KLUTZ René, Henri.

Par Jules Pirlot

Hollogne-aux-Pierres (aujourd’hui Grâce-Hollogne, pr. et arr. Liège), 10 septembre 1909 – Liège, 19 décembre 2002. Enseignant, militant communiste, résistant, syndicaliste, pacifiste.

René Klutz est né dans une famille ouvrière de Hollogne-aux-Pierres dans la banlieue industrielle de Liège. Son père, membre du Parti ouvrier belge (POB), y a été échevin et même bourgmestre faisant fonction. Sa mère est femme au foyer. René Klutz obtient son diplôme d’instituteur à l’École normale de la Ville de Liège, dite Jonfosse. Il poursuit ses études en régendat littéraire à Nivelles (aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles), ce qui le conduit à devenir professeur à l’école moyenne du boulevard Saucy, devenue Athénée Maurice Destenay.

En 1924, René Klutz adhère à la Jeune garde socialiste (JGS) puis en 1927 à la Centrale du personnel enseignant socialiste, syndicat obligatoirement affilié au POB. Il y fréquente Ernest Burnelle et Théo Dejace. Il fait partie du groupe des enseignants liégeois qui refusent le glissement à droite du POB, marquent leur solidarité avec l’Espagne républicaine et sont de fait d’accord avec le PCB. Dès 1938, Klutz milite aussi au Comité de vigilance des intellectuels antifasciste (CVIA).

Mobilisé en 1939 comme sous-officier, René Klutz subit le choc de l’armée allemande, en mai 1940 près d’Ypres (Ieper, pr. Flandre occidentale, arr. Ypres) et échappe de peu à la mort, un tiers de sa compagnie perdant la vie dans une bataille contre les chars. Prisonnier à la capitulation, il s’échappe et obtient un cachet de démobilisation sur son livret militaire. Cela lui permet de rentrer à Liège et de reprendre son travail. Il adhère au Parti communiste de Belgique (PCB) en 1941. Il s’active dans la résistance, dans la presse clandestine, le mouvement Solidarité du Front de l’indépendance et l’organisation des Comités de lutte syndicale (CLS). Obligé de passer à la clandestinité en 1942, il est rémunéré par le PCB comme secrétaire à l’agitation et à la propagande puis comme secrétaire politique de l’arrondissement de Huy-Waremme (pr Liège).

À la Libération, René Klutz reprend son métier d’enseignant. Il gravit des échelons syndicaux, mais l’hostilité des socialistes le prive rapidement de tout mandat, sauf de celui de délégué de son école. Au cours des années 1960, il remonte au Comité régional des enseignants de la Centrale générale des services publics (CGSP) et au Comité interprofessionnel wallon. Il s’investit aussi dans le Mouvement populaire wallon (MPW).

René Klutz est toutefois principalement connu à Liège comme l’homme de la paix. Membre fondateur de l’Union belge pour la défense de la paix (UBDP), il est de toutes les campagnes contre la guerre nucléaire, depuis l’appel de Stockholm en 1950 jusqu’aux grandes manifestations des années 1980 en passant par les marches antiatomiques des années 1960. On le retrouve dans les actions de solidarité avec les patriotes algériens et congolais, dans la lutte contre l’apartheid et bien-sûr contre la guerre menée par les Américains au Vietnam, Laos et Cambodge. Il s’occupe de la solidarité avec la Palestine et avec les exilés chiliens et accueille à Liège la veuve du président Allende. Il est la cheville ouvrière du Rassemblement liégeois pour la paix au Vietnam qui devient le RLP réunissant les partis de gauche, les syndicats et les organisations pacifistes laïques et chrétiennes. Suite à la scission de l’UBDP, il fonde l’Union liégeoise pour la défense de la paix (ULDP) et s’investit dans Rencontre pour la paix. Retraité depuis 1970, René Klutz consacre tout son temps à ces activités. Il dépose ses archives à l’IHOES (Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale). Une riche documentation sur les activités pour la paix se trouve donc à Seraing (pr. et arr. Liège)/

Sur le plan politique, René Klutz siège au comité fédéral liégeois du PCB. Il est élu conseiller provincial de Liège en 1968. Il y demeure jusqu’en 1971. Jusqu’à un âge avancé, il s’occupe de la cellule de son quartier le Laveu à Liège. Défenseur ardent de l’enseignement officiel, il est, à son décès, président du Bureau exécutif des Œuvres scolaires liégeoises. Ni son épouse, Jeanne Noppe, sans profession, ni ses enfants ne l’ont suivi dans ses activités militantes. Veuf, il s’est remarié avec une compagne de maison de repos. À cette occasion, il a demandé à son ancien élève Jules Jasselette, ancien syndicaliste enseignant, devenu échevin, de célébrer ce mariage à l’Hôtel de ville de Liège

René Klutz est titulaire de nombreuses distinctions honorant son rôle pendant la guerre. Après son décès, l’UDLP lui rend hommage lors d’une séance organisée dans les locaux de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB – syndicat socialiste interprofessionnel) liégeoise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229951, notice KLUTZ René, Henri. par Jules Pirlot, version mise en ligne le 8 juillet 2020, dernière modification le 8 juillet 2020.

Par Jules Pirlot

SOURCES : CArCoB, dossier CCP2363 ; papiers Pirlot, notes de l’interview de René Klutz en 1984 et notes préparatoires à un discours à l’occasion de son 80ème anniversaire en 1989 – IHOES, fonds René Klutz – HANNOTTE M., ZANATTA M., NOIRAUX J.-M., ROCHETTE-RUSSE L., La presse clandestine de Seraing, 1940-1944, Cuesmes, Éditions du Cerisier, 2006.

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