FOUQUAT François (« François Favier », « Cisailles », « Fernand Fourmont », « Fournier », « Lieutenant André »)

Par Joël Drogland

Né le 17 juillet 1922 à Poullaouen (Finistère), exécuté sommairement le 15 juin 1944 à Crux-la-Ville (Nièvre) ; apprenti voilier-gréeur ; combattant FFL, saboteur du BCRA.

Fils de cultivateur, François Fouquat naquit le 17 juillet 1922 à Poullaouen dans le Finistère. Après le certificat d’études primaires, il passa son brevet et devint apprenti voilier-gréeur à l’arsenal de Brest. À 17 ans, le 20 juin 1940, refusant la défaite, il embarqua à Ouessant sur un chalutier belge, le Rascal, à destination de l’Angleterre où il s’engagea dans les Forces françaises libres, le 1er juillet 1940. Il suivit une instruction militaire au camp d’Aldershot, à la 2e Compagnie du Bataillon de chasseurs de Camberley.

Fin février 1941, il sortit 6e (sur 79) du cours de sous-officiers et fut envoyé à Brazzaville, où il arriva en mai 1941, comme instructeur au Bataillon du Pool. En août 1942, le sergent Fouquat fut affecté au Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) de la Colonne Leclerc. Affecté au 1er peloton de la 1re compagnie de découverte et de combat (1re DC), il participa aux campagnes du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie où il fut cité pour son sang-froid lors des combats de Ksar Rhilane.

Arrivé à Londres en juillet 1943, il fut affecté au Quartier général du général de Gaulle. Ce poste ne convenant pas à son tempérament actif, il fut affecté au Bureau central de Renseignements et d’Action (BCRA) et se porta rapidement volontaire pour une mission en France. Il suivit les cours de sabotage et de parachutisme en Angleterre. Avec le pseudonyme de « Cisailles » (les saboteurs du BCRA portant tous comme pseudonyme un nom d’outil), il fut désigné pour une mission de sabotage en France occupée.

Il fut parachuté dans l’Ain le 21 décembre 1943 comme agent P 3, chargé de mission de 2e classe, et rejoignit Pierre Briout (« Pelle ») et Marcel Suarès (« Fléau »), parachutés un mois auparavant, dans le cadre de la mission « Patchouli ». Leur mission consistait à neutraliser par des actions de sabotage les principales usines de roulements à billes et d’armement de la région parisienne, afin d’éviter aux Alliés de devoir recourir à des bombardements mettant en péril la population civile française. Fin janvier 1944, lors d’une attaque contre l’usine SKF d’Ivry, « Cisailles » fut blessé par la garnison allemande prévenue par un informateur. Remis de ses blessures, il intégra, avec les autres membres de la mission « Patchouli », l’équipe de saboteurs constituée par le Délégué militaire pour la zone Nord, André Rondenay. Commandée par Pierre Henneguier, cette équipe d’une trentaine d’hommes réussit, dans des conditions extrêmement périlleuses, d’impressionnants sabotages d’usines de février à mai 1944 : Timkem à Gennevilliers, Malicet & Blin à Aubervilliers, Rossi à Levallois, Bronzavia à Courbevoie, Renault à Billancourt, Hotchkiss à Clichy.

Le 6 juin 1944 au matin, François Fouquat faisait partie, avec ses camarades Suarès et Briout, de l’équipe d’André Rondenay qui avait reçu l’ordre de gagner une région de maquis et qui avait choisi de se rendre dans un maquis du Morvan, le maquis « Camille », installé près de Lormes (Nièvre). Il participa depuis cette base à l’exécution des plans de sabotage (Vert, Violet, Grenouille, Polygone) sur le réseau ferré (ligne PLM et lignes secondaires) et fluvial (canal de Bourgogne et canal du Nivernais), ainsi qu’à des réceptions de parachutages d’armes et de munitions. Le 12 juin, il prit part aux combats de Lormes. Selon le récit de « Camille », tout commença avec le départ en voiture de gendarmes de la brigade de Lormes qui voulaient rejoindre le maquis. Le brigadier, croyant à un « enlèvement », téléphona aux Allemands, environ 200, qui investirent la ville. Rondenay, Suarès, Briout, Fouquat et Grout de Beaufort (un officier d’opérations du BOA) montèrent une opération pour les libérer. Une cinquantaine de maquisards pénétrèrent dans la ville et leur action permit « de dégager les camarades et de tenir Lormes quatre heures à un contre huit. Quatre heures pendant lesquelles Jarry, Sudète et Pair, un FM sous le bras, deviendront les partisans acharnés, arrachant aux boches, couloir par couloir, le chemin de la place », selon le témoignage de Jean Longhi, l’un des deux chefs du maquis.

Dans la nuit du 14 au 15 juin, André Rondenay quitta le maquis avec Paul Bernard (« Camille ») et Jean Longhi (« Grandjean »), les chefs du maquis, Henneguier, Pierre Briout, François Fouquat et quelques maquisards, dans une voiture et deux camions. Ils partirent réceptionner un parachutage près de Saint-Saulge, à 70 km, parce que le maquis qui devait le faire en était empêché. Le trajet était donc anormalement long, mais rien de particulier ne se passa à l’aller. La récupération fut difficile car plusieurs des 24 containers s’étaient ouverts au sol. Au retour, vers 6h 30 du matin, à l’étang du Merle, entre Saint-Saulge et Crux-la-Ville, trois voitures allemandes barraient la route. De toute évidence, il s’agissait d’une embuscade préparée. Longhi, qui conduisait la voiture dans laquelle avait pris place Rondenay, accéléra, passa et s’engagea sous bois. Le camion qui le suivait fit de même. Le second camion bifurqua et s’engagea vers les étangs du Merle. Les Allemands descendirent de nombreux camions et ouvrirent le feu. François Fouquat, Pierre Briout et cinq autres maquisards furent tués, mutilés, achevés.

Inhumé au cimetière de Lambézellec à Brest, François Fouquat fut promu au grade de lieutenant à titre posthume. Il fut nommé Compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945. Il fut décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre (1939-1945), de la Médaille coloniale, de la Médaille des Services volontaires de la France libre. Il fut admis au sein du Distinguished Service Order britannique et nommé Chevalier du Nicham Iftikhar (ancien ordre honorifique tunisien). Malgré ses prestigieuses décorations, son nom ne figure pas sur le monument aux morts de Poullaouen, son village natal dans le Finistère. Il est inscrit sur la plaque commémorative des morts du maquis « Camille », à Plainefas, sur la commune de Saint-Martin-du-Puy (Nièvre), ainsi que sur la stèle à la mémoire des sept maquisards tués le 15 juin 1944 près des étangs du Merle, sur la commune de Crux-la-Ville (Nièvre).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228842, notice FOUQUAT François (« François Favier », « Cisailles », « Fernand Fourmont », « Fournier », « Lieutenant André ») par Joël Drogland, version mise en ligne le 6 juin 2020, dernière modification le 6 juin 2020.

Par Joël Drogland

SOURCES : "François Fouquat", Musée de l’Ordre de la Libération (notices biographiques des Compagnons de la Libération). — Joël Drogland, Des maquis du Morvan au piège de la Gestapo. André Rondenay, agent de la France libre, Vendémiaire, 2019. — Pierre Henneguier, Le Soufflet de forge, Éditions de la Pensée moderne, 1960. — Jean-Claude Martinet, Histoire de l’Occupation et de la Résistance dans la Nièvre, 1940-1944, éd. Delayance, La Charité-sur-Loire, 1987, nouvelle édition aux Éditions Universitaires de Dijon, 2015. — Marcel Vigreux (dir.), Le Morvan pendant la Seconde Guerre mondiale. Témoignages et récits, ARORM, 1998. — Mémorial GenWeb.

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