BALOKOVIĆ Milan

Milan Baloković fut un enfant de la guerre civile russe. Ses parents, Stevan et Felicia, se trouvaient en effet au Turkestan russe lors de sa naissance. Les raisons de leur présence restent à éclaircir, mais il est avéré que Stevan Baloković, un intellectuel communiste d’origine serbe, combattait dans les rangs de l’Armée rouge, alors en conflit avec les populations musulmanes nationalistes. Le mouvement basmatchi, qui luttait contre le pouvoir russe pour libérer le Turkestan de la tutelle moscovite depuis 1916, fut défait par les bolcheviks en 1920.
La famille Baloković rentra en Yougoslavie l’année suivante et s’établit dans le village de Knićanin en Vojvodine (ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Serbie). Du fait de son engagement politique et de l’interdiction du Parti communiste de Yougoslavie (KPJ), le père retourna en 1930 en URSS. Milan Baloković resta au village avec sa mère, suivit quatre classes de lycée puis s’inscrivit en 1935 à l’école technique de Belgrade. Il s’impliqua dans l’organisation des étudiants Tehničar [Le technicien] proche des communistes, et, au cours d’un camp de travail, il fut candidat à la Ligue de la jeunesse communiste de Yougoslavie (SKOJ). Interdit d’études à Belgrade à l’automne 1936 à cause de son activité militante, il décida en avril 1937 de gagner Prague, officiellement pour y poursuivre ses études. La capitale tchécoslovaque était alors un centre important pour les cadres du KPJ en exil, et Milan Baloković répondit à l’appel de l’Espagne comme de nombreux compatriotes étudiants à Prague l’avaient fait avant lui dès décembre 1936-janvier 1937.
Arrivé en juillet 1937 à Albacete, il suivit un cours de formation militaire pendant un mois puis fut envoyé dans une école d’interprètes du fait de sa maîtrise du russe à l’écrit, de l’allemand et du tchèque à l’oral. Qualifié en espagnol, il servit dans l’état-major des 16e et 101e divisions de l’armée républicaine, puis dans la 95e brigade. Il fut blessé sur le front d’Aragon à Lérida, et rédigea pendant sa convalescence à Barcelone une biographie pour être admis dans le Parti communiste d’Espagne. Mais il trouva la mort à son retour au front.