D’AULAN Jean [DE SUAREZ D’AULAN Marie, Quénin, Félix, Ghislain, Foulques, Jean de la Croix]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 20 novembre 1900 à Savasse (Drôme), tué en combat aérien le 8 octobre 1944 au-dessus d’Heidwiller (Haut-Rhin) ; chef d’entreprise ; résistant ; FFC au titre du réseau Action D.

Jean d’Aulan
Jean d’Aulan
SOURCE :
François d’Aulan Histoire des Suarez d’Aulan

Le marquis Jean d’Aulan était le fils du comte Frédéric Marie Philippe Jérôme François Quénin Harouard de Suarez d’Aulan, député de la Drôme, et de Ghislaine Charlotte Henriette Marie Magdeleine de Geoffre de Chabrignac, sans profession. En 1917, refusé dans l’aviation en raison de son jeune âge, il s’était engagé dans les Chasseurs alpins. Le 21 octobre 1926, il avait épousé Anne Marie Yolande Kunkelmann, unique héritière de la maison de champagne Piper-Hiedsieck, dont il avait pris la direction avec elle en 1930. Le couple, qui avait quatre enfants, était domicilié 8, rue Piper à Reims (Marne). Sportif de haut niveau (athlétisme, natation, rallye automobile, aviation, bobsleigh), Jean d’Aulan présidait l’aéroclub de Champagne et avait obtenu son brevet de pilote de chasse en janvier 1940.

Sous l’Occupation, Jean d’Aulan organisa dans la région de Reims une des premières filières d’évasion d’aviateurs alliés. Il était en contact avec la branche marnaise du réseau Éleuthère créé par Hubert de Lagarde au printemps 1943, dans la mouvance de Libération-Nord. Quant à Yolande d’Aulan, elle traversa à plusieurs reprises la ligne de démarcation pour assurer des liaisons pour le compte de l’ORA (Organisation de résistance de l’armée). Le couple accepta de mettre les caves de la maison Piper-Hiedsieck au service de la Résistance pour y cacher des armes.
Au cours de l’été 1943, Jean d’Aulan parvint à échapper aux agents de la Gestapo venus l’arrêter à son domicile, suite à une dénonciation. Il franchit la ligne de démarcation et se réfugia à Marseille. Tous les biens de la famille d’Aulan furent mis sous séquestre par les Allemands. Le sonderführer du champagne, Otto Klaebisch, qui devint l’administrateur de la maison Piper-Hiedsieck, s’installa dans l’hôtel particulier de la famille d’Aulan 8, rue Piper.
Yolande d’Aulan, recherchée à son tour par la Gestapo, se cacha à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), puis elle rejoignit un maquis du Vercors. Lorsque les SS et les miliciens attaquèrent le maquis du Vercors en juillet 1944, elle échappa aux exécutions de Vassieux et parvint à franchir les barrages allemands grâce à son nom germanique imprimé sur un faux ausweis et à sa maîtrise de l’allemand. Elle se fit passer pour une Alsacienne, monitrice de ski, recrutée par la Wehrmacht pour initier à ce sport les soldats allemands convalescents alors soignés au sanatorium de Villard-de-Lans (Isère).
De son côté Jean d’Aulan franchit les Pyrénées grâce à une filière d’évasion de l’ORA, et passa en Espagne où il fut arrêté et interné au camp de Miranda. Libéré, il gagna le Maroc, parvint en maquillant ses papiers à se faire breveter pilote de chasse malgré ses 44 ans, et il s’engagea dans la France combattante au sein de l’escadrille « La Fayette ». Sous-lieutenant pilote au groupe de chasse 2/5, il fut surpris le 8 octobre 1944 par une escadrille de Messerschmitt, et il a été abattu en combat aérien au-dessus de la forêt de Tagolsheim (Haut-Rhin).

Fin 1944, le chef des FFI de la Marne, Pierre Bouchez, a chargé son adjoint, Jean Joly, de ramener le corps de Jean d’Aulan à Reims où il a été inhumé dans le cimetière du Nord le 18 janvier 1945 dans le caveau de la famille Kunkelmann.

Le 12 juillet 1945, le tribunal civil de Mulhouse (Haut-Rhin) a rendu un jugement déclaratif de décès, transcrit à l’état civil de Heidwiller le 20 juillet 1945 et à l’état civil de Reims le 25 juillet 1945, qui le déclare « tué le huit octobre 1944 en combat aérien sur le territoire de la commune de Heidwiller, au lieu-dit Tagolsheimer Holz ».

Jean d’Aulan a été reconnu « Mort pour la France » en 1945 et il a été homologué FFC (Forces françaises combattantes) au titre du réseau Action D. Titulaire de la Croix de guerre, il a été élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

Dans la Marne, à Reims où une rue porte son nom depuis 1973, Jean d’Aulan figure sur les plaques commémoratives de la maison diocésaine Saint-Sixte et du Tennis-Club.
Dans la Drôme, son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Aulan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229368, notice D'AULAN Jean [DE SUAREZ D'AULAN Marie, Quénin, Félix, Ghislain, Foulques, Jean de la Croix] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 18 juin 2020, dernière modification le 26 avril 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Jean d'Aulan
Jean d’Aulan
SOURCE :
François d’Aulan Histoire des Suarez d’Aulan
8, rue Piper à Reims
8, rue Piper à Reims
Dans le cimetière du Nord à Reims
Dans le cimetière du Nord à Reims
Dans le quartier Val de Murigny à Reims
Dans le quartier Val de Murigny à Reims
Sur la plaque</br> de la Maison diocésaine Saint-Sixte à Reims
Sur la plaque
de la Maison diocésaine Saint-Sixte à Reims
Sur la plaque du Tennis-Club de Reims
Sur la plaque du Tennis-Club de Reims
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Sur le monument aux morts d'Aulan
Sur le monument aux morts d’Aulan
SOURCE : Photo Claude Dannau
Site aerosteles.net

SOURCES : SHD, Vincennes, Al 1Mi 28 et GR 1 6P 159299 . – Témoignage de François d’Aulan, fils de Jean et Yolande d’Aulan, in Un fil dans le tapis. Histoire des Suarez d’Aulan, Paris, éditions Kartahala, 2009 (photo). – Jean Joly, Mouvement CDLR, arrondissement de Reims, mémoire achevé par son gendre Daniel Marquet à partir des notes de Jean Joly et des archives de Pierre Bouchez, 1998. – Mémorial GenWeb. — État civil, Savasse (acte de naissance) ; Heidwiller et Reims (transcription du jugement déclaratif de décès).

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