échos d’histoire

« Celles et ceux »

Avec la parution de Terrains de jeux, terrains de luttes (Nicolas Kssis-Martov) le 4, et de Manifs et stations (Laurence De Cock, Mathilde Larrère) le 11, ce début juin 2020 marque les débuts de la collection « Celles et ceux », co-dirigée par Paul Boulland et Julien Lucchini aux Éditions de l’Atelier.

Le principe qui a présidé à la conception de la collection entre en complète résonance avec le dictionnaire Maitron et entend le prolonger. Il plonge ses racines dans les mêmes questionnements : qui sont celles et ceux qui font l’histoire ? Les « grands hommes » et les rares femmes qui figurent dans les manuels scolaires et à qui l’on érige des statues ? Ou plutôt la multitude de femmes et d’hommes qui, collectivement, ont fait bouger les lignes et transformé la société ?
Comme le dictionnaire, la collection « Celles et ceux » explore la richesse de ces vies engagées, le plus souvent méconnu-e-s, et dont les voix nous interrogent au présent. Dans chaque volume, les auteurs et autrices nous convient à là rencontre des milliers de biographies du Maitron.

Richement illustrés et volontairement grand public, les volumes de la collection permettront, nous l’espérons et nous le croyons, que des publics néophytes ou inhabituels découvrent les richesses du dictionnaire, que ce soit par le biais d’une thématique, d’un lieu ou même d’une période spécifique. Ainsi, le premier né de la collection se consacre à l’histoire méconnue du sport ouvrier et plus largement aux liens entre sport et mouvement ouvrier, sous la plume de Nicolas Kssis-Martov, historien et journaliste (Sport et Plein Air, So Foot). Le deuxième volume, signé par Laurence De Cock et Mathilde Larrère, explore le Paris populaire et militant, en partant du réseau du Métro pour proposer un antidote au roman national, autrement dit un « Maitronome » pour faire pièce au Métronome.

Convoquées et mobilisées à ce dessein, les biographies du dictionnaire permettent dans les deux cas de comprendre pour l’un que le sport n’a jamais été et ne sera jamais un espace apolitique mais au contraire un lieu de liberté et d’émancipation, pour l’autre combien les rues de la capitale ont été façonnées par les luttes passées et que l’on peut raviver leur souvenir au présent. Avec leurs propres sensibilités, leurs propres cheminements, les auteurs et autrices nous offrent un exemple saisissant sur ce qu’il est possible de faire avec, à partir, grâce , mais aussi sans doute pour le dictionnaire. D’abord parce que les auteurs et autrices de la collection construisent – et construiront – leurs récits en partant des biographies, et en les mettant en relief ; ensuite, parce qu’en proposant à des publics nouveaux des chemins balisés dans la forêt dense que constituent ces 200 000 notices, ils et elles y favoriseront et y faciliteront les promenades. D’autres volumes suivront, pour d’autres regards sur le Maitron. A chaque étape, se dessine un nouvel hommage au dictionnaire et à ses auteurs, et bien sûr aux milliers de vies militantes et engagées une fois de plus sauvés de l’oubli. Pouvons-nous formuler meilleurs vœux ?

Pour naviguer dans les biographies présentées dans les deux ouvrages, vous pouvez vous rendre sur les pages qui leurs sont dédiées :

- Nicolas Kssis-Martov, Terrains de jeux, terrains de luttes

- Laurence De Cock, Mathilde Larrère, Manifs et stations

« Celles et ceux »
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