ARGIOLAS Paulette [née TASSY Paulette, Louise, Valentine]

Par Renaud Poulain-Argiolas

Née le 31 juillet 1931 à Peynier (Bouches-du-Rhône), morte le 7 mars 2021 à Miramas (Bouches-du-Rhône) ; femme au foyer ; militante communiste des Bouches-du-Rhône (Port-de-Bouc, Istres, Miramas) et de Montélimar (Drôme), membre des comités de section de Port-de-Bouc et Miramas et du comité de l’UFF de Miramas ; militante mutualiste et associative.

Lyon, mai 1948
Lyon, mai 1948
IIe congrès de l’UJRF. Rassemblement, place Bellecour. Militants du cercle Ayala de Port-de-Bouc. Au milieu : Paulette Tassy. A gauche : Antoine Santoru. A droite : Jean-Marie Argiolas.

Paulette Tassy était la fille de Marius Tassy, né à Marseille et cheminot à Miramas à la compagnie PLM. Membre de la CGT et du PCF clandestin, il avait participé sous l’Occupation à la résistance cheminote à Caronte (Martigues). Sa mère, Juliette Marsiglia, était née à Aix-en-Provence et issue d’une famille de bouchers. Même si ses parents vivaient à Miramas, Paulette vit le jour à Peynier chez Pauline Bourges, sa grand-mère maternelle.

Son père avait sympathisé avec les oncles de leur propriétaire de Miramas, les frères Gavaudan (voir Edouard Gavaudan). Après son travail de cheminot, il les aidait à faire les foins dans leur champ, à l’emplacement actuel du stade Méano. La fillette accompagnait son père sur une charrette tirée par un âne. A cette époque, Miramas était une commune rurale où l’activité industrielle se concentrait surtout autour de la gare. Rédigeant ses souvenirs en 2000, Paulette Argiolas y évoquait des éléments de son enfance qui marquèrent profondément sa vision du monde, à commencer par son attachement à ses racines. Ses parents, qui connaissaient peu de monde à Miramas, se lièrent d’abord avec les ruraux originaires de Peynier. L’été la famille partait en vacances chez la grand-mère Bourges, qui faisait quatre kilomètres à pied pour les attendre à la gare, en poussant une brouette pour porter leurs bagages. Une vie humble sur fond de travaux des champs pour les hommes, de lessive à genoux au lavoir pour les femmes, de linge étendu dans le pré et pour l’enfant de jeux insouciants avec ses cousines.
Les grèves eurent également une grande influence sur elle. C’était des moments de joie, car son père cheminot, souvent gréviste entre 1936 et 1938, la dispensait alors d’aller à l’école. Elle s’imprégna aussi des conflits entre visions du monde divergentes, assistant aux querelles entre son père, militant actif, et sa tante, religieuse, concernant l’ordre social et ses possibilités de changements. La déclaration de guerre de septembre 1939 tomba comme un coup de tonnerre.

Marius Tassy fut mobilisé pendant six mois en 1940. Durant cette période, Paulette vécut avec sa mère, son petit frère Yves et leur grand-mère à Peynier. Il semble que la compagnie de chemins de fer aurait mis le cheminot à l’index, car en mai 1940 elle demanda à Juliette Tassy de renvoyer des permis de transport qui lui permettaient à elle et ses enfants de voyager gratuitement sur le réseau ferré. L’épouse Tassy refusa. Quelques temps plus tard PLM (devenue officiellement SNCF) envoya cinq hommes de la police ferroviaire, « la Cinquième », pour fouiller la maison en se faisant passer pour des assureurs. Marius Tassy était suspecté d’avoir volé la moitié d’une locomotive, un grief ressemblant à un mensonge assez grossier. D’après sa fille, le vrai motif de la perquisition aurait été l’appartenance connue du cheminot à la CGT d’avant la guerre. Les hommes ne trouvèrent évidemment rien.

