ARNAUD Jean, Joseph

Par Jean-Marie Guillon

Né le 13 août 1909 à Avignon (Vaucluse), exécuté le 22 août 1944 à Montélimar (Drôme) ; chauffeur de route à la SNCF, communiste, syndicaliste CGT ; résistant des Francs-tireurs et partisans (FTP), homologué Résistance intérieure française (RIF) et interné résistant (DIR).

Jean, Joseph Arnaud était le fils de Bernard Arnaud, garçon d’hôtel, et de Marie, Joséphine, Élisabeth Adam, son épouse. Il naquit 6 rue Collège-du-Roure à Avignon (Vaucluse).
Il épousa Jeanne, Marie, Pauline Mathieu le 15 octobre 1929 à Malaucène (Vaucluse).
Ce cheminot, père de trois enfants, militant communiste et CGT, faisait partie du groupe des cheminots FTP. Il participa au spectaculaire attentat par explosifs qui eut lieu dans la Rotonde d’Avignon dans la nuit du 19 au 20 février 1944. Les bombes, qui explosèrent à partir de 18 heures 45 jusqu’au petit matin, avaient été déposées dans les cylindres des locomotives ou dans les foyers. Au total, dix-sept locomotives de rapides et trois de train de marchandises furent sérieusement endommagées. Deux manœuvres - Maurice Wolff et Albert Brès -, furent tués en enlevant sous la contrainte les bombes non explosées. La police allemande d’Avignon arrêta dix cheminots le 24 février parmi ceux qui travaillaient le jour de l’attentat. Plus d’une centaine de perquisitions suivirent. Plusieurs protestations, des pressions diverses, y compris ouvrières, permirent la libération progressive des cheminots arrêtés, mais l’enquête du Sipo-SD continua et de nouvelles arrestations eurent lieu à partir du 9 mai. Jean Arnaud fut le dernier interpelé le 22. Dix cheminots furent emprisonnés d’abord à Avignon, à la prison Sainte-Anne, puis à Marseille (Bouches-du-Rhône), aux Baumettes. Quatre d’entre eux, Jean Arnaud, Henri Brachet, Jean Peyronel et Louis Bruhat, furent sommairement jugés par un tribunal militaire aux Grandes Baumettes, le 13 août, à la veille du débarquement en Méditerranée. Selon Daniel Bénédite, les quatre cheminots eurent une attitude admirable en reconnaissant tous appartenir aux FTP et avoir commis ce dont on les accusait. Ils furent condamnés à mort et firent partie du convoi de condamnés que les Allemands firent partir de Marseille après avoir libéré les autres prisonniers le 16 août. Les vingt-quatre prisonniers, qui avait été conduits à la gare Saint-Charles à pied, furent mis dans un convoi qui, par suite des coupures de la voie ferrée, arriva à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le 21 et parvint, via Avignon, à Montélimar le 22. Des prisonniers furent libérés en cours de route, un était parvenu à s’échapper au Pontet (Vaucluse) et deux femmes avaient été laissées à la prison d’Avignon. Les dix prisonniers restants furent exécutés à Montélimar, quartier des Meyères, avec sept autres personnes à une date incertaine, qui varie selon les sources et selon les membres de ce groupe entre le 20 et le 25 août. La date du 22 août paraît la plus plausible, mais l’acte de naissance porte en mention marginale la date du 25 août 1944.
Jean Arnaud obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant, membre de la Résistance intérieure française (RIF), et interné résistant (DIR).
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 18 mars 1970 paru au JO du 12 mai 1970.
Des obsèques solennelles furent organisées à Avignon le 20 août 1946 pour Jean Arnaud, Henri Brachet et Louis Bruhat. Leurs noms ainsi que celui de Jean Peyronnel et de plusieurs autres cheminots résistants exécutés dans d’autres circonstances ou morts en camp de concentration furent donnés un mois plus tard aux rues et places du quartier des Rotondes en cours de reconstruction (délibération du conseil municipal du 25 septembre 1946). Ils figurent aussi sur la stèle aux « morts de la Résistance » inaugurée à l’entrée du dépôt le 15 septembre précédent et sur la plaque érigée par la CGT à la mémoire « du groupe FTPF des cheminots d’Avignon, victimes du fascisme » dans le club des cheminots qui se trouvait face au dépôt.
Son nom figure également sur la plaque commémorative de la mairie, à Avignon, et sur le monument aux morts de la SNCF 1939-1945, devant la gare Saint-Charles, à Marseille.


Voir : Montélimar, 22-24 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228880, notice ARNAUD Jean, Joseph par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 19 juin 2020, dernière modification le 14 novembre 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : AVCC, Caen, 21 P 9117 (nc) et AC 21 P 625408 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 17597 (nc). — Arch. Dép. Drôme, 132 J 25. — Arch. Dép. Rhône, 3808 W 36 (fonds du service de recherche des crimes de guerre). — Daniel Bénédite, Un chemin vers la liberté sous l’Occupation. De Varian Fry au débarquement en Méditerranée. Marseille-Provence 1940-1944, Paris, Éditions du Félin, 2017. — Robert Mencherini dir., Cheminots en Provence. Les années de guerre 1939-1945, Marseille, CE des cheminots PACA éditions, 2012, p. 75-101-158. — Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — État civil, acte de naissance n°537.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable