GEHIN Louis, Marie, Édouard

Par Jacques Defortescu

Né le 4 Novembre 1927 à Épinal (Vosges), mort le 23 juin 2013 à Rennes (Ille-et-Villaine) ; prêtre ouvrier, métallurgiste ; syndicaliste CGT, secrétaire général du syndicat de Renault Sandouville (Seine-Maritime) ; militant communiste (1977-1980).

Dernier né d’une fratrie de trois enfants, après un frère né en 1923 et une soeur née en 1925, Louis Gehin fut élevé dans un milieu catholique très pratiquant et traditionnel, très éloigné de la vie syndicale. Son père était membre de la direction commerciale de l’usine textile dont son grand-père était PDG, à Épinal. Scolarisé en école privé, au collège Saint-Joseph à Épinal, il rentra au Grand-Séminaire à Saint-Dié (Vosges) en 1937. Dans les années 1930, Louis Gehin participa aux activités des Scouts de France. Au moment du Front populaire, il fut très marqué, pendant les vacances qu’il passait chez son grand-père, par le contraste important entre le château de celui-ci et les cités ouvrières d’Épinal. Dès cette époque, s’il se sentait à l’aise dans l’église, il s’interrogeait toutefois sur le peuple ouvrier, conscient de mener avec sa famille une vie totalement différente. Durant la Seconde guerre mondiale, L’occupation allemande dans la « zone interdite » et le port de l’étoile jaune pour les juifs le marquèrent énormément.

Parti au service militaire à Metz (Moselle) en 1949, il fut jusqu’en 1950 instructeur radio. En 1952, la hiérarchie catholique limogea le père Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France et le séminaire de Pontigny (Yonne) fut fermé. Cela conduisit Louis Gehin à l’un de ses premiers désaccords majeurs avec l’Église. Pendant son séjour au Grand-Séminaire, il effectua un stage de la Mission de France à Saint-André-de-l’Eure (Eure), en 1953. En 1954, l’ultimatum de Rome, qui intimait aux prêtres ouvriers de quitter usines ou chantiers où ils travaillaient, d’abandonner syndicat et responsabilités pour rejoindre l’une ou l’autre des structures ecclésiastiques (paroisses, aumôneries, congrégations) surprit à nouveau Louis Gehin alors qu’il était encore au séminaire, générant débats et nuits blanches avec ses camarades sur son avenir.

Louis Gehin devint tout de même prêtre en août 1955 au diocèse de Saint-Dié, et fut envoyé en paroisse à Harfleur (Seine-inférieure, Seine-Maritime) jusqu’en septembre 1966. Il y retrouva entre autres Jean Cottin et Jo Lafontaine, tous deux animateurs de la Mission de France. Durant toute cette même période à Harfleur, il fut tour à tour à mi-temps charbonnier et livreur de fioul chez Bertin Rouler, puis chauffeur de camion grue à la STIC, chauffeur de camion-poubelles chez Basset, puis à partir de 1966, devint prêtre ouvrier sans responsabilité paroissiale à la Régie nationale des usines Renault (RNUR) à Sandouville, près du Havre (Seine-Maritime) comme soudo-braseur en chaîne ferrage, puis comme contrôleur automobile.

En octobre 1967, Louis Géhin adhéra à la CGT à la RNUR Sandouville et prit de premières responsabilités syndicales au Comité d’hygiène et de sécurité. Il devint alors « P’tit louis », surnom largement adopté par les 10 000 travailleurs de l’usine.

Louis Gehin participa aux grèves de 1968 en occupant avec ses camarades l’usine Renault de Sandouville pendant 33 jours. Après avoir été élu délégué du personnel en octobre 1968, Louis Gehin devint en 1969 secrétaire général du syndicat CGT de Renault Sandouville, responsabilité qu’il conserva jusqu’en 1982, tout en restant élu au comité d’entreprise. Dans le même temps, il fut également membre du bureau de l’Union des syndicats CGT de la Métallurgie de Seine-Maritime et du conseil syndical de l’Union locale CGT d’ Harfleur-Tancarville. En 1982, il devint magasinier d’atelier à la RNUR.

En octobre1984, dans la perspective des commémorations des vingt ans d’existence de l’usine de Renault Sandouville, Louis Gehin et Jean-Claude Poitou publièrent aux éditions La Découverte l’ouvrage Des voitures et des hommes, dans lequel ils reviennent sur vingt ans de luttes syndicales, à partir d’une centaine d’interviews recueillis auprès des salarié.e.s de l’usine.

En 1985, Louis Gehin partit en préretraite en contrat FNE et fin 1985 partit habiter à Rennes, où il participa au Mouvement de la paix et fut correspondant du journal Ouest -France.

En 1977, Louis Géhin avait adhéré au PCF en même temps que Claude Noël alors secrétaire du comité d’dntreprise. C’était la période du programme commun de gouvernement de la gauche. En désaccord avec le PCF, notamment du fait de sa position sur le syndicat Solidarnosc, Louis Gehin quitta le parti quelques années plus tard, rejoignant en 1980 le mouvement « Union dans les luttes ».

En 1995, Louis Gehin se maria à Françoise Heurtel.

Le 23 juin 2013 Louis Gehin décéda à Rennes, son inhumation eut lieu le 26 juin 2013 en l’église St Laurent à Rennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228872, notice GEHIN Louis, Marie, Édouard par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 7 juin 2020, dernière modification le 5 octobre 2021.

Par Jacques Defortescu

Photo du syndicat CGT Renault Sandouville publié à l’occasion des 20 ans de l’entreprise
2 juin 2007, Louis Gehin (avec le micro) à l’occasion de l’exposition consacré à l’histoire du syndicat CGT Renault Sandouville, à l’ UL Cgt d’ Harfleur/Tancarville (DR)

ŒUVRE : avec Jean-Claude Poitou, Des voitures et des hommes, les vingt ans de Renault Sandouville, Paris, La Découverte, 1984.

SOURCES : Charles Suaud, Nathalie Viet-Depaule, Prêtres et ouvriers, Paris, Karthala, 2004. — Louis Géhin, Jean-Claude Poitou, Des voitures et des hommes. les vingt ans de Renault Sandouville, Paris, La Découverte, 1984. — Renseignements recueillis par Marius Bastide et Nathalie Viet-Depaule. — Ouest-France. — Témoignage de Claude Noël.

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