BERTHOLET Louis.

Par Freddy Joris

Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), 11 mai 1901 – 15 juillet 1965. Ouvrier puis employé, militant démocrate-chrétien, échevin, un des deux élus de l’Union démocratique belge à Verviers en 1946.

Ouvrier métallurgiste puis employé de la Mutualité des travailleurs chrétiens de Verviers, Louis Bertholet milite au sein de la Ligue des travailleurs chrétiens dont il sera le président d’arrondissement juste avant la guerre. Il remplace le conseiller communal sortant, Grégoire Hauseux, rejeté par le directoire catholique parce qu’il a soutenu le Front Populaire Parti ouvrier belge (POB)/Parti communiste de Belgique (PCB) en 1936 comme candidat du Parti catholique social aux élections communales de 1938, sur une liste où figure aussi l’épouse de René Dawant.

Élu, Louis Bertholet devient échevin de l’État-civil et des Affaires sociales le 1er janvier 1939 dans un collège tripartite, libéral/catholique/socialiste.
Après l’exode de mai 1940, – il conduit une centaine de Verviétois dans le Nord de la France avec son collègue l’échevin socialiste, Jean Gaspard* –, Louis Bertholet reprend ses attributions mais, en septembre 1941, il en est dépouillé lors de la désignation d’un bourgmestre rexiste, Paul Simon. Ses protestations, dirigées aussi contre l’éviction de l’échevin Burguet et contre la désignation du rexiste, lui valent ainsi qu’à Jean Gaspard d’être incarcéré durant plusieurs semaines puis interdit de toute activité politique en novembre suivant.
Louis Bertholet s’engage dans la Résistance dès 1941 en participant à l’organisation et à la direction de l’Armée de la libération, mouvement né dans la mouvance démocrate-chrétienne de la région liégeoise, et ce jusqu’à la Libération, ce qui lui vaudra d’être promu Commandeur de l’Ordre de la Couronne en 1946. Durant l’hiver 1944-1945, ses responsabilités scabinales retrouvées lui font assumer la responsabilité du Centre pour personnes déplacées, installé dans les locaux de l’école Sainte-Claire situés à la rue Sécheval.

Sur le plan politique, Louis Bertholet rallie dès novembre 1944, comme bien d’autres responsables de l’Armée delLibération, l’Union démocratique belge (UDB), futur parti démocrate-chrétien autonome officiellement mis sur pied en juin 1945. Un de ses dirigeants est l’avocat bruxellois et futur ministre udébiste, Marcel Grégoire*, natif de Heusy, dans la banlieue verviétoise, qui n’a pas oublié ses racines locales : en 1939, il avait été pressenti par la direction du parti catholique pour être le candidat démocrate-chrétien verviétois à la Chambre mais s’était retiré lorsque la Ligue des travailleurs chrétiens avait préféré présenter Grégoire Hauseux.

Président de la section de l’arrondissement de Verviers constituée en juin 1945, Louis Bertholet fait partie des vingt-et-un membres du Comité national, élus lors du premier Congrès de de l’UDB, les 16 et 17 juin 1945. Le nouveau parti échoue aux élections législatives de février 1946, ne recueillant que 2 % des suffrages et un seul député dans le pays à Nivelles (aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles). Mais son score atteint 5,4 % dans l’arrondissement de Verviers et même presque 8 % dans les cantons de Verviers et Dison formant l’agglomération industrielle, grâce à la présence de Louis Bertholet en tête de liste pour le Sénat et de Grégoire Hauseux comme premier candidat à la Chambre.
Aussi, le 24 novembre suivant, alors que l’UDB est déjà en plein démembrement, une liste du parti, conduite par Bertholet, se présente aux élections communales à Verviers. C’est une liste hétéroclite, allant de l’industriel à l’ouvrier en passant par l’avocat et la ménagère et mélangeant toutes les opinions, si bien que l’autre homme fort de l’UDB, Hauseux, ne figure qu’en douzième position. Dans son journal électoral, l’UDB souligne que « (ses) candidats professent des opinions philosophiques ou religieuses différentes dans le respect le plus complet des opinions d’autrui et la volonté de défendre ces opinions autant que les leurs si les unes ou les autres étaient jamais menacées ». Malgré la défaite électorale nationale de février, les UDBistes verviétois estiment que « la vérité de (leurs) principes est apparue mieux que jamais et que la confusion politique née des dernières élections suffirait seule à mettre cette vérité en pleine lumière ». Ayant l’occasion de présenter sa formation dans le quotidien neutre Le Jour, Louis Bertholet donne en modèle le parti travailliste anglais.
La liste obtient un score plus qu’honorable avec 2.112 voix constituant 8,3 % des suffrages, près du double des voix obtenues sur la commune en février (1.098) alors que le parti est ailleurs en pleine déliquescence. Les deux leaders démocrates chrétiens historiques obtiennent respectivement 529 voix de préférence pour Grégoire Hauseux et 479 pour Louis Bertholet, mais seul ce dernier est élu grâce à sa première place sur la liste. Cinq autres élus au Conseil communal, trois libéraux et deux catholiques, réalisent un meilleur score que les deux udbistes. Seul démocrate-chrétien, Louis Bertholet se trouve alors en position d’arbitre entre la droite libérale et catholique et la gauche laïque (PSB et PCB). Il contribue à la formation d’un collège socialiste/communiste/démocrate, conduit par l’ancien syndicaliste Alexandre Duchesne, dans lequel il conserve son poste d’échevin. Cette coalition des gauches, unique dans l’histoire locale, dirige la ville jusqu’en 1952.

L’UDB survit à Verviers bien après le niveau national, puisque ce n’est qu’en août 1948 que son secrétaire, Albert Ehx, démissionne de son poste pour accepter la présidence de la section verviétoise d’un nouveau Parti national des Classes moyennes. Louis Bertholet n’est pas réélu en 1952. Il quitte le Collège, mais reste un dirigeant actif des organisations sociales chrétiennes verviétoises.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229307, notice BERTHOLET Louis. par Freddy Joris, version mise en ligne le 17 juin 2020, dernière modification le 7 novembre 2020.

Par Freddy Joris

SOURCES : Archives communales de Verviers, fonds Jacques Wynants, dossier O.76 (papiers Bertholet) et Y.69 (témoignages de Marcel Grégoire, 1982 et 1983) – LEVAUX D., Liège et l’UDB, mémoire de licence ULg, Liège, 2001 – WILLAME J.-C., « L’Union Démocratique Belge », Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 743-744, 1976 – WYNANTS J., Verviers 1940, Bruxelles, 1981 – WYNANTS J., Verviers libéré, Verviers, 1984 – WYNANTS J. et SIMONS M., « Paul Simon », Bulletin de la Société verviétoise d’archéologie et d’histoire, 80e vol., 2017.

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