FRUH André, Louis, Marc

Par Daniel Grason

Né le 30 octobre 1903 à Golbey arrondissement d’Épinal (Vosges), mort le 22 novembre 1986 à Paris (XVIe arr.) ; tôlier-formeur, soudeur ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils d’Albert, trente-quatre ans, ajusteur et de Marie née Duss, trente-deux ans, sans profession, André Früh épousa le 31 août 1929 Lucile Henriette Varoquier, un enfant naquit en 1934. Veuf, André Früh habita au 13 puis au 15 Rond-Point de la Reine à Boulogne (Seine, Hauts-de-Seine). Ouvrier tôlier-formeur il entra le 8 mai 1935 chez Citroën quai de Javel à Paris (XVe arr.). Il participa aux grèves de novembre 1938, mais la direction ne le considérait pas comme un meneur.
Le 3 février 1941 il fut interpellé par des policiers du commissariat de Montrouge pour « propagande communiste », incarcéré à la prison de la Santé. Dans son réquisitoire du 30 avril 1941 le Procureur de la République indiquait qu’André Früh avait été « trouvé porteur d’un opuscule ronéotypé daté de décembre 1940, intitulé « Politique communiste  », de tracts « Journée Maurice Thorez », « Pourquoi pendant la guerre on traitait les communistes d’agents de l’Allemagne, mais aujourd’hui les Autorités Allemandes font arrêter les communistes » et d’un lot de papillons etc. Selon le procureur André Früh « À toutes les accusations portées contre lui il a opposé des dénégations. Jamais [dit-il], il n’a fait de propagande, les tracts et papillons ont été placés par un inconnu dans les poches de sa veste. »
Un Juge d’instruction l’entendit le 15 février 1941, André Früh réitéra ces déclarations antérieures. Il ne connaissait ni Bernard, ni Blanchet, ni Dorange, ni Lafleur, ni Tartarin. Quant aux papillons et aux trois tracts trouvés dans ses poches lors de son arrestation, il affirma : « Je ne connais aucun de ces documents, tout a été mis dans mes poches à mon insu. »
Le 26 février 1941 le Juge d’instruction concluait que Früh n’avait « jamais fait l’objet de remarques au point de vue professionnel et n’était pas considéré comme un militant actif du mouvement politique d’extrême gauche. »
Le 8 mars 1941 le commissaire principal chargé de l’enquête concluait : « Le nommé Früh a déclaré n’avoir jamais appartenu au parti communiste et s’est refusé à toute autre déclaration. »
Emprisonné à Fresnes, il comparut le 19 mai devant la XIIe Chambre Correctionnelle qui le condamna à huit mois de prison pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Transféré à la centrale de Poissy, à l’issue de sa peine il a été interné au centre de séjour surveillé de Rouillé (Vienne). Il fut condamné le 20 décembre 1941 à quatre ans d’emprisonnement et cent francs d’amende par la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris pour détention « en vue de la distribution de tracts communistes ». André Früh a été envoyé à la centrale de Clairvaux.
Le 12 mai 1944, il était dans le convoi de 2073 hommes à destination de Buchenwald (Allemagne), les prisonniers arrivèrent le 14 mai. André Früh participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance à la barbarie. Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Matricule 51769 André Früh était parmi les survivants, plus de huit cents hommes de ce convoi étaient morts ou disparus.
Il se remaria le 29 août 1964 avec Paulette Thérèse Langlois. André Früh mourut à l’âge de 83 ans le 22 novembre 1986 à Paris (XVIe arr.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229893, notice FRUH André, Louis, Marc par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 juillet 2020, dernière modification le 6 juillet 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/3 dossier n° 37. – Arch. PPo. BA 2057. – Bureau Résistance GR 16 P 236533 (non homologué). – AD numérisé des Vosges 4E 212/7-83102 Vosges acte de naissance n° 71. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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