NOIROT Émile

Par Jean Belin

Né le 5 juin 1899 à Tart-le-Haut (Côte-d’Or), mort en déportation le 4 mai 1943 à Oranienburg (Allemagne) ; cheminot ; militant CGTU et communiste de Côte-d’Or ; résistant au sein du Front national.

Fils d’Etienne Noirot, ouvrier agricole, et de Marguerite Clémencet, cinquième d’une fratrie de huit enfants, Emile Noirot vint habiter Dijon avec ses parents avant la guerre de 1914-1918. Chauffeur auto avant son incorporation d’avril 1918 à février 1921, il fut embauché comme aide ouvrier aux ateliers wagons de la Cie du PLM à Perrigny-lès-Dijon (Côte-d’Or) en avril 1921. Engagé à la CGTU et au Parti communiste dès les années 1920, il ne cessa pas de militer avant et après l’interdiction du PC consécutive à la signature du Pacte germano-soviétique et à la dissolution du syndicat des cheminots CGT par le préfet. En mars 1940, il fit l’objet d’un signalement sur ses activités clandestines de la part de la SNCF au préfet de la Côte-d’Or. Cela aboutit le 10 juin 1941 à son licenciement en application de la loi du 23 octobre 1940.

Gabriel Lejard, son ami et camarade du groupe de résistants clandestins engagés au sein du Front national (FN), a témoigné de leur échange le dimanche 22 juin 1941. Alors qu’Émile Noirot était tôt le matin dans son jardin, Gabriel Lejard lui tapa sur l’épaule en arrivant et lui dit avec un grand sourire : « Émile, tu ne connais pas la nouvelle ? Eh bien, c’est la guerre. Nos camarades russes sont en guerre contre Hitler ». « Ca te fait rire, dit Emile. Maintenant, tu verras, on n’en a plus pour longtemps à se faire piquer ! ». Emile Noirot quitta le jardin et rentra chez-lui. La Gestapo l’attendait à son domicile. Il fut arrêté avec 23 autres militants communistes et syndicalistes CGT de Côte-d’Or au cours de l’« Aktion Theoderich », qui visait à l’arrestation préventive de militants et de sympathisants communistes. Ces arrestations furent effectuées par les autorités allemandes. Cependant, l’identification des militants communistes avait été grandement facilitée par la surveillance étroite et le fichage par les services de renseignements de la police française.

Émile Noirot fut écroué à la prison de Dijon et conduit ensuite au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht. Il ne fut pas placé sur une liste d’otages à fusiller où à déporter comme la plupart de ses camarades arrêtés le même jour, mais il fut choisi pour fournir de la main-d’œuvre servile aux camps de concentration du Reich. Après un internement de plus de dix huit mois à Compiègne, il fut placé le 24 janvier 1943 dans un wagon avec ses camarades dijonnais Paul Leblanc, Raymond Demerger, Marcel Suillerot, Maurice Gollotte, et dans un convoi qui transporta 1557 hommes et 230 femmes en direction du camp d’Oranienburg-Sachsenhausen, près de Berlin où il mourut le 4 mai 1943. Son nom est inscrit sur le monument aux morts dédié aux victimes de la répression nazie dans l’enceinte des ateliers et dépôt SNCF de Dijon-Perrigny.
Il s’était marié le 8 septembre 1921 à Dôle (Jura) avec Marie Albertine Fiquet. Veuf et sans enfant, il était domicilié au 3 rue des Petits Citeaux à Dijon lors de son arrestation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229755, notice NOIROT Émile par Jean Belin, version mise en ligne le 7 septembre 2020, dernière modification le 7 septembre 2020.

Par Jean Belin

SOURCES : SNCF, CXXX.13 118 LM 121/7, SNCF, CXXV.2 118 LM 108/1. — SHD DAVCC, 21 P 520965. — RM. CGC. FMD. — Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, éditions Perrin/SNCF, mars 2017. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, tomes 1 et 4, éditions de 1987 et 1997. — Le Travailleur de l’Yonne-Côte-d’Or-Hte-Marne, décembre 1931. — Les communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, édition de 1996. — Gabriel Lejard, un passeur de vie !, Jean Belin, édition IHS CGT 21, 2018. — Arch. Dép. de Côte-d’Or, état civil, recensement de la population et fiche de recrutement militaire.

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