L’expérience d’une communion voulue par Juliette Tassy, la mère de Paulette en juin 1942, où l’enfant dût subir les punitions humiliantes de la responsable catholique, l’éloigna définitivement de la religion.
En août 1942, la famille déménagea à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), car le travail de Marius Tassy lui donnait droit à un logement aux cités SNCF, un lieu de vie plus confortable accompagné d’un grand jardin où il cultiva un potager. A partir de novembre, moment où l’armée allemande franchit la ligne de démarcation, Paulette fut régulièrement effrayée à la vue des soldats allemands qu’elle croisait dans le train, jetant leurs bagages dans le couloir, avec leurs armes et leurs gros fusils-mitrailleurs. Elle avait douze ans. L’autorité occupante ayant exigé l’évacuation des enfants, la mère et les enfants Tassy s’installèrent chez la grand-mère Bourges à Fuveau, où elle avait emménagé suite au décès de son mari.
Le 18 août 1944, jour de la libération du village, Paulette marcha plusieurs kilomètres avec sa mère et son frère jusqu’à la Nationale 7 pour voir passer les troupes de libération se dirigeant vers Marseille. Son oncle Étienne Marsiglia, qui avait rejoint un groupe de FFI, envoya le frère de Paulette chercher quelque chose dans le grenier. L’enfant mit malencontreusement la main sur un détonateur. Paulette eut tout juste le temps d’emporter son petit frère, qui ne fut que légèrement blessé par l’explosion.
A la fin de la guerre, la famille retrouva son foyer de Port-de-Bouc. Paulette travailla à enfiler des perles pour une entreprise de fleurs et couronnes mortuaires, payée à la tâche. Bien qu’elle voulait apprendre la coiffure, sa mère la mit au centre d’apprentissage André Agaultier pour apprendre la couture comme elle. Elle y rencontra Sophie Trunfio (nièce du résistant Filippo Pappatico), avec qui elle resta amie durant toute sa vie.

Paulette Tassy baignait dans les discussions des militants qui fréquentaient son domicile familial, comme Charles Scarpelli, ancien responsable du PCF clandestin, César Cauvin et Carrière, membres du triangle auquel Tassy avait appartenu, ou encore Zé Nunez*. Elle fréquenta le cinéma les Variétés, dans lequel avaient lieu des débats politiques passionnés animés par Clément Mille, qui se prolongeaient souvent en discussions interminables sur le trottoir. C’est son père, militant au PCF, qui lui fit découvrir Filles de France, le journal de l’Union des Jeunes Filles de France (UJFF). Prenant contact avec la publication, elle y rencontra Pascaline Argiolas, responsable d’un cercle de l’UJFF à Port-de-Bouc, et intégra le groupe vers 1947. Elle évoquait en 2000 les tâches qu’elle devait régulièrement accomplir en tant que militante, comme les cartes d’adhésion à faire remplir et les ventes de masse du journal.
Participant aux activités de l’UJRF, elle côtoya Paul Argiolas, frère de Pascaline, qui était un des responsables locaux, et prit part au groupe artistique qui s’y constitua. Elle proposa de lui donner le nom d’Henri Martin, jeune marin qui avait refusé de faire la guerre d’Indochine. Une pièce de théâtre fut écrite par M. Rambaldi pour les jeunes militants, « Les Oignons de Mélanie ». Le spectacle fut joué dans le cinéma, avec à l’affiche notamment Éliette Palpant, Antoine Bou, « Fifi » (Joséphine) Ros*, Antoine Santoru*, Henri Jaubert, Henri Pontet et Paulette Tassy, et fit salle comble. Paulette était aussi chargée des sorties des Vaillants à la campagne, avec notamment Kullia Vittorello.

Du 6 au 9 mai 1948, elle se rendit au IIe congrès de l’UJRF à Lyon avec Jean-Marie Argiolas, frère de Paul et Pascaline. Elle adhéra cette année-là au PCF, le jour de la venue de Jeannette Vermeersch à Port-de-Bouc.
L’année suivante elle était membre du comité de section de la ville, dans lequel elle côtoya Georges Lazzarino et retrouva Charles Scarpelli ainsi que des camarades de l’UJRF et de l’UJFF.
En 1949, elle fut mobilisée par le grand mouvement de solidarité avec les ouvriers des Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) lors du lock-out opéré par leur direction. Après quatre mois de bras de fer, cette dernière saisit l’occasion de se débarrasser des leaders syndicaux et militants politiques connus comme Paul Argiolas.
En février 1950, elle fut ébranlée par la catastrophe de la rue Albert Rey, où un bac d’acide de l’usine Saint-Gobain, qui avait cédé, noya une rue et tua une femme âgée et les trois fillettes de Delphine Giovannini. Cette expérience la marqua d’autant plus qu’elle dut participer à l’habillage des cercueils avec du tulle.

