LEVESQUE Marthe, Céline

Paradoxalement, malgré le port, Dieppe était une ville enclavée par la mer et les talus du plateau du Pays de Caux et le seul échappatoire vers Rouen et Paris était la vallée encaissée de l’Arques où passaient la route et la voie de chemin de fer. Émergeait donc une société cloisonnée où les jeunes suivaient souvent les pas de leurs aînés, ainsi Marthe Levesque était la fille d’un employé des chemins de fer et d’une cigarière.

La Manufacture des tabacs de Dieppe était, avec les chemins de fer de l’État le plus gros employeur de la région dieppoise avec environ 900 salariés dont 95% de femmes jusqu’à sa destruction lors du raid canadien de 1942.

Lorsque Marthe Levesque fut élue secrétaire du syndicat CGT des Tabacs en 1933, trois syndicats étaient alors en concurrence les confédérés, forts de 400 membres, le syndicat unitaire (CGTU) dirigé par Ernest Luquiaud, dont les effectifs variaient entre 60 et 70 adhérents et un syndicat autonome de Pierre Désert avec un trentaine de militants soit un taux de syndicalisation de l’ordre de 60%.

En 1934, le syndicat unitaire choisit de se saborder, certains de ses membres rejoignirent la CGT, les autres, dont le secrétaire Luquiaud, passèrent à l’autonomie. L’autorité de Marthe Levesque s’en trouva renforcée puisqu’il n’y avait plus face aux confédérés que deux petits syndicats autonomes.

Réélue en 1934 et 1935, la fusion ne lui posa aucun problème et les syndicats autonomes rejoignirent le giron de la vieille maison en janvier 1936. Marthe Levesque prit la direction du syndicat général divisé en deux sections, le cadre technique et le cadre de fabrication et satisfaire ainsi les ambitions des autonomes ; Ernest Luquiaud prit le secrétariat du cadre technique.

Marthe Levesque resta secrétaire générale d’un syndicat uni, fort de plus de 700 adhérents jusqu’en 1939.