MAHOUDEAUX Gaston, Maurice

Par Frédéric Stévenot

Né le 8 décembre 1898 à Watigny (Aisne), mort le 4 mai 1961 à Wimy (Aisne) ; verrier, maçon, herbager ; résistant FTPF ; conseiller municipal.

Fils de Léon Mahoudeaux, manouvrier alors âgé de cinquante ans, et de son épouse Élisa Voché, ménagère alors âgée de quarante-six ans, domicilés à Watigny.
Le 5 mai 1921 à Ohis (Aisne), Gaston Mahoudeaux se maria avec Marguerite Marie Eugénie Marcelle Julliard, née le 14 janvier 1902, décédée le 22 mars 1979, rue de la Fontaine à Wimy. Le couple eut treize enfants, dont Robert, né en 1922, résistant tué en 1944, et Raymond, né en 1926, résistant, militant communiste et maire d’Hirson.

Au moment de son recensement militaire, reporté en raison de l’invasion allemande, Gaston Mahoudeaux demeurait à Wimy, comme ses parents. La commission de réforme de Saint-Quentin l’estima bon pour le service armé. Il fut incorporé au 61e régiment d’infanterie, où il arriva le 24 juin 1919. Il passa au 33e régiment d’infanterie le 1er octobre suivant, puis au 37e régiment d’infanterie le 1er mars 1920. C’est avec cette unité qu’il participa à l’occupation des pays rhénans du 1er avril au 20 mai 1920.
Gaston Mahoudeaux fut renvoyé dans ses foyers le 16 juin suivant. Il fut dégagé de toute obligation militaire le 2 octobre 1935, étant père à cette date de huit enfants vivants.
Le 22 août 1921, Gaston Mahoudeaux résidait à Ohis, et déclara être établi à Wimy le 1er octobre 1935.

Pendant la guerre, il participa à la Résistance au sein d’un groupe local qui comprenait deux de ses fils : Robert et Raymond.
Le jeudi 30 décembre 1943, un quadrimoteur américain touché par la DCA allemande dut atterrir à Wimy, au retour d’une mission sur l’Allemagne. Quatre aviateurs furent pris en charge et cachés dans la commune voisine, à Luzoir (Aisne), puis par Albert Cliche demeurant à Wimy. Le lieutenant Brigman Campbell, chef de l’équipage, fut emmené par Raymond Mahoudeaux et trouva refuge dans la famille Mahoudeaux. Les quatre derniers s’enfuirent dans les bois proches, tandis qu’un blessé grave fut acheminé vers l’hôpital d’Hirson. Dans la nuit suivante, deux des Américains qui n’avaient pas pu être secourus furent recueillis par Émile Monvoisin, habitant le hameau d’Écreveaux (Wimy) ; les deux autres empruntèrent la route de Plomion (Aisne) pour se diriger vers Laon (Aisne). Raymond Mahoudeaux fut mis en relation avec un responsable de la Résistance de Signy-le-Petit (Ardennes), M. Bouteillier, par l’intermédiaire de Germaine Patat. Il pris part au regroupement des aviateurs à Luzoir, le dimanche 2 janvier 1944. Ils furent alors convoyés par Madame Bouteillier, aidée par M. Bardellini, boulanger à Wimy. Il s’agissait d’Ernest Slock (508 Minter ST, vivant à Santa Ana, Californie), Russell C. Gallo (33291118T 43-43-A, John Gallo BO X33 Oliver PAC), Erenuis Koltz (151 Park Street, Pautercket, Rhode Island) Frank A. Tank (1517n 4th St ; Eheboygan, Wisconsin), Campbell C. Brigman J. (307 West Dunlaps Street, Lancaster S.C.). Quant au blessé évacué, Charles Vanderwarf, il mourut à l’hôpital d’Hirson.

En mars 1944, un groupe de récupération d’armes put se constituer, composé de René Marche, Robert Mahoudeaux, Pierre Dutrieux, Klébert Julliard, Gaston Mahoudeaux, et de Raymond Mahoudeaux.

En juin, des groupes de FTP, venus du Pas-de-Calais pour rejoindre le maquis des Manises (Ardennes), furent accrochés sévèrement dans la région de Guise, à une trentaine de kilomètres de Wimy. Trois résistants furent recueillis par la veuve Mauvoisin-Pécavet, qui les dirigea au domicile des Mahoudeaux où ils furent hébergés durant plusieurs jours. Blessés aux pieds, ils furent soignés par Mesdemoiselles Parmentier (infirmière ; il s’agit soit de Paulette, soit de Geneviève Parmentier) et Reine Monvoisin. Guéris, ils furent conduits par Gaston Mahoudeaux à Deville (Ardennes), où ils furent confiés à Madame Gantier.

Après la mort de son fils Robert, tué par des policiers français lors d’une opération à Fourmies, le 5 août, Gaston Mahoudeaux intégra le groupe FTPF 161 (matr. n° 1619). Il avait été reconstitué le 8 août par le sous-lieutenant Lemaire, qui en confia le commandant à Raymond Mahoudeaux. En firent encore partie Pierre Dutrieux, René Marche, Kléber Julliard.

Le 31 août, le groupe reçut l’ordre d’André Devin de se poster sur la route nationale avec quelques hommes pour observer les mouvements des troupes allemandes en retraite. Le lendemain, Raymond Mahoudeaux quitta en urgence son travail, appelé au téléphone chez le boucher de Wimy, M. Gillier. Deux résistants l’attendaient pour aller dans un bois près de Luzoir : deux mitrailleuses allemandes avaient installées au carrefour, et c’est dans ce bois que devait se rendre le groupe de Wimy. À 16 heures, une partie du groupe commandé par Gaston Mahoudeaux et armé se dirigea vers le bois. À 18 heures, les blindés américains arrivèrent. Le groupe participa ensuite à des opérations de nettoyage dans le secteur de Wimy, Luzoir et Effry.

Les services de Gaston Mahoudeaux ne semblent pas avoir été homologués, pas plus qu’il ne paraît avoir reçu la médaille de la Résistance.

Lors de ses obsèques, un discours fut prononcé par le maire de Wimy :

« Mesdames, Messieurs,
ce n’est pas sans tristesse profonde que je viens au nom de la Commune entière saluer une dernière fois la dépouille mortelle de celui qui, avant d’être le Chef de notre Section de Sapeurs-pompiers avait été pendant de nombreuses années un Membre Actif de celle-ci, les décorations qui sont sur coussin en témoignent.
Comme Conseiller Municipal il a été un de mes collaborateur[s], et il m’a été donné d’apprécier pleinement sa droiture et l’affabilité de son caractère. Ses avis étaient toujours empreints de la plus grande sagesse.
Beaucoup meurent trop jeunes, Monsieur MAHOUDEAUX est de ceux la.
Sa jeunesse plutôt malheureuse, sa vie très laborieuse, je dis très laborieuse, car il lui a fallu élever douze enfants et ceci sans guère de secours, les privations et les affres de la guerre, tout cela a terrassé cet organisme robuste et fort qui il y a encore quelques années, pareil au Chêne de la fable semblait pouvoir défier tous les orages.
Hélas tout à une fin et c’est les yeux clos et les mains jointes qu’il s’est endormi pour l’Éternité.
Je n’ai pas à vous dire ce qu’il fut comme époux, comme père. Cette foule qui l’accompagne, ces regrets qui l’escortent, sont la meilleure preuve qu’il avait conquis l’estime de tous.
Inclinons-nous devant sa tombe en exprimant le voeu que ses fils, muris par le malheur, soient la consolation de leur mère éplorée, et nous, gardons au coeur le souvenir du Cher disparu.
Mon Cher Gaston, dors en paix à côté de ton enfant qui a versé son sang pour que la France vive.
A vous Madame MAHOUDEAUX, à vos enfants, à vos petits-enfants, à toute la famille, au nom de la Commune entière, j’adresse mes plus sincères condoléances ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229126, notice MAHOUDEAUX Gaston, Maurice par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 17 juin 2020, dernière modification le 15 juillet 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. Arch. dép. Aisne, registre matricule 1R2/581 (matr. 692). — État civil de Watigny, 5 Mi 1649 (acte n° 25). — Arch. privées Sylvie Varea (fille de Raymond Mahoudeaux).

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