BERNARD Georges, Paul

Par Daniel Grason

Né le 23 avril 1914 à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine), mort à une date inconnue ; mécanicien tourneur ; syndicaliste CGT ; communiste ; déporté à Buchenwald (Allemagne), puis Mauthausen (Autriche).

Fils de Jules et de Berthe Pauline Bourgeois, Georges Bernard était marié et père d’une fillette de huit ans. La famille vivait depuis 1935 dans une pièce au 48 Grande Rue à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Il travaillait en qualité de mécanicien tourneur à l’atelier électricité-autos depuis le 1er avril 1937 chez Citroën quai de Javel à Paris (XVe arr.). Il adhéra au Parti communiste dans l’élan du Front populaire.
Il participa à la grève du 30 novembre 1938, mais ne fut pas licencié étant considéré par la direction de l’entreprise : « comme un ouvrier normal, n’ayant pas plus attiré l’attention que ses camarades de travail au point de vue politique. » Le commissaire qui rédigea la note écrivit : « Il est à retenir, toutefois que les ateliers Citroën ainsi que la plupart des usines de la métallurgie de la région parisienne, étaient noyautés par les communistes, et que leurs mots d’ordre étaient propagés de façon intense. »
Mobilisé en septembre 1939, il a été démobilisé en août 1940. Sans travail, il s’inscrivit au fond de chômage, fut réembauché quelques mois plus tard chez Citroën.
Georges Bernard était soupçonné par la police de tenir avec d’autres militants communistes des réunions à son domicile. Des policiers se présentèrent chez lui le 3 février 1941. Ils saisissaient plusieurs brochures dont « La Doctrine communiste de Marx – Engels – Lénine – Staline » qui était postérieure au décret de dissolution du parti communiste, sur la dernière page figurait la mention « Imprimé en France Décembre 1940 ». Furent également découverts des papillons gommés : « Organisés, nous serons forts, rentrons au syndicat », « En Union Soviétique, au pays de la jeunesse la plus heureuse », le Bulletin du Métallo, des feuilles dactylographiées, des carnets de reçus, des feuilles sur lesquelles figuraient des listes de noms. Deux papillons étaient édités par « L’Union des Étudiants et Lycéens communistes » sur lesquels il était écrit : « Des étudiants ont été mitraillés parce qu’ils défilaient sur la tombe du soldat inconnu… À bas les traîtres de Vichy qui se servent des baïonnettes de l’étranger pour imposer leur dictature ».
Il fut écroué à la prison de la Santé le 5 février sous l’inculpation d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Le 15 février 1941 assisté de Maître Bloch il a été interrogé par un Juge d’instruction, il confirma les déclarations faites au commissaire de police, il avait accepté de former « un Comité Populaire d’entreprise pour l’usine Citroën. » Il affirma avoir été mis en rapport avec Henri Dorange et Paul Blancher par l’intermédiaire de Georges Verdier. Il récupérait « des tracts à distribuer à un rendez-vous qui était fixé place Balard. Il souligna que « les tracts se rapportaient à des questions syndicales. » Il exprima toutefois ses regrets « d’avoir repris une activité de propagandiste. »
Il a été sommé de s’expliquer, il déclara « qu’un ancien militant communiste » membre de la cellule des usines Citroën avant la guerre « avait été sollicité par André Camerlinck pour reprendre de l’activité. Georges Bernard, Henri Dorange, Paul Blancher et André Früh se retrouvaient dans un champ à Issy-les-Moulineaux. Le contenu des tracts portait sur des revendications économiques, l’objectif étant de créer un Comité populaire de l’usine Citroën. Dans le même temps, Georges Bernard diffusa auprès de ses camarades Les cahiers du Bolchevisme édité par le Parti communiste clandestin. Il reconnaissait avoir distribué des tracts dans les vestiaires de l’usine en compagnie de Paul Blancher.
Le 9 avril 1941 une confrontation eut lieu entre Georges Bernard et André Camerlinck et madame Bloch, les trois personnes affirmèrent ne pas se connaître. 181 La XIIe Chambre correctionnelle de la Seine le condamna le 19 mai 1941 à un an de prison, il fut transféré à la prison de Fresnes le 30 mai.
Incarcéré à la Centrale de Melun en Seine-et-Marne, un Juge d’instruction l’auditionna le 28 mars 1942, sous serment il fit la déclaration suivante : « Je reconnais qu’au cours de l’enquête effectuée par le Commissaire de Montrouge je n’ai pas dit les choses telles qu’elles s’étaient passées en réalité. En effet, c’est le nommé Verdier que je reconnais formellement sur la photographie que vous me présentez, qui m’a mis en rapport avec le nommé Camerlinck. Verdier était le responsable syndical » de la section « Marcel Cachin de l’usine Citroën. »
Il comparaissait le 8 septembre 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris. En application du décret-loi du 26 septembre 1939 il a été condamné « à quatre ans d’emprisonnement et cent francs d’amende pour détention en vue de la distribution de tracts communistes » et de « la création d’un comité populaire ».
Le 12 mai 1944 Georges Bernard était dans le convoi de 2073 hommes à destination de Buchenwald. Il fut affecté successivement au Kommando de travail de Mühlhausen, de Rottleberode et d’Ebensee. Ce dernier lieu dépendait du camp de concentration de Mauthausen, les détenus installaient des usines souterraines. À la fin de l’année 1944, quatorze tunnels étaient en cours d’aménagement, dix mille détenus creusaient et aménageaient. Le 6 mai 1945, date de sa libération, seize mille prisonniers venus de différents camps y travaillaient. Georges Bernard matricule 51475 étaient parmi ceux de son convoi qui avait survécu aux épreuves, plus de huit cents étaient morts.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229953, notice BERNARD Georges, Paul par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 juillet 2020, dernière modification le 8 juillet 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/3 dossier n° 37. – Arch. PPo. BA 2057. – Livre-Mémorial, FMD Éd. Tirésias, 2004.

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