DOUTRELLOT Pierre [DOUTRELLOT René, Pierre]

Par Gilles Morin

Né le 24 septembre 1902 à Amiens (Somme), mort le 6 mai 1986 à Amiens ; instituteur ; militant socialiste de la Somme, conseiller d’arrondissement (1937-1940), conseiller général de Nesle (1945-1961), député de la Somme (1945-juin 1946, novembre 1946-1958).

Pierre Doutrellot
Pierre Doutrellot
Député

Fils de Jules Doutrellot, voyageur de commerce, et de Berthe Murgalet, institutrice, Pierre Doutrellot naquit dans une famille laïque (il ne fut pas baptisé) et socialisante. Il perdit son père lorsqu’il avait neuf ans. Après l’école communale, il fréquenta le lycée d’Amiens et entra à l’École normale d’instituteurs. Une maladie le contraignit à en démissionner et il acheva ses études à l’EPCN. Au retour du service militaire (1923), il obtint un poste d’instituteur à Ailly-sur-Noye (Somme) où il resta jusqu’en 1933, date à laquelle il fut muté à Nesle où il fit l’essentiel de sa carrière.

Syndicaliste, lors de la scission de 1921 (il était alors étudiant), Pierre Doutrellot refusa de s’engager dans l’un des deux camps. Il appartenait ensuite au SNI depuis sa première année d’enseignement et avait joué un rôle important au cours de la grève de 1926.

Il adhéra au Parti socialiste SFIO en 1928 en soutenant activement la campagne de Rodolphe Tonnellier. Devenu son adjoint et son dauphin probable, il fit rapidement ses preuves dans la contradiction en réunions publiques. En 1933, il refusa de suivre Tonnellier qui avait décidé de passer au néosocialisme. Pressenti comme candidat du parti SFIO dans la circonscription de Montdidier aux élections législatives de 1936, il refusa de faire campagne contre son ancien leader, député sortant, et il céda la place à Raoul Daussin. Considéré alors comme le principal propagandiste de la fédération socialiste de la Somme, il fut élu conseiller d’arrondissement dans le canton de Nesle en 1937.

Membre du Comité d’action socialiste de la Somme pendant l’Occupation, Pierre Doutrellot devint à la Libération, secrétaire de la section de Péronne et secrétaire à la propagande de la fédération socialiste. Il régnait sur la partie Est de la fédération socialiste, Max Lejeune animant la région ouest. Il fut élu en septembre 1945 conseiller général du canton de Nesle, mandat qu’il conserva jusqu’en 1961 (où il fut battu par l’UNR Gronnier, dans une triangulaire avec le communiste Jean Durieux). Il présida la commission des finances de l’assemblée départementale.

Élu député à la 1re Constituante en octobre 1945 sur la liste départementale socialiste de la Somme en deuxième position derrière Max Lejeune, Pierre Doutrellot fut membre de la commission de la reconstruction et de l’urbanisme, intervenant souvent en faveur de la Somme, département sinistré.

Il fut battu par le candidat radical lors des élections pour la 2e Constituante, mais il retrouva son siège à l’Assemblée nationale en novembre 1946 et fut facilement réélu en 1951 et 1956. Membre titulaire de la délégation exécutive du groupe socialiste de l’Assemblée nationale en 1952, il fit admirer au Palais Bourbon ses remarquables talents d’orateur et détint le titre de tribun le moins ennuyeux de l’hémicycle. Mais, il se trouva bientôt en opposition avec plusieurs dirigeants socialistes et notamment avec Guy Mollet, puis Max Lejeune, pour des motifs différents. Après s’être prononcé contre le projet de traité de CED en 1954, résolument antimilitariste, Pierre Doutrellot fut une première fois exclu au congrès national de février 1955, après son refus de vote du projet de la CED. Il vota cependant les accords de Londres et Paris et, à la veille des élections, il fut réintégré en juin suivant.

Très tôt hostile à la guerre d’Algérie, il se heurta en 1956 à Max Lejeune chargé des affaires algériennes au gouvernement. Il vota les pouvoirs spéciaux en mars 1956, mais fut de nouveau indiscipliné dans le vote étendant les pouvoirs spéciaux en Algérie le 20 juillet 1957. Son refus de ralliement au général de Gaulle le 1er juin 1958, puis son rejet de la Constitution lui attira l’opposition conjointe de Guy Mollet et de Max Lejeune. Mis en minorité au sein de la Fédération de la Somme, il se retira définitivement de la vie politique en ne se représentant pas aux élections législatives de novembre 1958.

Au cours de sa carrière militante, Pierre Doutrellot assista à de nombreux congrès nationaux du Parti socialiste SFIO, avant et après-guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22936, notice DOUTRELLOT Pierre [DOUTRELLOT René, Pierre] par Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 octobre 2021.

Par Gilles Morin

Pierre Doutrellot
Pierre Doutrellot
Député

SOURCES  : Arch. Nat., F/1cII/270, 280, 305, 316 et 713 ; F/1cIV/155. — Arch. OURS, A9/131 MM et fiche biographique. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Le Populaire, 20 octobre 1937. — Le Cri du Peuple, 8 février 1947. — Entretien d’Yves Le Maner avec Pierre Doutrellot, en décembre 1978. — Notice DBMOF, par Yves Le Maner. — État civil d’Amiens.

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