Une fois ses trois années de formation en couture achevées, elle ne trouva pas pour autant d’emploi durable, à part quelques menus travaux, tout en portant en parallèle le journal La Marseillaise à domicile et en allant faire les encaissements à vélo.
Vers 1949, elle prépara avec une camarade un repas pour la venue d’Ambroise Croizat à Port-de-Bouc. Elle avait une grande admiration pour le « Ministre des Travailleurs », mais, intimidée, elle partit avant son arrivée pour éviter de le croiser. Elle vouait également une grande admiration à une militante communiste et du droit des femmes, Danielle Casanova.
Du 13 au 20 août 1950, elle participa avec Jean-Marie Argiolas à une Rencontre Internationale de la Jeunesse à Nice, organisée par le Mouvement de la Paix, qui rassembla de jeunes militants français et italiens pour l’interdiction de l’arme atomique.
En mars 1951, Paulette Tassy et Jean-Marie Argiolas se fiançaient en présence d’Antoine Santoru* et de Fifi Ros*, sa future femme (elle fut plus tard conseillère municipale communiste sous la municipalité de René Rieubon). Ils se marièrent en septembre.
Entre 1951 à 1953, ils vécurent dix-huit mois à Istres, dans un deux-pièces chez des camarades, Félix et Flora Pizzella. Militants à la cellule Gabriel Péri, au PCF d’Istres ils côtoyèrent notamment Raymond Blanc, qui fut plus tard secrétaire de la section de Miramas.

En octobre 1952, ils eurent une fille, Brigitte, née à la maternité des CAP de Port-de-Bouc, ouverte quelques mois plus tôt. Ils emménagèrent en 1954 dans le quartier de la Tranchée à Port-de-Bouc. Paulette et Jean-Marie retrouvèrent comme voisins leurs camarades Fifi Ros* et Antoine Santoru*, à présent mariés et parents comme eux.
Ils déménagèrent à nouveau en février 1956 pour un logement en cité SNCF, boulevard Pierre Semard, que Jean-Marie avait demandé par son travail. En juin, un deuxième enfant, Serge, vint agrandir la famille.
Le frère de Paulette, Yves Tassy, fut mobilisé en 1957 pour la guerre d’Algérie. Elle participa à plusieurs actions de femmes pour exiger la paix en Algérie. Lors de l’hiver 1957, par exemple, elle fit partie d’une délégation de mères et de femmes de soldats de Martigues et Port-de-Bouc reçue par le conseiller général puis le préfet des Bouches-du-Rhône. Elles apportaient une liste de résolutions pour la paix signée par 84 mères.
Au cours de l’hiver 1958, elle participa avec l’UFF de Port-de-Bouc à un rallye de ballons pour la paix en Algérie. Bon nombre de ces femmes appartenaient à des familles connues pour leur engagement militant : Fifi Domenech (femme d’Albert Domenech), sa fille Yvette (future belle-sœur de Paulette), Fifi Santoru*, Madame Fancello (belle-mère de la précédente), ainsi que Delphine Giovannini.
En mars 1959, les Argiolas eurent un troisième enfant, Fabien. Quelques mois plus tard, la famille déménagea à Montélimar (Drôme), puis un an après à nouveau à Miramas où Jean-Marie avait été embauché dans le cadre de l’électrification de la ligne SNCF Arles-Miramas-Marseille. Le 14 juillet 1960, ils s’installaient au 6, rue Henri Lang de la Cité Fontlongue, fraîchement construite pour y loger des employés de la SNCF. Ils gardèrent cette même adresse pendant soixante ans.

Au PCF de Miramas ils retrouvèrent Raymond Blanc, qui y était devenu secrétaire de section. Les enfants Argiolas fréquentèrent le centre de jeunesse SNCF, puis les colonies de vacances de la SNCF.
Le 22 avril 1961, juste après les noces d’Yves Tassy (le frère de Paulette) avec Yvette Domenech, le couple Argiolas se rendit au meeting contre les "généraux factieux" d’Alger devant la mairie de Port-de-Bouc.
En mars 1965, le PCF présenta Paulette Argiolas au premier tour des élections municipales à Miramas, sur la liste du menuisier Louis Cote, aux côtés de dix cheminots et de deux autres femmes, Yvonne Astier et Denise Clément. Le parti voulait mettre en avant des candidatures féminines, à la différence des listes socialiste et de droite qui ne présentaient qu’une seule femme. L’instituteur Georges Thorrand, présent sur la même liste, sera élu maire de Miramas en 1977.
Au 2e tour une alliance fut réalisée avec la liste socialiste, voyant le remplacement dans la liste commune des autres femmes présentées au 1er tour pour intégrer des éléments de la liste de la SFIO. Paulette Argiolas resta cependant candidate. Ce fut finalement la liste du médecin Pierre Tristani UDR qui l’emporta.
Elle fut active dans l’Association des parents d’élèves Cornec, notamment avec Denise Clément, les deux femmes ayant des enfants nés la même année.

En mai-juin 1968, elle fit partie avec Denise Clément et Juliette Demory des militantes qui mirent sur pied le comité de soutien des femmes de grévistes. Ce comité organisa une manifestation rassemblant de 140 à 150 femmes, chiffre conséquent pour une ville comme Miramas. Le cheminot communiste René Caramini filma une courte séquence de manifestation du comité des femmes avec sa caméra Super 8. Cette séquence fut reprise dans le film de la documentariste Virginie Linhardt, La Saga du rail, en 2020.
Les femmes du comité participèrent activement à l’organisation de la soupe populaire lancée par la CGT pour les grévistes privés de salaires. Les hommes allaient dans les fermes environnantes chercher des légumes donnés par les les producteurs solidaires du mouvement, tandis que les femmes faisaient à manger. Denise Clément était impliquée dans l’organisation et les collectes, Paulette Argiolas prenait part à la distribution.
D’après le témoignage de Denise Clément en 2021, tout en ayant des caractères très différents, les deux femmes étaient très liées. D’abord par leurs principes, qui passaient par la fidélité conjugale et la fidélité au Parti communiste. Sur le plan politique, elles militèrent longtemps ensemble. De 1963 à 1981-82, elles diffusèrent des tracts sur toute la zone des cités SNCF (de la coopérative SNCF à la rue Henri Lang), un périmètre important qu’elles couvraient après le repas du soir, quand elles pouvaient se libérer de leurs obligations familiales. Paulette avait préalablement mis à contribution ses enfants pour le pliage des tracts à distribuer.

En mars 1969, Paulette Argiolas fit partie des fondatrices, toujours avec Denise Clément et quelques autres, du comité de l’Union des Femmes Françaises (UFF) de Miramas, qui comptait la première année 30 membres. En septembre 1972, Heures claires, la revue de l’organisation, consacra un article de 2 pages au comité de Miramas à l’occasion du congrès national. Paulette Argiolas y était mise en avant avec plusieurs de ses camarades, dont Juliette Demory, Denise Clément, Mimi Xéridat, Simone Gachon, Danièle Juana, Rosette Caramini et Marie-Claire Pédinielli.
En juin 1972, le comité local comptait 140 membres. Les militantes organisaient deux réunions lorsqu’elles se réunissaient (une la journée pour les ménagères et une autre le soir pour les travailleuses), une kermesse de 3 jours lors de la Fête des Mères, une fête pour la Journée internationale des Femmes, une autre pour la revue Heures claires ainsi que pour d’autres occasions. Elles tenaient des stands lors des ferrades (fêtes provençales pour le marquage au fer des jeunes taureaux), vendant la revue de l’organisation, des petits travaux faits à la main, du linge et de l’artisanat local qui leur était laissé en dépôt-vente. En 1972, l’UFF de Miramas organisa un concours de dessins d’enfants pour la sauvegarde de la nature.
En novembre 1972, Paulette Argiolas était membre du Collectif Féminin de la Commission Fédérale des Bouches-du-Rhône. Elle reçut à ce titre un courrier d’Ange Colombi, le secrétaire Fédéral, l’invitant à se rendre à une réunion

Selon Denise Clément, alors en charge des Affaires sociales sous la municipalité de Georges Thorrand, Paulette Argiolas joua un rôle important dans la bataille pour l’acquisition d’un centre de santé mutualiste à Miramas. A la fin des années 1970, la Mutuelle Familiale (affiliée à l’UDMT) avait connu un fort développement, mais ses adhérents locaux devaient alors parcourir 20 à 30 km jusqu’à Berre-l’Étang ou Port-de-Bouc pour avoir accès à un centre de santé.
En 1979, une consultation de la population de grande ampleur fut lancée sous forme de questionnaires adressés aux adhérents de la Mutuelle Familiale et de la Mutuelle des Cheminots. Denise Clément et Paulette Argiolas (accompagnées de beaucoup d’autres) formèrent le noyau dur de la bataille. La consultation révélant un fort intérêt dans la population, d’autres sondages suivirent, mobilisant toujours plus d’habitants. En 1984, la création du centre fut votée au conseil municipal, sa gestion devant être confiée à l’UDMT (Mutuelle des Travailleurs), et en 1986 l’État donnait son accord et débloquait des fonds.
Le projet mobilisa cependant une opposition persévérante, dont celle des médecins libéraux de la commune, craignant de perdre leurs patients, puis du président du Conseil régional de PACA (Jean-Claude Gaudin), interférant auprès de la ministre de la Santé (Michèle Barzach), et du préfet pour interdire l’ouverture du centre après la pose de la première pierre en 1987.
Suite à la signature de milliers de télégrammes de soutien et d’une manifestation d’environ 500 partisans du projet sur le Vieux Port de Marseille en mars 1988, le centre de santé fut finalement inauguré en décembre.
En décembre 1997, la Fédération des Mutuelles de France remettra à Paulette Argiolas la médaille des Mutuelles de France pour son engagement dans la cause du mouvement mutualiste.

Pendant plusieurs décennies, elle s’impliqua dans l’organisation des fêtes du Parti communiste : les lotos de la section de Miramas, la fête du journal régional La Marseillaise et la Fête de l’Humanité, pour y animer le stand des Bouches-du-Rhône avec son mari. René Caramini, ami et camarade des Argiolas, filma une séquence d’un quart d’heure avec sa caméra Super 8 dans lequel on la voit cuisiner pour les visiteurs de leur stand en 1970. Cette vidéo se trouve sur le site de Ciné-Archives (fonds audiovisuel du PCF - mouvement ouvrier et démocratique).
Parmi les nombreuses campagnes et manifestations auxquelles elle participa au nom du PCF dans les années 1970-80, on peut citer de manière non exhaustive : la « manifestation pour les libertés » du 26 juin 1975 à Miramas, aux côtés de ses camarades Yvonne Astier, Jean Pédinielli et Éliane Vighetti ; des collectes de soutien aux peuples libanais et palestiniens, victimes de la guerre, en août 1976 ; une action de solidarité avec 60 familles du quartier de La Rousse à Miramas, menacées de coupures d’électricité du fait du chômage et des hausses de loyer auxquels elles étaient confrontées. Lors de cette dernière action elle apparut aux côtés de son mari, de Juliette Demory, Serge Gallès, Roger Juana et Dany Juana. Les époux Juana étaient des amis intimes du couple Argiolas, en plus d’être des camarades. Ils partirent en vacances ensemble durant plusieurs décennies.
Le 12 mars 1982, Paulette Argiolas était présente au rassemblement devant la gare de Miramas à l’occasion de la réintégration de plusieurs cheminots (dont Louis Deluy et Jean Ligé), révoqués en 1947 pour faits de grève, par la loi d’amnistie mise en place par le ministre communiste des Transports Charles Fiterman. Elle y participa avec son époux Jean-Marie et leur petit-fils Renaud.
Au printemps 1983, elle manifestait pour la Paix avec son mari à Marseille, dans le cadre de la campagne initiée par l’ "Appel des 100" contre les fusées Pershings américaines. Ce rassemblement anticipait celui prévu au mois de juin à Vincennes.

