Par Jean-Marie Guillon
Né le 30 août 1911 à Paris XIVe arr. (Seine), exécuté sommairement le 22 août 1944 à Montélimar (Drôme) ; ouvrier ajusteur à la SNCF, communiste, syndicaliste CGT ; résistant des Francs-tireurs et partisans (FTP), homologué Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (DIR).
Henri Brachet était le fils d’Auguste Brachet, ferblantier et de Céline Calvetti, repasseuse. Il effectua son service militaire en 1932/1933 au Pontet (Vaucluse) et se maria le 23 décembre 1933 dans cette ville avec Marcelle Camproux.
Il fut embauché à la Compagnie de chemin de fer du PLM le 30 juillet 1937 et fut commissionné le 24 août 1938.
Ouvrier ajusteur au dépôt SNCF d’Avignon (Vaucluse), militant communiste et syndicaliste, domicilié avec son épouse et leurs trois enfants dans le quartier Panisset au Pontet, Henri Brachet faisait partie du groupe des cheminots FTP. Il participa au spectaculaire attentat par explosif qui eut lieu dans la Rotonde d’Avignon dans la nuit du 19 au 20 février 1944. Les bombes, qui explosèrent à partir de 18 heures 45 jusqu’au petit matin, avaient été déposées dans les cylindres des locomotives ou dans les foyers. Au total, dix sept locomotives de rapides et trois de train de marchandises furent sérieusement endommagées. Deux manœuvres - Maurice Wolf etAlbert Brès -, furent tués en enlevant sous la contrainte les bombes non explosées. La police allemande d’Avignon arrêta dix cheminots le 24 février parmi ceux qui travaillaient le jour de l’attentat. Plus d’une centaine de perquisitions suivirent. Plusieurs protestations, des pressions diverses, y compris ouvrières, permirent la libération progressive des cheminots arrêtés, mais l’enquête du Sipo-SD continua et de nouvelles arrestations eurent lieu entre le 9 et le 22 mai, dont celle d’Henri Brachet le 9 mai. Dix cheminots furent emprisonnés d’abord à Avignon, à la prison Sainte-Anne, puis à Marseille (Bouches-du-Rhône), aux Baumettes. Quatre d’entre eux, Jean Arnaud, Henri Brachet, Jean Peyronnel et Louis Bruhat, furent sommairement jugés par un tribunal militaire aux Grandes Baumettes, le 13 août, à la veille du débarquement en Méditerranée. Selon Daniel Bénédite, les quatre cheminots eurent une attitude admirable en reconnaissant tous appartenir aux FTP et avoir commis ce dont on les accusait. Ils furent condamnés à mort et firent partie du convoi de condamnés que les Allemands firent partir de Marseille après avoir libéré les autres prisonniers le 16 août. Les vingt-quatre prisonniers, qui avait été conduits à la gare Saint-Charles à pied, furent mis dans un convoi qui, par suite des coupures de la voie ferrée, arriva à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le 21 et parvint, via Avignon, à Montélimar le 22. L’avance rapide des troupes de Libération incita les Allemands à se débarrasser de leurs prisonniers.
Henri Brachet obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant, membre des Forces frnaçaises de l’Intérieur, et interné résistant (DIR).
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 17 décembre 1968 paru au JO du 17 janvier 1969.
Des obsèques solennelles furent organisées à Avignon le 20 août 1946 pour Jean Arnaud, Henri Brachet et Louis Bruhat. Leurs noms ainsi que celui de Jean Peyronnel et de plusieurs autres cheminots résistants exécutés dans d’autres circonstances ou morts en camp de concentration furent donnés un mois plus tard aux rues et places du quartier des Rotondes en cours de reconstruction (délibération du conseil municipal du 25 septembre 1946). Ils figurent aussi sur la stèle aux « morts de la Résistance » inaugurée à l’entrée du dépôt le 15 septembre précédent et sur la plaque érigée par la CGT à la mémoire « du groupe FTPF des cheminots d’Avignon, victimes du fascisme » dans le club des cheminots qui se trouvait face au dépôt.
Son nom figure également sur le monument au mort du Pontet, sur la plaque commémorative de la mairie, à Avignon, et sur le monument aux morts 1939-1945, devant la gare Saint-Charles, à Marseille.
Par Jean-Marie Guillon
SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 32521 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 86979. — Arch. Dép. Drôme, 132 J 25. — Arch. dép. Rhône 3808 W 36 (fonds du service de recherche des crimes de guerre). — Daniel Bénédite, Un chemin vers la liberté sous l’Occupation. De Varian Fry au débarquement en Méditerranée. Marseille-Provence 1940-1944, Paris, Éditions du Félin, 2017. — Robert Mencherini dir., Cheminots en Provence. Les années de guerre 1939-1945, Marseille, CE des cheminots PACA éditions, 2012. — Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — État civil.