Viry et Sièges (Jura) 11 et 13 avril 1944

Le 7 avril 1944, les Allemands lancèrent leur deuxième grande offensive contre les maquis de l’Ain et du Haut-Jura, baptisée "Opération Frühling" ou Printemps en français avec la terrible 157e division de montagne du général Karl Pflaum. Ils se heurtèrent au maquisards du camp Martin à La Versanne où ils subirent beaucoup de pertes, le maquis ayant quatre tués. Le 8 avril l’ennemi arriva au village de Viry où une femme fut déportée et un homme Marius Chartier, cultivateur fut arrêté et exécuté à Coupy, aujourd’hui Bellegarde-sur-Valserine, dans l’Ain où son corps fut retrouvé le lendemain. Le 10 avril 1944 les Allemands étaient à la recherche de maquisards. Le maire de Sièges s’était caché en haut de la route et tira sur les Allemands qui redescendaient.
Les nazis revinrent le lendemain et montèrent à Sièges avec cinq prisonniers du groupe Darthenay, capturés dans les jours précédents. Ils les firent descendre des camions puis les emmenèrent derrière la maison Chaveyriat qui était inoccupée car les propriétaires étaient domiciliés à Paris. Ils laissèrent tourner les moteurs des camions à plein régime pour étouffer les bruits et les cris. Les résistants furent tous torturés et abattus sur place à coups de mitraillettes.
Pendant ce temps les Allemands firent évacuer le village et ensuite jetèrent des grenades au phosphore par les fenêtres des maisons. Le village fut rapidement la proie des flammes. 29 maisons sur 35 furent détruites. Un vieillard de 82 ans qui avait voulu récupérer sa boite à outils périt carbonisé dans sa maison en flammes. Presque tous les hommes dont le fils du maire Henri Juillard furent déportés et aucun ne revint des camps. Deux femmes dont celle du maire les accompagnèrent mais revinrent après la libération. Il ne resta que 15 habitants à Sièges dont la mairie école fut détruite et la commune fut rattachée en 1946 à celle de Viry.
Le 13 avril, le commandant Vallin de son vrai nom Jean Duhail, chef des maquis du Haut-Jura, qui avait été arrêté le 11 avril au Martinet et torturé à Saint-Claude fut ramené garrotté sur une automitrailleuse. Il eut le courage de défendre les habitants de Viry qui avaient aidé la Résistance au cours d’un parachutage effectué le 11 mars précédent, affirmant aux Allemands qu’ils avaient été contraints et forcés de la faire sous la menace par lui et ses hommes, sauvant ainsi le village. Il fut exécuté à 19 heures au hameau de Sous le Rosay. Un jeune cultivateur de Viry, René Mermet qui avait osé protester contre les tortures infligées à Vallin fut emmené au même endroit et exécuté quelques minutes après le commandant.
Le nom des cinq résistants, dont l’un est inconnu, des hommes déportés et de Félicien Boittet figure sur le monument aux morts de Sièges, à Viry (Jura). Le résistant inconnu figure également sur la plaque au pied du monument aux morts, dans le Parc René-Nicod, à Oyonnax avec l’inscription suivante : « Sous cette dalle repose la dépouille mortelle d’un résistant inconnu odieusement torturé jusqu’à ce que mort s’ensuive à Sièges (Jura) par les nazis et les milices ». Une stèle commémorative a été érigée sur le lieu du supplice de René Mermet et du commandant Vallin, au hameau de sous le Rosay.
Liste des victimes :
Sièges :
BÉSILLON André
BOITTET Félicien, Henri
DARTHENAY Élysée, Alban, André, René
GAUTHERET Georges Claudius Apollinaire
Inconnu
MÉRAND Henri, Marcel, Joseph
Viry :
DUHAIL Jean, Alexandre, Jules alias commandant Vallin
MERMET René, Hubert