique Petit

SOURCES : L’Humanité 11, 25 janvier, 11 février, 21 mars, 27 mai, 30 mai, 4 juin, 6 juin, 23 juin, 11 août, 27 août, 29 août 1907, 9 février 1908. — Le Libertaire 27 octobre 1907. — Le Socialiste ardennais 2 novembre 1907. — Archives de Paris. Registre matricule 2151.

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