DOUDELEZ Valentine, Flore, Marie

Par Alain Dalançon

Née le 20 septembre 1897 à Faches-Thumesnil (Nord), morte le 12 avril 1977 à Lille (Nord) ; professeure d’histoire-géographie ; militante syndicaliste "cégétiste" du Syndicat national des professeurs de lycée et du personnel féminin de l’enseignement secondaire, du SPES, puis du SNES ; membre du CESD ; militante de « Jeune République » dans le Nord.

Son père, Gustave, Narcisse Doudelez (1860-1937), était bibliothécaire lors de sa naissance, puis professeur d’histoire-géographie au collège de Cambrai (Nord) ; sa mère Jeanne, Marie Hornain, n’avait pas de profession.

Valentine Doudelez effectua des études supérieures d’histoire-géographie à la faculté des lettres de Lille. Répétitrice à Arras (Pas-de-Calais), elle fut mutée à Roubaix (Nord) à la rentrée 1928. Elle exerça ensuite comme professeure licenciée de lettres-histoire, au collège de jeunes filles de Béthune (Nord) à partir de 1933, puis au collège classique de jeunes filles de Tourcoing (Nord) à partir de 1937, et devint, après la guerre, certifiée d’histoire-géographie dans le même établissement, où elle prit sa retraite en 1961.

Elle commença à militer au Syndicat des professeurs adjoints, répétiteurs et répétitrices des collèges de France et des colonies affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT. Elle était très active dans la section académique (S2) aux cotés de Guy Mollet et fit adopter un cahier de revendications en 1929, demandant notamment la fin de la distinction dans sa catégorie entre enseignants et surveillants, revendication qu’elle fit prendre en compte par le syndicat national et qu’elle fut mandatée pour le défendre auprès du Syndicat national des professeurs de lycée et du personnel de l’enseignement secondaire féminin, connu sous le nom de S3.

Devenue professeure de collège, elle milita au S3 parmi les « cégétistes » et fut élue confortablement (416 voix sur 470 votants) membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1934, représentant les professeures de lettres des collèges communaux et cours secondaires féminins. Mais elle fut battue aux élections suivantes en mai 1937 par la candidate du S3. En effet, elle avait suivi les « cégétistes » du S3 dans leur scission après le nouvel échec de l’adhésion à la confédération et elle participa à la constitution du nouveau Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT, dont elle devint membre de la commission exécutive constitutive.

Elle militait également activement à la Société des professeurs d’histoire-géographie et appartenait à la Société de géographie de Lille.

À la Libération, Valentine Doudelez participa à la création du Syndicat national de l’enseignement secondaire et siégea à sa commission exécutive en 1945 au titre des départements. Elle siégeait aussi à la commission administrative de la section académique de Lille. Elle fut élue membre du Conseil de l’enseignement de second degré (licenciées littéraires) en juin 1946 et membre du Conseil supérieur de l’Éducation nationale.

Avec Charles Lecompt elle rédigea en 1946 un projet de programme d’histoire-géographie adaptable au découpage en deux cycles dans le second degré, conforme aux idées des membres de la commission Langevin-Wallon. Ce projet fut publié dans le Bulletin de la Société des professeurs d’Histoire-Géographie à côté de projets concurrents réalisés notamment par Robert Schnerb, tous fondés sur l’idée d’un cycle unique. Mais lors de la première réunion du Conseil de l’enseignement du second degré, elle contesta le projet de Gustave Monod visant à confier les enseignements de 6e et de 5e à des non-spécialistes : « elle s’attacha à démontrer que l’histoire est enseignée suivant des méthodes particulières et que par un non spécialiste, elle ne saurait être que dénaturée. » Elle illustrait ainsi l’interprétation du SNES du projet Langevin-Wallon au sujet de la formation des maîtres.

Valentine Doudelez militait par ailleurs à « Jeune république », dont les rangs s’étaient éclaircis à la Libération, et dont elle était l’une des trois responsables dans le Nord, ce qui expliquait sa proximité avec Maurice Lacroix.

Dans le débat sur le choix d’affiliation du SNES et de la FEN, après la scission de la CGT, elle signa un article dans L’Université syndicaliste de février 1948, titré « Politique et syndicalisme », dans lequel elle écrivait : « En tant que syndicaliste, j’ai toujours estimé nécessaire :
La lutte contre le régime capitaliste,
Le refus de laisser utiliser le syndicat à des fins proprement politiques,
L’effort vers l’unité et la solidarité syndicales [...] La moins mauvaise solution paraît être celle qui grouperait le plus grand nombre de syndiqués, majoritaires et minoritaires, et continuerait ainsi à permettre les confrontations, voire les heurts entre membres de notre profession, de façon à aboutir à des positions nettes de l’ensemble des enseignants, la Fédération d’industrie paraissant être la base la moins discutable du syndicalisme. Si la majorité se refuse absolument à demeurer à la CGT. – comme il semble – la solution serait alors celle du syndicat autonome [...] »

Elle fut élue à la commission administrative nationale du SNES (classique et moderne) sur la liste des « autonomes », de mars 1948 à 1952, et continua de siéger à la CA académique.

En mars 1948, aux premières élections aux commissions paritaires, elle fut élue suppléante à la CAPN des professeurs licenciés et certifiés, puis fut réélue titulaire au CESD aux élections de 1950 et de 1954.

La retraite venue, elle milita au Groupement des retraités de l’enseignement secondaire.

Elle habitait rue des Carliers à Tourcoing.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22904, notice DOUDELEZ Valentine, Flore, Marie par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 30 septembre 2022.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. IRHSES (Le professeur adjoint, SPES, SNES). — Arch. Dép. Nord, 88 J, fonds de Gustave et de Valentine Doudelez. — Jean Chappet, La Jeune République à Halluin et dans le Nord. Du Sillon à la Jeune République, mai 2003. — Témoignage de Fernand Matton. — Vincent Geitner, Les professeurs et l’enseignement de l’Histoire : Un consensus impossible, des marges de manœuvre aléatoires. (De la Libération à nos jours), Thèse, Lyon 2, 2015.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable