PEYRONEL dit PEYRONNEL Jean, Louis, Daniel

Par Jean-Marie Guillon, Robert Serre

Né le 20 mars 1914 à Savasse (Drôme), exécuté le 22 août 1944 à Montélimar (Drôme) ; ouvrier ajusteur à la SNCF, syndicaliste CGT ; résistant des Francs-tireurs et partisans (FTP), homologué Résistance intérieure française (RIF) et interné résistant (DIR).

Le nom de Jean Peyronel est généralement orthographié avec deux n alors que dans son acte de naissance il n’en porte qu’un. Il était le fils de Daniel Peyronel, cultivateur, et d’Augustine Silvestre, ménagère. Il s’était marié à Montélimar le 26 mars 1935 avec Angèle Mathon et était père de trois enfants. Aide ouvrier ajusteur au dépôt SNCF d’Avignon (Vaucluse), il faisait partie du groupe des cheminots FTP. Il participa au spectaculaire attentat par explosif qui eut lieu dans la Rotonde d’Avignon dans la nuit du 19 au 20 février 1944. Les bombes, qui explosèrent à partir de 18 heures 45 jusqu’au petit matin, avaient été déposées dans les cylindres des locomotives ou dans les foyers. Au total, dix-sept locomotives de rapides et trois de train de marchandises furent sérieusement endommagées. Deux manœuvres - Maurice Wolff et Albert Brès -, furent tués en enlevant sous la contrainte les bombes non explosées. La police allemande d’Avignon arrêta dix cheminots le 24 février parmi ceux qui travaillaient le jour de l’attentat. Plus d’une centaine de perquisitions suivirent. Plusieurs protestations, des pressions diverses, y compris ouvrières, permirent la libération progressive des cheminots arrêtés, mais l’enquête du Sipo-SD continua et de nouvelles arrestations, dont celle de Jean Peyronel, eurent lieu entre le 9 et le 22 mai. Dix cheminots furent emprisonnés d’abord à Avignon, à la prison Sainte-Anne, puis à Marseille (Bouches-du-Rhône), aux Baumettes. Quatre d’entre eux, Jean Arnaud, Henri Brachet, Jean Peyronnel et Louis Bruhat, furent sommairement jugés par un tribunal militaire aux Grandes Baumettes, le 13 août, à la veille du débarquement en Méditerranée. Selon Daniel Bénédite, les quatre cheminots eurent une attitude admirable en reconnaissant tous appartenir aux FTP et avoir commis ce dont on les accusait. Ils furent condamnés à mort et firent partie du convoi de condamnés que les Allemands firent partir de Marseille après avoir libéré les autres prisonniers le 16 août. Les vingt-quatre prisonniers, qui avait été conduits à la gare à pied, furent mis dans un convoi qui, par suite des coupures de la voie ferrée, arriva à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le 21 et parvint, via Avignon, à Montélimar le 22. Des prisonniers furent libérés en cours de route, un était parvenu à s’échapper au Pontet (Vaucluse) et deux femmes avaient été laissées à la prison d’Avignon. Les dix prisonniers restants furent exécutés à Montélimar, quartier des Meyères, avec sept autres personnes à une date incertaine, qui varie selon les sources et selon les membres de ce groupe entre le 20 et le 25 août. La date du 22 août paraît la plus plausible, bien que le dossier de reconnaissance de Jean Peyronel donne le 16 août et son acte de naissance note par erreur qu’il est mort à cette date à Avignon.
Jean Peyronel obtint la mention « Mort pour la France » le 15 janvier 1948 et fut homologué résistant, membre de la Résistance intérieure française (RIF), et interné résistant (DIR).
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 3 février 1960.
Son nom et celui de ses trois camarades, ainsi que celui de plusieurs autres cheminots résistants exécutés dans d’autres circonstances ou morts en camp de concentration furent donnés par délibération du conseil municipal du 25 septembre 1946 aux rues et places du quartier des Rotondes en cours de reconstruction. Ils figurent aussi sur la stèle aux « morts de la Résistance » inaugurée à l’entrée du dépôt le 15 septembre précédent et sur la plaque érigée par la CGT à la mémoire « du groupe FTPF des cheminots d’Avignon, victimes du fascisme » dans le club des cheminots qui se trouvait face au dépôt.
Son nom figure également sur le monument aux morts, à Savasse (Drôme), sur la plaque commémorative de la mairie, à Avignon (Vaucluse), sur le monument commémoratif départemental à Mirmande-Saulce-sur-Rhône (Drôme) et sur le monument aux morts 1939-1945, devant la gare Saint-Charles, à Marseille.
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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228881, notice PEYRONEL dit PEYRONNEL Jean, Louis, Daniel par Jean-Marie Guillon, Robert Serre, version mise en ligne le 19 juin 2020, dernière modification le 10 novembre 2022.

Par Jean-Marie Guillon, Robert Serre

SOURCES : AVCC, Caen, 21 P 34827 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 473349 (nc). — Arch. Dép. Drôme, 132 J 25. — Arch. dép. Rhône 3808 W 36 (fonds du service de recherche des crimes de guerre). — Daniel Bénédite, Un chemin vers la liberté sous l’Occupation. De Varian Fry au débarquement en Méditerranée. Marseille-Provence 1940-1944, Paris, Éditions du Félin, 2017. — Robert Mencherini dir., Cheminots en Provence. Les années de guerre 1939-1945, Marseille, CE des cheminots PACA éditions, 2012, p. 75-101-158. — Mémorial GenWeb. — Mémoire des hommes — État civil.

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