DREYFUS-SCHMIDT Pierre

Par René Grillon

Né le 11 mai 1902 et mort le 4 juillet 1964 à Belfort ; avocat ; radical-socialiste ; maire de Belfort (1935-1939, 1944-1946, 1958-1964), député du Territoire de Belfort (1945-1946, 1946-1951, 1956-1958).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

Fils d’Isaac et Rachel Dreyfus-Schmidt, commerçants d’origine mulhousienne installés à Belfort, Pierre Dreyfus-Schmidt fréquenta le lycée de garçon de la cité du Lion puis les facultés de droit et sciences politiques de l’université de Paris. Avocat, il s’inscrivit d’abord au barreau de la capitale, puis à la demande de Lévy-Grunwald, ami de la famille, au barreau de Belfort.

Militant très tôt au sein du Parti radical-socialiste, il entra dès 1929 au conseil municipal de Belfort au côté du maire, Lévy-Grunwald qui en fit un de ses adjoints. Secrétaire du Parti radical-socialiste, il affronta à plusieurs reprises, dans la circonscription de Belfort-Campagne, le député, plusieurs fois président du Conseil et ministre, André Tardieu. Il fut aussi conseiller général de Belfort à partir d’octobre 1934.

En 1935, le refus du maire sortant de Belfort, Henri Baudin, de contracter une alliance avec les socialistes, provoqua son échec et permit à Pierre Dreyfus-Schmidt, partisan d’un ancrage à gauche du Parti radical-socialiste, de devenir, à trente-trois ans, l’un des plus jeunes maires de l’histoire de la ville. En 1939, à la déclaration de guerre, refusant toute faveur, Pierre Dreyfus-Schmidt fut affecté sur la ligne Maginot au 171e régiment de forteresse en garnison à Sierentz, en Alsace. Après l’invasion de mai 1940, le capitaine Dreyfus-Schmidt participa aux combats de Sentheim où il fut blessé, puis arrêté. Enfermé à Neuf-Brisach puis à Belfort, il s’évada avec la complicité d’amis de la cité.

En 1942, après s’être réfugié quelque temps à Castres et être entré en résistance dans le groupe du général Royer, Pierre Dreyfus-Schmidt décida de rejoindre la France-Libre. Passé par l’Espagne, interné au camp de Miranda, il finit par rejoindre Alger. Engagé au 1er régiment de la Légion étrangère, il participa à la campagne d’Italie puis à la grande offensive de la 1re Armée des côtes de Provence à la Franche-Comté. À sa demande, le général de Lattre l’affecta à l’état-major pour préparer l’attaque surprise qui, en novembre 1944 libéra Belfort et ouvrit aux alliés la route de l’Alsace puis de l’Allemagne.

Le 23 novembre 1944, sur ordre du général de Lattre, le capitaine Dreyfus-Schmidt eut la mission de mettre en place une nouvelle administration dans la cité du Lion et retrouva son siège de maire de Belfort. Mais partisan d’un non-cumul des mandats, il le quitta en 1946 quand, après avoir été élu député à l’Assemblée constituante de 1945, il fut élu l’année suivante à l’Assemblée législative. Fidèle aux idéaux de la République, Pierre Dreyfus-Schmidt désapprouva le glissement droitier et l’anticommunisme d’un Parti radical miné par les querelles de personnes. Aussi, dès 1946, fit-il adopter par les militants du Territoire de Belfort l’autonomie de la fédération départementale.

Cette détermination à défendre les valeurs traditionnelles de la gauche caractérisa ses deux mandats (1946-1951, 1956-1958) de député. Siégeant sous les étiquettes de l’Union des républicains et résistants et des Républicains progressistes, il resta inflexible sur les grands principes, refusant notamment la soumission à l’OTAN, l’inféodation à la politique américaine, les guerres coloniales et le réarmement de l’Allemagne. Sur le plan des institutions, il réclama à plusieurs reprises le vote d’une loi accordant davantage de libertés aux collectivités locales.

Ce fut à son initiative que la municipalité soutint politiquement et matériellement les ouvriers de l’usine Alsthom lors des grandes grèves de 1950 et 1955. Le député faisait alors cause commune avec le maire. En 1958, ayant refusé les pleins pouvoirs au général de Gaulle, Pierre Dreyfus-Schmidt fut battu aux élections législatives et se consacra désormais uniquement à son mandat de maire de Belfort jusqu’à son décès en 1964. Il participa activement à la modernisation et à la reconstruction de Belfort.

Pierre Dreyfus-Schmidt eut deux fils : Michel et Jacques. En symbole de reconnaissance, la municipalité baptisa de son nom le groupe scolaire d’un quartier populaire de Belfort. Il était président de la section française du Congrès juif mondial et chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22974, notice DREYFUS-SCHMIDT Pierre par René Grillon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 mars 2009.

Par René Grillon

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

ŒUVRE : Captivité et évasion (1955).

SOURCES : Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, n° 65 (1964-1965). — Dictionnaire de biographie française, t. XI 1967 col. 771. — Arch. familiales. — Kern Bruno, Pierre Dreyfus-Schmidt député de Belfort, contribution à l’histoire des gauches en France, mémoire de maîtrise, Paris, 1983. — Grudler Christophe, Larger André, Les maires de Belfort, de 1800 à nos jours, Mulhouse 1993. — Le Pays, 11 mai 2002 et 21 novembre 2004. — Jacques Vaudiaux, Le progressisme en France sous la IVe République, les hommes, l’organisation, les électeurs, Cujas, 1968.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable