LAMBION Robert, Joseph.

Par Rik Hemmerijckx

Seraing (pr. et arr. Liège), 25 septembre 1914 – Seraing, 26 août 1983. Ouvrier métallurgiste, militant communiste puis socialiste, permanent syndical, secrétaire général puis président de la Fédération liégeoise des métallurgistes, militant wallon, directeur général de La Wallonie, directeur de la Fondation André Renard.

Robert Lambion grandit dans une famille communiste de Seraing, commune située dans la banlieue industrielle de Liège. Enfant du « quartier des baraquements », il n’aurait pas terminé ses études primaires. À l’âge de quinze ans, il est engagé comme ouvrier dans une entreprise de montage. Lors de la grande crise, il connaît le chômage pendant trois ans, entrecoupé d’embauches dans diverses entreprises. En 1932, il entre à la Société sidérurgique et charbonnière Cockerill-Sambre où il reste jusqu’en 1939. Cette période est uniquement interrompue par son service militaire. Pendant ces années, il n’occupe aucune responsabilité au sein du mouvement syndical. Membre du Parti communiste de Belgique (PCB), il adopte plutôt une attitude oppositionnelle.

Sous l’Occupation allemande, de 1940 à 1944, Robert Lambion joue un rôle dans la résistance syndicale de la région liégeoise. Après la mobilisation, il retourne travailler à Cockerill. Le 10 mai 1941, la grève des 100.000 éclate, mettant en avant les difficultés de ravitaillement et ayant pour principale revendication une augmentation salariale. Lambion s’y manifeste comme un des porte-paroles des ouvriers grévistes. En suivant les mots d’ordre communistes, il y met sur pied un comité de lutte syndicale (CLS). Lors de l’été 1943, après les grèves contre les déportations, les CLS de la métallurgie liégeoise s’unifient avec le mouvement des délégués, dirigé par André Renard, ce qui préfigure le Mouvement syndical unifié (MSU) fondé en 1944. En participant au MSU, Lambion s’éloigne du Parti communiste. Après la guerre, il finit par adhérer au Parti socialiste belge (PSB). En avril 1948, la Fédération liégeoise du PCB annonce son exclusion de ses rangs.

À partir de mai 1945, Robert Lambion devient un des permanents de la Fédération des métallurgistes de la province de Liège. Durant deux ans, il est le responsable des secteurs de la sidérurgie et les non-ferreux. En 1946, il succède à Raymond Latin comme secrétaire général de la Fédération des métallurgistes. Comme dirigeant syndical, il vit toutes les grandes grèves de l’après-guerre dans la région liégeoise : la grève de 1948, la grève générale de juillet 1950 lors de la Question royale, la grève de 1957 pour le double pécule de vacances, sans oublier celle de l’hiver 1960-1961 contre la « loi unique ». Fin 1956, il figure parmi les fondateurs de La Gauche, l’hebdomadaire de la gauche socialiste.

Robert Lambion s’affirme comme un des dirigeants de la grève générale de 1960-1961, aux côtés d’André Renard. En mars 1961, suite au tournant régionaliste et fédéraliste des syndicalistes wallons, il participe à la fondation du Mouvement populaire wallon (MPW).
À la mort d’André Renard en juillet 1962, Robert Lambion est un des héritiers de son pouvoir syndical. Ainsi il se présente de toute évidence comme l’homme fort du mouvement syndical liégeois. Président de la Fédération des métallurgistes de la province de Liège, il est en même temps directeur général du journal La Wallonie de 1962 à 1968. Ses éditoriaux évoquent régulièrement un de ses soucis permanents : le déclin économique de la Wallonie. En 1963, il est un des cofondateurs de la Fondation André Renard, le bureau d’études et de formation des syndicalistes liégeois, dont il devient le premier directeur.

Bien qu’il soit l’instigateur du départ des métallurgistes liégeois de l’Action commune socialiste début 1964, Robert Lambion se lance dans un processus de réunification du mouvement syndical, d’abord au niveau des fédérations wallonnes et puis au niveau national. Président de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) de la régionale de Liège-Huy-Waremme (pr. Liège) depuis 1965, il devient le premier président de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, créée en 1967. Consolidant ses positions liégeoises, il est nommé en 1968 président de la Fédération des Mutualités socialistes et syndicales, ainsi que président des Fonds et Services sociaux.
Robert cumule de nombreux mandants. C’est pourquoi il renonce en 1971 à la présidence de la régionale FGTB de Liège-Huy-Waremme, à celle de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, ainsi qu’à son mandat au Bureau national de la FGTB pour se concentrer sur la présidence de la Fédération des métallurgistes de la province de Liège. Au cours de ces années, il est confronté à une base syndicale assez combative qu’il parvient difficilement à maîtriser. En 1973, lors d’une grève non autorisée, il suspend sept délégués de Cockerill de leur mandat.

En 1976, Robert Lambion, âgé de soixante-deux ans, met un terme à ces derniers mandats et fonctions. Il meurt en 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229023, notice LAMBION Robert, Joseph. par Rik Hemmerijckx, version mise en ligne le 8 juin 2020, dernière modification le 20 août 2020.

Par Rik Hemmerijckx

SOURCES : Archives générales du Royaume, service Archives des Victimes de la Guerre, dossier de reconnaissance nationale au statut de résistant civil établi au nom de LAMBION Robert, né le 25/09/1914 (AGR-AVG-RC 744412/36246) – Liège, Fondation André Renard, dossier Robert Lambion, archives de la Fédération des métallurgistes de la province de Liège, archives de la résistance syndicale – Interview de Robert Lambion réalisée à Seraing, 1982 – « La grève de septembre-octobre 1973 chez Cockerill », Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 656, 1974 – MOREAU R., Combat syndical et conscience wallonne. Du syndicalisme clandestin au Mouvement populaire wallon (1943-1963), Liège-Bruxelles-Mont-sur-Marchienne, 1984, 357 p. – HEMMERIJCKX R., Le Mouvement syndical unifié et la naissance du renardisme, Bruxelles, 1986. p. 19-40 – DANS A., Faits et Anecdotes, 1945-1980, Bruxelles, 1987, p. 258-259 – HEMMERIJCKX R., « Lambion Robert », dans Nouvelle biographie nationale de Belgique, vol. 6, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2001, p. 216-218 – HEMMERIJCKX R., Van Verzet tot Koude oorlog : machtsstrijd om het ABVV (1940-1949), Brussel-Gent, VUBPress/AMSAB, 2003, p. 88-325 – Rouge Métal. 100 ans d’histoire des métallos liégeois de la FGTB, Liège, IHOES-FGTB Métal Liège-Luxembourg, 2006, p. 99-160 – TILLY P., André Renard, Bruxelles-Liège, Le Cri Biographie/FAR, 2005, p. 161-651.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable