VAGNERON Georges

Par Jean Charles

Né le 27 septembre 1893 à Besançon (Doubs), mort le 2 octobre 1965 ; ouvrier plombier-zingueur ; miltiant syndicaliste révolutionnaire ; secrétaire du syndicat autonome du Bâtiment de Besançon et fondateur de la Maison du peuple (1932) ; membre de la commision administrative de la CGT (1948-1963).

Fils d’une blanchisseuse et d’un ouvrier ébéniste, Georges Vagneron, après un apprentissage d’ouvrier ferblantier ferblantier chez des petits patrons, adhéra le 1er mai 1910 au syndicat des ferblantiers de Besançon. Démobilisé fin 1919, il exerça ses premières responsabilités en réorganisant son syndicat. Celui-ci soutint une grève de plusieurs mois en 1920 et Georges Vagneron organisa un atelier coopératif qui exécuta des travaux à l’extérieur de Besançon pour le compte du comité de grève, ce qui permit le versement de petites indemnités journalières aux grévistes. La même année, Émile Baigue, dirigeant local du Parti socialiste, décida de transformer son fonds de ferblantier en société coopérative de plomberie-zinguerie-couverture, avec l’aide de militants syndicalistes. Vagneron, nommé président de la
société, tenta d’y maintenir l’esprit syndicaliste mais la coopérative ne répondit pas aux espoirs mis en elle. Cet attachement aux formules coopératives caractérisa longtemps son action. En 1930, une grève des plombiers-zingueurs lui fournit à nouveau l’occasion d’organiser un atelier coopératif qui regroupa les grévistes et leur permit de remporter un franc succès.
En 1920, Vagneron avait joué un grand rôle dans le regroupement des sections syndicales du Bâtiment de Besançon en un syndicat unifié. En octobre 1920, celui-ci adhéra aux Comités syndicalistes révolutionnaires et se donna une direction « minoritaire » avec Vagneron comme secrétaire. Au congrès de l’Union départementale de mars 1921,il fut élu membre de la commission administrative d’une U.D. qui, comme Léopold Cazals, inclinait vers la minorité. Au comité fédéral de l’U.D. du 9 décembre 1921, le syndicat du Bâtiment vota pour la participation au congrès extraordinaire organisé, en réponse aux exclusions, par la minorité avec, pour mandat, le retrait des organisations des CSR.
Après la scission, ce syndicat adhéra à la CGTU et Vagneron, délégué au congrès de Saint- Étienne, vota pour la motion de Pierre Besnard. Au
congrès de l’Union des syndicats unitaires du Doubs, du Haut-Rhin et de la Haute-Saône (4 juin 1922), Vagneron fut élu secrétaire adjoint derrière Cazals. Quand celui-d devint secrétaire confédéral au congrès de Saint-Étienne, puis fut emprisonné début de 1923 pour sa participation à la conférence d’Essen, Vagneron assura de fait la direction de l’Union. Sur le plan local, il réussit à maintenir de bons rapports avec l’Union locale CGT. Dès 1922, des actions communes contre la vie chère
lurent organisées et le ler Mai 1923 fut célébré en commun. Membre de la SFIO avant Tours, Vagneron suivit le groupe socialiste bisontin, jusque-là « recons-tructeur », dans son adhésion au Parti communiste.11 fut même membre, au milieu de 1921, de la commission exécutive de la Fédération communiste du Doubs. Il se rapprocha ensuite de la SFIO sans y adhérer et figura sur la liste socialiste aux municipales de mai 1935.
Entre-temps, en janvier 1925, sous l’impulsion de Vagneron, le syndicat du Bâtiment rejoignit dans l’autonomie le gros de sa fédération. Au Xe congrès de cette fédération autonome (Lyon, juin 1925), Vagneron intervint au nom « d’une organisation qui a su garder dans son sein des unitaires, des autonomes et des confédérés », II se déclara partisan de liaisons locales avant d’envisager l’unité et affirma que les autonomes devaient servir de « trait d’union » entre unitaires et confédérés, déposant une motion en ce sens. À ce même congrès, il devint délégué régional de la 10° région (Bourgogne et Franche-Comté). Son syndicat, qui suivit en 1927 la Fédération autonome du Bâtiment à la CGT-SR, fut néanmoin représenté à la commission exécutive de l’UL-CGT avec voix consultative. En janvier 1928, c’est sous l’impulsion de Vagneron que, par souci d’efficacité, il rentra à la CGT.
La création d’une Maison des syndicats avait été projetée dès avant 1914. En mai 1923, Georges Vagneron et Auguste Jouchoux fondèrent un Groupe des amis de la Maison du peuple. Sans aucun appui municipal et, au départ, dans la relative indifférence des syndicats qui ne croyaient pas à l’entreprise, ce groupe réunit les fonds nécessaires. Lès locaux de la Maison du peuple, sous forme de coopérative ouvrière, furent inaugurés le 12 juin 1932 en présence de
Léon Jouhaux. En 1930, Vagneron devint membre du conseil d’administration de la caisse d’Assurances sociales « Le Travail ». Préoccupé par les problèmes de protection sociale, il devait être plus tard président du conseil d’administration de la caisse primaire de Sécurité sociale de Besançon en 1946, membre des directions des caisses régionale et nationale, puis du conseil d’administration de la Fédération nationale des organismes de Sécurité sociale.
En 1936, Vagneron était devenu permanent de la 25° région de la Fédération du Bâtiment réunifiée et le demeura jusqu’au début de 1939. Son action le mettant alors dans l’impossibilité de retrouver un travail de plombier-zingueur, il trouva un petit
emploi dans les services de la préfecture du Doubs. Il l’exerça jusqu’à sa retraite mais demeura néanmoins affilié au syndicat du Bâtiment.
Après le Pacte germano-soviétique, il se prononça, aussi bien dans son syndicat qu’à la commission administrative de l’U.D. du 15 novembre 1939 pour l’exclusion des communistes. À la veille de l’occupation allemande, Vagneron détruisit, à l’Union départementale, des papiers compromettants. Hostile à Adrien Jeannin, secrétaire de l’U.D. qui avait cautionné la Charte du travail, il s’employa à la reconstitution des syndicats. En 1943, il fut à l’origine d’un petit congrès clandestin en présence de Louis Saillant.
En 1946, Vagneron devint secrétaire général non permanent d’une Union départementale dirigée par les ex-confédérés. Dans les organismes régionaux comme au CCN, il vota la plupart du temps dans le sens de la tendance Force Ouvrière. Mais à la scission, il refusa les sollicitations de ce courant et fut à l’origine d’un texte appelant à demeurer à la CGT. Cette attitude contribua beaucoup à limiter les départs et à la faiblesse de l’implantation de la CGT-FO dans le Doubs. Aussi
fut-il de ceux qui accédèrent à des responsabilités nationales, parce qu’ils incarnaient le maintien de la diversité de la CGT. En octobre 1948, le CCN l’élut à la commission administrative de la CGT.
Lié à Benoit Frachon, il y demeura jusqu’au XXXlV* congrès (mai 1963) qui le salua en un message particulièrement chaleureux.
En février 1965, il adhéra au PCF tout en continuant à être actif dans les organisations de retraités C.G.T.

Son fils, André Vagneron, instituteur fut un actif militant du Doubs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229692, notice VAGNERON Georges par Jean Charles, version mise en ligne le 27 juin 2020, dernière modification le 27 juin 2020.

Par Jean Charles

SOURCES : Arch. Dép. Doubs, 121 W 9. — Arch. Maison du peuple, R 3 B. —J.-P. Boccard, Le Mouvement syndical à Besançon de 1914à 1936, DES, Besançon, 1963.— C. Cuenot, La CGT dans le Doubs : l’Union départementale de 1944 à 1950, M.M., Besançon, 1990.— Cr. des congrès cités. — Arch. André Vagneron. — Témoignages d’A. Vagneron et Robert Charles. — Claude Cuenot, Ouvriers et mouvement ouvrier dans le Doubs de la Première Guerre mondiale au début des années 1950, Besançon, Presses universitaire de France-Comté, 2020.

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