DRAVENY Lucien, Auguste

Par Georges Clause, Gilles Morin

Né le 19 juin 1896 à Lille (Nord), mort le 23 octobre 1991 à Paris (XIXe arr.) ; cordonnier ; résistant ; militant socialiste, secrétaire de la fédération socialiste SFIO de la Marne (1944-1946) ; député socialiste de la Marne (1945-1957).

Fils de Marie, Élisa Hémery, couturière, Lucien Draveny fut reconnu le 20 novembre 1896 et légitimé par le mariage célébré à Lille le 17 mai 1897 de celle-ci et de son père, plombier. Orphelin à l’âge de sept ans, il revint dans la Marne d’où sa famille était originaire et apprit à Ay le métier de cordonnier. Il exerça cette profession à Port-à-Binson, Vertus, Dormans avant de se fixer à Châlons-sur-Marne où il se maria le 14 février 1925.
Lucien Draveny, mobilisé en avril 1915, fut versé dans les services auxiliaires par la commission de réforme, mais demanda à passer dans le service armé et fit la guerre de 1914-1918 dans les tirailleurs marocains. Il en revint avec la Croix de guerre, la Croix du Combattant et deux citations. Dès sa démobilisation en 1919 il adhéra au Parti socialiste. Il regretta la scission de Tours, mais demeura à la SFIO. En 1936, il appartenait à la tendance Zyromski* qui cherchait un rapprochement avec le Parti communiste ; il était alors secrétaire adjoint de la fédération socialiste de la Marne (fonction qu’il occupait déjà en 1931) et collaborateur efficace du secrétaire Émile Vanrullen*, professeur à Châlons-sur-Marne.
En 1938 Draveny fut, avec Pain, Dlévaque*, Denis et Waharte, l’un des négociateurs qui, sur le plan local, recherchèrent un accord de fusion des mouvements avec les militants mandatés du Parti communiste. L’accord fut conclu le 30 juin 1938. Mais les négociateurs furent désavoués par la fédération socialiste. Draveny fut exclu de la SFIO le 24 juillet 1938 par la commission fédérale des conflits, sentence confirmée le 4 novembre 1938 par la CNC puis par le conseil national de mars 1939. Exclu pour « indiscipline répétée, violation des décisions des congrès et conseils nationaux (...), par la création à Châlons-sur-Marne d’une section d’un parti dit "parti unique de la classe ouvrière châlonnaise" ». Mais, il le fut pour peu de temps et il fut bientôt désigné secrétaire de la fédération socialiste de la Marne.
Pendant l’Occupation, Lucien Draveny eut une activité résistante à partir de 1942. Il réorganisa dans la clandestinité le Parti socialiste, préparant la première réunion clandestine socialiste dans le département fin 1941. Il fut durant un mois détenu par la Gestapo en juin 1944, mais relâché faute de preuves. À la Libération, président du NAP il fut membre de la délégation spéciale chargée d’administrer la ville de Châlons sous la direction de Dlévaque et, en mai 1945, fut élu troisième adjoint au maire ; il demeura dans l’assemblée municipale jusqu’en 1953. Il fut secrétaire de la fédération socialiste de la Marne de septembre 1944 à août 1946 et candidat de ce parti dans le canton de Chalons en 1945.
Tête de liste socialiste aux élections aux Assemblées constituantes d’octobre 1945 et juin 1946, Draveny obtint l’unique siège dévolu aux socialistes dans le département de la Marne, avec 45 238 suffrages sur 175 417 exprimés. Il siégea de même façon à l’Assemblée nationale en novembre 1946 et juin 1951, grâce aux apparentements à ce dernier scrutin. Le nombre de voix obtenu par sa liste ne cessait de diminuer, le 17 juin 1951, il n’était plus que de 19 639 voix sur 175 364 suffrages exprimés.
Draveny, député très actif et assidu fut nommé membre de la commission des affaires économiques et fit également partie de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de guerre à la deuxième constituante, puis aux commissions de la comptabilité en 1947-1951, des boissons en 1951 et des immunités parlementaire en 1950-1951. Il fut nommé juré à la Haute cour de justice en 1947 et 1948. Il avait voté la formation du Conseil de l’Europe et le pacte Atlantique, puis fut discipliné les 19 février 1952, 30 août et 30 décembre 1954 sur la question de la Communauté européenne de défense puis sur les accords de Paris. Mais, il a été l’un des 58 députés socialistes opposés à la Communauté européenne de défense (CED) le 30 août entraînant l’échec du projet. Un de ses tracts électoraux mettait en avant le fait qu’il détenait le record de l’assiduité aux séances de l’Assemblée et aux réunions du groupe parlementaire socialiste. Dans ces assemblées il appartint à la commission des affaires économiques et à celle des pensions. Il intervint particulièrement pour défendre les droits des artisans. Il proposa notamment une réglementation de la profession de coiffeur et la reconnaissance fiscale de l’activité professionnelle de la femme commerçante travaillant avec son mari. Mais on le vit également défendre les petits vignerons victimes des calamités atmosphériques et les victimes de la guerre. Écarté de l’Assemblée nationale en 1956, il quitta la vie publique et trouva une activité commerciale à Paris après avoir été directeur du Travail.
Lucien Draveny était chevalier de la Légion d’honneur (1982), titulaire de la médaille militaire (1956) et a été décoré de la Rosette de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22948, notice DRAVENY Lucien, Auguste par Georges Clause, Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Georges Clause, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/112/B. F/1cII/294. — Arch. Ass. Nat. — Archives de l’OURS, dossier Draveny, correspondance Marne et A7/96 MM. — Arch. FNSP, 3 MA 28. — L’Union (Reims), 7 novembre 1946. — B. Barberousse, Le Front populaire à Châlons-sur-Marne, op. cit. — La vie du parti, mars 1939. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1956. — DPF, tome 3. — État civil de Lille, 15 février 1985.

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