DOUSSAINT Olivier, Hippolyte, André

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 7 août 1900 à Poitiers (Vienne), exécuté sommaire le 20 août 1944 à Montrichard (Loir-et-Cher) ; employé de commerce ; militant communiste et syndicaliste de la Vienne et d’Indre-et-Loire ; résistant.

Il était le fils d’un auxiliaire des postes de Poitiers Hippolyte, Olive Doussaint et d’une chemisière Marie Louise Rosalie Mail, domiciliés 79 Grand Rue. Olivier Doussaint, était lors de la conscription en 1920, employé de commerce. En raison d’une très mauvaise vue il fut affecté aux services d’intendance, incorporé en octobre 1920 au COA (commis et ouvriers d’administration) d’Alsace, puis en janvier 1922 à la 24ème section COA à Paris. Libéré des obligations militaires, il reprit à Poitiers son travail d’employé de commerce. Ayant adhéré au parti communiste, il fut secrétaire du groupe communiste de Poitiers (Vienne), puis du rayon lors de la réorganisation de 1925. Secrétaire fédéral adjoint en 1923, il fut chargé en mai 1926 de diriger la région communiste Vienne-Indre-et-Loire et de rejoindre Tours.
Il remplaça Alfred Bernard* comme secrétaire régional avec Choime d’abord, puis seul à partir de 1927. Candidat aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans la circonscription de la Flèche (Sarthe), Doussaint recueillit 343 voix au premier tour (1,48 % des 23 107 inscrits) et 158 (0,68 %) au second. Pour les élections de mai 1932, le Parti communiste le présenta dans la Vienne, circonscription de Montmorillon. Il fut élu conseiller municipal de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) en 1929. La même année il mena une polémique extrêmement violente contre Bernard. Ce fut ce dernier qui en sortit vainqueur dans un premier temps puisque Doussaint fut relevé de ses fonctions après la conférence régionale de septembre 1929. Il reçut également un blâme en décembre 1929 car il n’allait pas rendre visite au gérant de l’Avant-Garde emprisonné, le vieux Joseph Carreau. Il collabora à nouveau à l’Avant-Garde en 1930 après l’exclusion de Bernard et redevint membre du bureau régional du PC. — il l’était en 1936 et 1937. Il fut candidat aux élections législatives de mai 1932 dans la circonscription de Montmorillon (Vienne) (1,5 % des inscrits) ; aux élections cantonales de 1928 et 1931 à Tours-Centre, et de 1934 à Langeais.
Doussaint exerça également d’importantes responsabilités syndicales : secrétaire du syndicat unitaire des employés de commerce de Tours, il devint secrétaire administratif de la 26e Union régionale CGTU en 1931, puis secrétaire de l’UL de Tours en 1934, et enfin secrétaire de la 26e UR unitaire. Au congrès de fusion de décembre 1935, il fut élu secrétaire général adjoint de l’UD réunifiée. Dès lors il dirigea personnellement les principaux conflits sociaux qui se déroulèrent en Touraine : les pourparlers sur la garantie de l’emploi des ouvriers de la CGCEM qui fermait ses portes au début de 1936, la grève de sept semaines des trois mille ouvriers du Bâtiment, grève victorieuse le 15 octobre pour laquelle il fut cependant blâmé par le bureau régional du PC qui lui reprocha une intervention trop pessimiste ; la grève des papetiers de La Haye-Descartes en janvier 1937. C’est en 1937 qu’il remplaça Boulignat à la direction de la caisse d’assurances sociales « Le Travail ». Il était en 1939 domicilié 19, rue des Cerisiers à Tours. il fut rappelé pour l’armée en septembre 1939 affecté toujours en raison de sa vue déficiente à la 9ème section COA à Brive, sans doute jusqu’à l’été 40.
Arrêté pour propagande communiste le 13 novembre 1941, Olivier Doussaint fut interné près d’Angers au camp de la Morellerie à Avrillé-les-Ponceaux (Indre-et-Loire),camp qui regroupa des Tsiganes et des communistes jusqu’ au 17 novembre 1941 avant d’être transférés dans d’autres camps, celui de Rouillé (Vienne) pour Olivier Doussaint puis le 8 avril 1944 à Pithivers d’où il fut libéré le 9 août. Alors qu’il se dirigeait vers La Croix-en-Touraine, des soldats allemands l’arrêtèrent au bord de la route dans la forêt de Montrichard (Loir-et-Cher) le contraignirent à marcher dans l’allée de la Haute-Borne et l’abattirent. Le motif supposé serait qu’il détenait des papiers au sujet de son internement administratif et sa libération de Pithiviers et qu’il parut suspect aux troupes d’occupation.
Inhumé dans la cimetière de Montrichard, il a été reconnu "Mort pour la France" le 2 novembre 1945 et son nom est inscrit sur le monument aux morts de Montrichard. Le courrier était adressé en 1946 à sa compagne Gabrielle Fougeron et son fils Daniel Fougeron. Le statut d’Interné résistant accordé le 21 mai 1955 ( IR n° 14405) lui fut refusé "inadmis" le 3 juin 1955.
À Montrichard, à l’entrée de l’ allée forestière, sur la route reliant Pontlevoy, à proximité du croisement avec la route Bourré-Chaumont, une stèle a été érigée à son nom en 2014.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22929, notice DOUSSAINT Olivier, Hippolyte, André par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 novembre 2017.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13022, F7/13091, F7/13107, F7/13130, année 1932. — Arch. dép. Vienne (Etat civil, registre matricule) — Institut M. Thorez, bobine 231, 9 mai 1927. — L’Avant-Garde, 1926-1932. — La Bataille, 1932-1934. — La Voix du Peuple de Touraine, 1936-1937. — La Touraine syndicaliste, 1935-1939. — Le Prolétaire de la Vienne, 1er mars 1923. — G. Lachapelle, Les Élections législatives, op. cit. — DAVCC Caen 21 P 444 647, notes Annie Pennetier . — Site AJPN, camp de la Morellerie, 2017 — Notes Michel Thébault.

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