KUZMAN Martin

Par Hervé Lemesle

Né le 4 novembre 1919 à Trnje (Donja Lendava, Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, aujourd’hui Slovénie), mort en 1979 ; militant des jeunesses communistes, émigré en France, mineur de fond ; volontaire en Espagne républicaine ; interné en France ; résistant en Yougoslavie et mineur après 1945.

Martin Kuzman après 1945 (Source : AJ, dossier personnel)

Martin Kuzman naquit et grandit dans la région du Prekmurje située au nord-est de la Slovénie et jouxtant la Hongrie. Après l’école élémentaire, il commença des études à l’Ecole technique de Ljubljana, mais il fut contraint de les arrêter à cause de son militantisme et de la répression qui en a découlé. Adhérent de la Ligue des jeunesses communistes de Yougoslavie (SKOJ) en 1934, il fut arrêté à deux reprises et condamné en 1935 à un an de prison pour son implication dans une grève. Pour éviter de purger cette peine, il émigra en France, où il devint mineur et membre de la CGT.

Arrivé en Espagne le 2 avril 1937, Martin Kuzman fut affecté comme soldat dans la 13e brigade internationale (BI). Il intégra ensuite un groupe de guérilleros chargé d’opérer des sabotages derrière les lignes ennemies. Cette activité échappait au contrôle de la Base des BI, ce qui explique l’absence de documentation à son sujet dans les archives du RGASPI à Moscou. Martin Kuzman fut promu sergent. Cité plusieurs fois pour ses actes de bravoure, il fut gravement contusionné lors d’une opération.

Interné en France après la Retirada, Martin Kuzman ne s’impliqua pas dans les activités politiques organisées par l’organisation communiste clandestine et parvint à rentrer en Yougoslavie. Il y fit son service militaire en 1940 et était enrôlé dans le 16e régiment lors de l’attaque des forces de l’Axe le 6 avril 1941. Il réussit à éviter d’être capturé par les envahisseurs et rallia en juillet les partisans du détachement de Šumadija au sud de Belgrade. Fait prisonnier le mois suivant, il fut condamné à 12 ans de détention mais s’évada en janvier 1942. Il rejoignit alors un autre détachement de partisans dans le petit massif montagneux de Fruška Gora situé au nord-est de la capitale serbe. Cette position stratégique entre les vallées du Danube et de la Save permettant d’attaquer les communications allemandes, la Wehrmacht y déclencha en août 1942 une offensive pour déloger les résistants communistes, qui furent contraints de passer en Bosnie orientale. Martin Kuzman y rallia les partisans locaux puis, fort de son expérience ibérique, intégra en 1943 un groupe de saboteurs, qui opéra sous la supervision d’un autre vétéran d’Espagne, le Croate Ivan Hariš (1903-1989) dit Ilija « Gromovnik » [Celui qui tonne]. Martin Kuzman fut blessé à trois reprises lors de ces actions périlleuses : en mai à Tuzla (Bosnie orientale), en août à Travnik (Bosnie centrale) et grièvement en octobre à Mostar (Herzégovine), d’où une longue hospitalisation jusqu’à mars 1945.

Démobilisé en janvier 1946 avec le grade de capitaine de 1e classe, Martin Kuzman reprit son activité de mineur dans sa Slovénie natale. Il s’y maria et milita dans le Parti communiste de Yougoslavie (KPJ) et les organisations de masse (Front du peuple, syndicat et association des anciens combattants).

La présente notice est basée sur une source unique, à savoir le questionnaire rempli par Martin Kuzman pour l’Association des vétérans d’Espagne après 1949, qu’il faudrait confronter à d’autres, à ce jour difficiles à identifier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230010, notice KUZMAN Martin par Hervé Lemesle, version mise en ligne le 10 juillet 2020, dernière modification le 10 juillet 2020.

Par Hervé Lemesle

Martin Kuzman après 1945 (Source : AJ, dossier personnel)

SOURCES : Archives de Yougoslavie (AJ, Belgrade), 724-VIII, dossier personnel, questionnaire de l’Association des anciens d’Espagne, sans date. — Spisak španskih boraca [Liste des combattants espagnols], Belgrade, Udruženje Španskih borci 1936-1939, septembre 2011, en ligne.

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