Dans les années 1980, elle était trésorière de sa cellule, la cellule Blanc Croizat, issue de la fusion des cellules Isidore Blanc et Ambroise Croizat. Dans les années 1990, elle fut membre du comité de section de Saint-Chamas/Miramas. Probablement à ce titre, elle remit en février 1993 un chèque de 4000 F à Paul Biaggini, directeur général de La Marseillaise au nom des cellules de Miramas, suite à une campagne de soutien financier.
Elle fut de toutes les campagnes électorales du PCF de Miramas, au moins de 1965 à 2001, y compris celles qui se déroulèrent dans un climat d’anticommunisme violent, comme celles contre les candidats de droite successifs Pierre Tristani (UDR) et Pierre Carlin (UDF) lors des municipales.
En janvier 1991, alors que la France envisageait de rejoindre les USA dans la Guerre du Golfe, elle participa à un appel de 50 femmes de Miramas à manifester contre la guerre à Marseille. Parmi elles il y avait notamment ses camarades Yvonne Astier, Denise Clément, Suzanne Gélibert, Lucienne Geymet, Marie-Jeanne Geymet, Marie-Claire Pédinielli*, Fernande Reynaud* et Annette Sabatier.
En février 2003, elle participait avec les cheminots retraités de Miramas à une manifestation de 50 000 personnes à Marseille contre les visées néolibérales à l’encontre du système des retraites menées par François Fillon.

Des années 1980 aux années 2000, elle s’investit dans le militantisme associatif de retraités. D’abord dans l’ARM (Association des Retraités de Miramas), créée sous le premier mandat de la municipalité Thorrand et dont elle fut secrétaire. Cependant suite à la victoire électorale de Pierre Carlin, nouveau maire de droite en 1989, l’association fut considérée comme communiste et la quasi-totalité des membres de son conseil d’administration furent démis de leurs fonctions. Une autre association lui succéda ensuite en 1990, Vivre Notre Temps, dont Serge Sabatier fut le président, Denise Clément la vice-présidente (puis la présidente suite au décès du premier), Simone Gachon la secrétaire et Paulette Argiolas la secrétaire adjointe. Yvonne Astier (membre de l’UFF et du PCF) et Suzanne Gélibert (UFF) furent également impliquées dans la création.
Avec son mari Jean-Marie, elle profita des nombreux séjours de vacances organisés par Vivre Notre Temps à des prix accessibles à tous. A la fin des années 1990, elle prit part aux ateliers d’écriture proposés par l’association. Certains de ses textes furent publiés dans un recueil regroupant des productions de l’ensemble des participants.
Le nom de Paulette Argiolas apparaît dans la liste des contributeurs à un ouvrage collectif sur l’histoire de Miramas, Miramas à travers temps : Quand les anciens témoignent, dirigé par Séverine Justin et édité par Vivre Notre Temps en 2000.

Une longue maladie la fit se retirer progressivement des activités militantes. Elle serait apparue pour la dernière fois en photo dans La Marseillaise en mars 2012 à l’occasion d’une conférence donnée par l’historien Michel Étiévent sur Ambroise Croizat, père de la Sécurité Sociale, à l’Espace Ambroise Croizat de Miramas. Elle se faisait alors dédicacer la biographie d’une grande figure qui avait inspiré tout son parcours militant.

Ses obsèques firent l’objet de deux rassemblements successifs dans les villes où elle fut principalement active, Miramas et Port-de-Bouc, en présence des drapeaux des deux sections du PCF. Denise Clément lui rendit un hommage. Paulette Argiolas est enterrée avec ses parents au cimetière communal de Port-de-Bouc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229739, notice ARGIOLAS Paulette [née TASSY Paulette, Louise, Valentine] par Renaud Poulain-Argiolas , version mise en ligne le 31 mai 2021, dernière modification le 25 mars 2024.

