Alièze (Jura) 8 mars 1944

Par Jean-Louis Ponnavoy

Dix maquisards du groupe Jacques furent massacrés à la ferme des Rippes d’Alièze par les Allemands.

Le service-maquis départemental des Mouvements Unis de Résistance (MUR) avait mis en place le "groupe Jacques" commandé par Philippe Francis, alias "Jacques" avec pour mission de procéder à des coups de mains et à ravitailler les maquis.
Le groupe s’installa dans une ferme inoccupée aux Rippes d’Alièze, dans le canton d’Orgelet (Jura) dont la propriétaire, Madame Vuillet sera déportée avec son fils. Le 7 mars 1944 au matin avec leur chef "Jacques", quatre membres du groupe descendirent à Lons-le-Saunier en voiture. Vers vingt heures, repérés et peut-être dénoncés, il furent assaillis par la milice et fait prisonniers. Seul leur chef réussit à s’enfuir en abattant un des assaillants mais sans pouvoir rejoindre la ferme. Les quatre autres furent interrogés et torturés. Leur chef revint vers 20h30 sur les lieux mais ne trouva plus la voiture. Le reste du groupe attendait à Alièze le retour de ses camarades et à la nuit tombée vers 23 heures ce furent les véhicules des miliciens qui arrivèrent. Il y eut des échanges de coups de feu. Les maquisards présents se défendirent avec courage et les miliciens durent faire appel aux allemands qui attaquèrent avec des grenades incendiaires. La ferme prit feu et la citerne d’essence explosa. Les soldats allemands avaient amené avec eux les quatre camarades prisonniers torturés qui assistèrent, impuissants, au drame. Le 8 mars vers dix heures, ayant épuisé leurs munitions les jeunes maquisards durent se rendre et sortirent mains en l’air de leur refuge en flammes. Ils furent sauvagement exécutés un par un et les prisonniers subirent le même sort. Leurs corps furent ensuite arrosés d’essence et entassés sur un tas de bois auquel fut mis le feu. On ne retrouva que quelques os et il fut impossible d’identifier les restes.
L’un des corps fut ramené à l’église d’Orgelet où un hommage leur fut rendu par la population avec la complicité du chanoine Jean Besançon qui sera par la suite déporté à Neuengamme d’où il reviendra.
Les maquisards tués obtinrent une citation à la demande du Chef départemental du maquis. Elles furent ainsi libellées :
— Pour les 4 maquisards capturés le 7 mars : « Surpris au cours d’une mission, est tombé aux mains de l’ennemi après un combat inégal. A été fusillé ».
— Pour les 6 ayant défendu la ferme : "Soldat animé d’un courage maintes fois prouvé. Le 8 mars 1944, avec 5 camarades, a défendu son dépôt de matériel contre un ennemi supérieur par le nombre et l’armement. S’est rendu après 11 heures d’un combat héroïque, après épuisement des munitions et incendie du dépôt. A été fusillé immédiatement... »
Un témoignage de satisfaction du Chef régional fut demandé pour le chef de groupe « dont l’ardeur combative déjà prouvée en maintes occasions, n’est en rien amoindrie par ce mauvais coup du sort ».

Liste des victimes :
BERTAUX Louis, Jacques, Charles, Jean
COLLARD Marius, Augustin, Jean
GLINEL Roger, Alfred, René
GOETZ Pierre
LEMELAND Pascal, Jean, Joseph
LOULLIER Louis, Jean, Henri
MANDRILLON Raymond, Émile, Claude
MEUNIER Étienne
MICHEL Emmanuel
SARDELLY Yves

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229121, notice Alièze (Jura) 8 mars 1944 par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 11 juin 2020, dernière modification le 9 août 2021.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Musée de la Résistance 1940-1945 Monument d’Alièze, Jura.— Le Progrès du Jura du 23 mars 2015 Hommage aux morts de la nuit du 8 mars 1944.— François Marcot, La Résistance dans le Jura, éditions Cêtre, Besançon, 1985— André Robert, Jura 1940-1944 Territoires de Résistance, éditions du Belvédère, Pontarler, 2016.— Musée de la Résistance 1940-1945 en ligne et "Les Amis du Musée de la Résistance Nantua" Camp d’Alièze Les Rippes.— Mémorial Genweb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable