ARSENIJEVIĆ Branko Brana

Par Hervé Lemesle

Né le 19 juillet 1919 à Paris ; étudiant en journalisme, militant des Jeunesses communistes ; volontaire en Espagne républicaine, sort inconnu après 1939.

Branko Arsenijević en 1938 (Source : RGASPI, dossier personnel)

Né dans une famille bourgeoise serbe vivant après la Grande Guerre à Novi Bečej (Vojvodine, ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Serbie), Branko Arsenijević grandit dans une atmosphère nationaliste. Son père, avocat, avait adhéré au parti fasciste Zbor [Le Rassemblement] fondé en 1935 et dirigé par Dimitrije Ljotić (1891-1945) qui collabora avec l’occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Jeune lycéen, il devint en 1933 scout et membre du Sokol [Le Faucon], une société de gymnastique contrôlée par les monarchistes serbes. Les idées politiques du père, ses lectures et ses contacts avec des militants ouvriers, l’amenèrent à rompre avec ses parents et à adhérer au mouvement communiste. Il s’engagea dès 1936 dans la Ligue de la jeunesse communiste de Yougoslavie (SKOJ), et exerça rapidement des responsabilités à l’échelle locale et régionale, multipliant les contacts avec les cellules de Vojvodine (Novi Sad, Petrovgrad — aujourd’hui Zrenjanin —, Pančevo, Subotica) et de Serbie (Jagodina, Leskovac). Alors que le Premier ministre de Yougoslavie Milan Stojadinović (1888-1961) menait une politique de rapprochement avec les puissances de l’Axe, il participa à des manifestations hostiles à la venue de dirigeants italiens et allemands à Belgrade et à des grèves étudiantes. Il eut la chance de ne pas être arrêté pour ses activités politiques, mais fut exclu de l’organisation des scouts.
Devenu bachelier, Branko Arsenijević émigra en septembre 1937 à Paris et s’inscrivit à l’école de journalisme. Il s’impliqua activement dans l’organisation des travailleurs immigrés au sein de la SFIC, collaborant aux publications Glas iseljenika [La voix des émigrés] et Naš pregled [Notre regard], et dans le recrutement de volontaires pour défendre l’Espagne républicaine. Il renforça sa formation théorique, lisant les classiques du marxisme et du léninisme : La Misère de la philosophie de Marx, L’Anti Dühring d’Engels, La femme et le socialisme de Bebel, Les thèses sur la question nationale de Lénine. Il fut de ce fait admis en décembre 1937 dans le Parti communiste de Yougoslavie (KPJ), et partit en mars 1938 pour Barcelone dans une voiture du Parti, signe que celui-ci le considérait comme un jeune cadre prometteur.
Branko Arsenijević arriva en Espagne le 21 mars 1938, alors que Franco avait lancé une grande offensive en Aragon visant à couper le territoire républicain en deux, isolant la Catalogne de Valence et de Madrid. Cette grande offensive provoqua la débandade des unités républicaines et la séparation des volontaires yougoslaves, une partie parvenant à franchir l’Ebre et à se replier en Catalogne, tandis que l’autre resta au Levant jusqu’en janvier 1939. Les Yougoslaves présents au Sud restèrent dans les bataillons « Dimitrov » et « Ðaković » au sein de la 129e brigade internationale (BI), tandis que ceux du nord furent regroupés dans le bataillon « Divisionario » rattaché à la 45e division. Branko Arsenijević rejoignit ce dernier bataillon et devint le chef du groupe de choc de cette unité avec le grade de sergent. Dépourvu de toute expérience militaire, il disposait d’un capital militant et linguistique conséquent pour son âge : il pouvait écrire en serbo-croate, français, hongrois et espagnol, et lire le russe et l’allemand. Il multiplia les coups de main derrières les lignes ennemies, en particulier pendant la dernière offensive républicaine sur l’Ebre durant l’été 1938 ; il ne fut pas blessé, contrairement à de nombreux compatriotes qui périrent alors. Il fut également un agent du Service d’intelligence spécial périphérique (SIEP) de la 5e armée, chargé de collecter des renseignements au sein des territoires tenus par l’ennemi. Après la démobilisation des Brigades internationales en octobre, il resta en Catalogne et rejoignit avec ses camarades le camp de Campdevanol au nord de Barcelone, au pied des Pyrénées. Il y rédigea sa demande d’adhésion au Parti communiste d’Espagne (PCE) et la commission chargée d’évaluer ses capacités le considéra comme un bon volontaire au front et d’un bon niveau politique, tout en soulignant qu’il devait travailler pour le Parti sous une bonne direction du fait de son âge.
Comme la majorité des volontaires yougoslaves encore présents en Espagne en janvier 1939, Branko Arsenijević participa à la Retirada dans une unité combattante jusqu’à la frontière française. Il fut interné à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Par la suite on perdit perd sa trace par la suite ; il est vraisemblable, un son profil, qu’il n’ait pas survécu au second conflit mondial.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229995, notice ARSENIJEVIĆ Branko Brana par Hervé Lemesle, version mise en ligne le 10 juillet 2020, dernière modification le 10 juillet 2020.

Par Hervé Lemesle

Branko Arsenijević en 1938 (Source : RGASPI, dossier personnel)

SOURCES : RGASPI (Moscou), 495.277, dossier personnel, biographie du 19 novembre 1938 ; 545.6.1525, caractéristique n°17 du 24 février 1941. — Đ. Nećak, Elaborat za izložbu "Spanski građanski rat" [Matériel pour l’exposition La guerre civile espagnole], Novi Sad, Muzej Vojvodine, s.d.

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