Saligney (Jura) combat du 27 juillet 1944

Par Jean-Louis Ponnavoy

C’est une véritable tragédie qui se joua le 27 juillet 1944 à Saligney. Le maquis fut encerclé par l’ennemi et les maquisards se trouvèrent pris dans une souricière d’où ils ne pouvaient s’échapper. 22 résistants trouvèrent la mort et le maquis fut anéanti.

Le maquis de Saligney ou maquis "Panthère" se forma à l’initiative du lieutenant Henri Mercier alias "Luc", chef du district FFI de Dole. Il s’installa sur le mont Vassange dans le massif de la Serre au lieu-dit "aux Belles Charmes", à partir du 13 juin 1944. Il était composé au départ d’une demi-douzaine d’hommes et s’étoffa progressivement pour atteindre un effectif de 44 maquisards vers la fin du mois de juillet. L’objectif était de perturber les communications entre l’Allemagne et le Midi de la France dans l’attente d’un débarquement allié. La majorité des Résistants étaient des jeunes pleins d’enthousiasme mais non formés pour le combat. Leur camp commandé par le lieutenant Pierre Perrin alias "Achille" était situé dans un bois à deux kilomètres de Saligney, dans un secteur quadrillé par des routes permettant à un ennemi motorisé de boucler rapidement la zone.
Le maquis ne pouvait guère passer inaperçu des habitants de la région mais surtout de l’occupant dont les garnisons de Dole et Besançon sont toutes proches. Malgré les demandes répétées de leur hommes pour déplacer le maquis dans un lieu plus sûr, les chefs à tort ou à raison n’en firent rien.
Le 24 juillet 1944, un responsable de secteur sédentaire fut arrêté par une patrouille allemande et il était peut-être en partie à l’origine de la tragédie. Malgré cela "Luc" continua de penser qu’il ne fallait pas bouger. Le 27 juillet à sept heures du matin, des éléments de la tristement célèbre 157e division du général Karl Pflaum, environ 4 à 500 hommes, encerclèrent le camp. Le lieutenant Mercier qui était absent car il était parti en mission ne put rejoindre ses hommes à temps. Lorsque le lieutenant Perrin qui le remplaçait donna l’ordre de dispersion, il était déjà trop tard. La tragédie annoncée était en cours. Les jeunes résistants ne purent s’échapper et 22 d’entre eux trouvèrent la mort tués dans l’action ou arrêtés, torturés et massacrés par les Cosaques qui composaient l’essentiel de la troupe ennemie. Certains corps furent horriblement mutilés et rendus méconnaissables. Ils furent inhumés dans un carré spécial, au cimetière de Saligney (Jura).
Un maquisard d’origine polonaise Thomas Lezak fut déporté et mourut le 1er mai 1945 au camp de Mathausen (Autriche). Il est inhumé dans la Nécropole nationale du Struthof (carré T, rang 3, tombe 58), à Natzwiller (Bas-Rhin).
Un monument commémoratif du Maquis de Saligney a été érigé sur le mont Vassange avec la liste des victimes :

BAERT Roger, Maurice
BAUDRY Camille, Marc, Gilles
BENISSA Henri, Joseph
BRENIER René, Pierre, Roger
BRESSAND Bernard
GAUTHERON Albert, Joseph
GUAGLIO Jean, Charles, Alfred
HENRY René
LABOUREY Raymond
LACROIX René, François
LEBOIS Gilbert, Alfred
LEBOIS Marcel, Dominique
MINARY Paul
NARDI Antoine, Joseph
PANNAUX Marius, Pierre
PERRIN Auguste, Stéphane, Alexandre, Camille
PIQUET Roland, Félicien
REDERSTORFF Charles
SCHÜTZ Jean, François, Henri
SIRGUEY Charles René
TUPIN Jean, Roger, Félicien
VALOT André

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229175, notice Saligney (Jura) combat du 27 juillet 1944 par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 14 juin 2020, dernière modification le 23 juin 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : François Marcot La Résistance dans le Jura pages 222 à 226, éditions Cêtre, Besançon, 1985.— André Besson Les maquis de Franche-Comté, ch. 14, La tragédie de Saligney pp. 165 à 188, éd. France-Empire 1998". — André Robert Jura 1940-1944 Territoires de Résistance pages 254/255, éditions du Belvédère, Pontarlier, 2016.— Mémorial GenWeb.

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