DREYFUS Georges. Pseudonyme : DUFRENNE

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Gorand

Né le 2 avril 1901 à Vesoul (Haute-Saône), mort en action le 30 août 1944 à Neuillay-les-Bois (Indre) ; ingénieur chimiste ; militant et conseiller municipal communiste de Draveil (Seine-et-Oise, Essonne) ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant Front national et FTPF.

Cliché de Martine Garcin

Fils de Jacques Dreyfus et de Julie Schwab, Georges Dreyfus naquit dans une famille juive. Mais, tenait à préciser sa femme Georgette Guégen-Dreyfus : « Georges est Français, satisfait de l’être, car il croit à la Révolution française, à 1848, à la Commune de Paris et à la Raison. » À la fin de ses études universitaires d’ingénieur chimiste, il travailla comme sous-directeur d’une usine de papier appartenant à un parent. Le Secours rouge international (SRI). — dont il était membre. — lui demanda de « camoufler des ouvriers métallurgistes ». La police l’identifia le 15 juillet 1931 à l’assemblée générale des Rabcors réunie salle Bellevilloise dans le XXe arr. (voir Guillaume Edm*). Il habitait alors 13 quai de l’Industrie à Athis-Mons (Seine-et-Oise). Il entra au Parti communiste avec son épouse à la fin de l’année 1932. L’Humanité publia en feuilleton son roman de son épouse Georgette Guégen-Dreyfus intitulé Tu seras ouvrier. La traduction du livre en russe et sa publication lui permirent de passer plusieurs mois en URSS vers 1936. Depuis quatre ans, il faisait paraître Russie d’aujourd’hui, revue à laquelle il apportait sa collaboration sous le nom de Dufrenne. Au IIIe congrès des Amis de l’URSS tenu à la Bellevilloise les 21-22 septembre 1933, il présenta un rapport sur « l’URSS en 1933 ».

Élu conseiller municipal communiste le 12 mai 1935 à Draveil (Essonne), le 24 octobre 1936, G. Dreyfus partit comme volontaire en Espagne où il combattit sous les ordres de Jules Decaux. Il semble que pour des raisons de santé. - il était réformé de l’armée française. - il se soit consacré surtout à des tâches politiques et administratives au SRI. Il travailla comme secrétaire du Centre de rééducation des mutilés de Manora. Un rapport de Nenov fait état d’un conflit avec Marty qui aboutit à son exclusion provisoire :

« Dreyfus Georges. - français, juif, membre du PC d’Espagne. Auparavant, membre du PCF, actuellement il lui a été refusé la carte du PCF. Il est en Espagne depuis 1936. Dans un premier temps il travaillait dans la censure. D’après ses dires, les travailleurs de la censure ont organisé une cellule de parti, ils ont élaboré une résolution qu’ils (Dreyfus et le secrétaire de la cellule) ont envoyé à Marty. Le camarade Marty indigné par cet acte et dit à Dreyfus de retourner en France dès le lendemain. Et en effet, le lendemain, Dreyfus reçu les documents pour partir en France. Mais à Barcelone ou à Valence, il fut arrêté au même temps qu’un autre groupe (à ce moment l’entrée en France était interdite) et il fut incarcéré avec les criminels politiques pendant près d’un mois. Puis les services d’instructions l’ont libéré et l’ont renvoyé à la base. Dans un document de l’instruction il est dit qu’il n’y a aucun fait pour accuser en quoi que ce soit Dreyfus. Depuis ce temps il travail toujours avec moi (Nenov). Je n’ai absolument rien remarqué d’antipathique chez lui. Au contraire, il a toujours montré une bonne vigilance de parti. De nombreuses fois je l’ai interrogé s’il y avait quelque chose pour la quelle Marty l’a chassé. Mais il réfutait tout autre motif. Si, effectivement, il n’y a pas d’autres motifs que celui d’avoir organisé une cellule de parti dans la censure qui a provoqué l’indignation de Marty, je considère qu’il est injuste de l’exclure du PCF. » (rapport de Nenov. 1939, RGASPI 495 270 6499)

Son épouse était restée en URSS. Rentré à Paris vers l’été 1938, Dreyfus entra au Palais de la Découverte, section « Espace », au début de l’année 1939. Il faisait des démonstrations.

L’armée annula sa réforme et l’envoya dans l’artillerie montée à Vannes. En juillet 1940 il rejoignit sa femme Georgette et devint secrétaire départemental de l’Union générale des israélites de France (UGIF). Pendant l’été 1943 il fut emprisonné, cellule n°1, au « cabanon » de l’hôpital de Châteauroux ; après sa sortie, recherché par la Gestapo il fut contraint à la clandestinité en octobre 1943, participa à la création du Front National (de tendance communiste) dans l’Indre en novembre 1943 et il en devint le premier Secrétaire, le président étant Roger Cazala ; il rejoignit les Francs-Tireurs et Partisans en janvier 1944, à Dampierre, devenant le Lieutenant « Paul » puis les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) et fut nommé Capitaine ; au retour d’une mission en Brenne il tomba sur un groupe d’Hindous, encadré par les Allemands, de la colonne Elster et fut tué vers midi au bourg de Neuillay-les-Bois, avec son chauffeur Raymond Guesnier*. « Mort pour la France ». Déclaration de décès le 13 septembre de Ludovic Chaudron, Colonel, demeurant à Neuillay-les-Bois.

Georgette Guégen-Dreyfus dirigea le secrétariat du Front national de l’Indre, fut journaliste et écrivit un ouvrage sur la Résistance (voir Sources).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22968, notice DREYFUS Georges. Pseudonyme : DUFRENNE par Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Gorand, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 avril 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Michel Gorand

Cliché de Martine Garcin
Cliché Martine Garcin

SOURCES : RGASPI, 495 270 6499. — Arch. PPo., Ba/1717, le 19 juillet 1931. — Cahiers de l’I.M.Th., n° 23, 3e trimestre 1971. — F. Grenier, Ce Bonheur-là, p. 142-143. — M. Jouanneau, L’Organisation de la Résistance dans l’Indre, Franconville, 1975. — Georgette Guégen-Dreyfus, Résistance Indre et vallée du Cher, Paris, Éditions sociales, 1972. — Maroussia Naïtchenko, Une jeune fille en guerre. La Lutte antifasciste d’une génération, Témoignage, Imago, 2003, p. 156-157. — Combats des maquisards Indre été 1944, ANACR Indre, 2012. — .Site " draveil-resistance.com " (notes de Martine Garcin).— N° 12 du registre des décès de Neuillay les Bois.

ICONOGRAPHIE : G. Cogniot, Parti pris, t. 1, op. cit. — G. Guégen-Dreyfus, op. cit., t. II, p. 32.

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