Par Renaud Poulain-Argiolas

Lyon, mai 1948
Lyon, mai 1948
IIe congrès de l’UJRF. Rassemblement, place Bellecour. Militants du cercle Ayala de Port-de-Bouc. Au milieu : Paulette Tassy. A gauche : Antoine Santoru. A droite : Jean-Marie Argiolas.
Port-de-Bouc, 1947
Port-de-Bouc, 1947
Vente de masse de Filles de France. 1ere à gauche au dernier rang : Paulette Tassy. A gauche au premier rang : Pascaline Argiolas, responsable du cercle et Odette Zadro, secrétaire.
Arles, 1951
Arles, 1951
Rassemblement contre la présence américaine à la base aérienne d’Istres. Paulette Argiolas se tient à gauche du groupe de femmes.
Rallye de ballons pour la paix en Algérie, Port-de-Bouc, 1958
Rallye de ballons pour la paix en Algérie, Port-de-Bouc, 1958
En haut à droite : Paulette Argiolas portant son fils Serge dans ses bras. A sa droite : Yvette Domenech. A sa gauche : Fifi Domenech tenant devant elle Brigitte, fille de Paulette Argiolas. A gauche de Fifi Domenech : Delphine Giovannini.
Elections municipales de 1965
Elections municipales de 1965
Photo extraite de L’Unité n°3 (journal de section du PCF de Miramas), à l’occasion des élections municipales.
Miramas, vers 1968
Miramas, vers 1968
Paulette Argiolas devant l’UL CGT avec les syndicalistes René Caramini et Raymond Ferrer.
Fête de l'Humanité, 1970
Fête de l’Humanité, 1970
De gauche à droite : R. Juana, Paulette Argiolas, J.-M. Argiolas, R. Caramini, M.-C. Astier, G. Saulnier.
Miramas, octobre 1980
Miramas, octobre 1980
Vente de masse de La Marseillaise. De gauche à droite : Jean-Marie Argiolas, Paulette Argiolas, Roger Juana, Jeanne Siccardi.
Réintégration des cheminots révoqués, mars 1982
Réintégration des cheminots révoqués, mars 1982
Gare de Miramas, 12 mars 1982. Au micro à gauche : Francis Nardy. A ses côtés Louis Deluy et Jean Ligé. A droite de la photo : Paulette, Jean-Marie Argiolas et leur petit-fils Renaud.
Manifestation pour la Paix, 1995
Manifestation pour la Paix, 1995
Au milieu : Denise Clément. A côté d’elle : Paulette Argiolas. Derrière elles : Dominique Pédinielli.
Manifestation pour les retraites, vers 2003
Manifestation pour les retraites, vers 2003
Paulette Argiolas (au milieu) défilant à Marseille avec les cheminots retraités de la CGT.
Conférence sur Ambroise Croizat, 2012
Conférence sur Ambroise Croizat, 2012
Paulette Argiolas et l’historien Michel Étiévent à Miramas le 24 février 2012 [détail d’une photo tirée de La Marseillaise du 4 mars 2012]
Août 2020, Miramas

ŒUVRE : Collectif, Mots et émotions, Vivre Notre Temps, [sans date].

SOURCES : Listes des candidats de 1965 à Miramas. — Lettre de convocation à une réunion du Collectif Féminin de la Commission Fédérale des Bouches-du-Rhône du 21 novembre 1972. — Tract des femmes de Miramas appelant à la manifestation du 12 janvier 1991 contre la guerre en Irak. — Attestation de remise de Médaille des Mutuelles de France du 12 décembre 1997. — Articles de La Marseillaise : "Pour la paix en Algérie", hiver 1957 ; "Magnifique succès du rallye de ballons pour la paix en Algérie", hiver 1958. — Article de Danièle Jeammet dans Heures claires N°96 (nouvelle série) de septembre 1972. — L’Unité (journal de la section du PCF de Miramas), mars 1981. — Articles de La Marseillaise : "Miramas : Soutien aux peuples libanais et palestinien", août 1976 ; "Soutien financier 434 137,50 F", 14 février 1993 ; "Marseille : Premier février, une manif qui fera date", 3 février 2003 ; "Michel Étiévent réhabilite Croizat, le ministre oublié", 4 mars 2012. — Séverine Justin (éd.), Miramas à travers temps : Quand les anciens témoignent, Association Vivre Notre Temps, 2000. — Souvenirs et notes sur sa jeunesse rédigés par l’intéressée en 2000. — Témoignages de l’intéressée et de Denise Clément. — Archives Argiolas. — Site Ciné-Archives : Fête de l’Humanité 1970.

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