THIBAULT Gérard, Alfred

Par Beillouin Odile

Né le 8 mars 1932 au Coudray-Macouard (Maine-et-Loire), mort le 28 juin 2021 à Angers (Maine-et-Loire) ; ouvrier qualifié horticole ; militant CFTC puis CFDT ; délégué du personnel, trésorier du syndicat CFTC puis CFDT horticole de Maine-et-Loire, membre de la Commission exécutive de la FGA-CFDT (1968-1979) ; secrétaire général puis directeur de la FNAFPA ; conseiller municipal d’Angers (Maine-et-Loire).

Son père, Ernest Thibault, fut ouvrier agricole puis maçon. Sa mère, Alfreda Boysen, était femme de ménage. Ses grands-parents, mineurs de charbon, étaient venus d’une commune du Nord, limitrophe de la Belgique, où ils avaient vécu des grèves longues de plusieurs semaines. Gérard fut l’enfant unique d’une famille engagée à gauche. Dans cette région du Saumurois de tradition laïque, il découvrit très tôt « la lutte des classes » sans, pour autant, à cette époque, s’encarter dans un parti politique.

Gérard Thibault fit sa scolarité à l’école publique du village jusqu’au Certificat études primaires (CEP) et entra à l’âge de treize ans à l’Ecole d’agriculture et d’horticulture d’Angers (Maine-et-Loire). Il y resta trois ans et entra ensuite à l’entreprise horticole Blouin à Cholet (Maine-et-Loire) pour trois autres années d’apprentissage, suivies de trois années en tant qu’ouvrier horticole qualifié.

Gérard Thibault travailla ensuite en région parisienne, à Massy (Essone) durant dix-huit mois, toujours dans l’horticulture, avant de revenir à Angers où il fut embauché par l’entreprise Lamy. Il fut très vite élu comme délégué du personnel, à vingt-quatre ans, dans cette entreprise de production de fleurs employant vingt-cinq salariés où la CFTC était le seul syndicat présent.

Puis très vite, Gérard Thibault entra au Bureau du syndicat horticole et accepta d’en être le trésorier. Pour ce syndicat, l’égalité des droits était un combat permanent et de nombreuses manifestations furent organisées devant les entreprises. Son militantisme le conduisit très vite à participer aux négociations de la convention collective départementale, puis aux négociations nationales. Il fit alors partie de la Commission fédérale de branche, « cultures spécialisées » et fut élu au Conseil fédéral dans le début des années 1960, ainsi qu’au Conseil de l’Union départementale CFTC de Maine-et-Loire. Il milita activement pour l’évolution de la CFTC en CFDT en 1964.

Avant mai 1968, le salaire minimum dans l’agriculture (SMAG) était inférieur de 17% au SMIG (devenu SMIC en 1970). La couverture sociale des salariés de l’agriculture était faible et leurs pensions de retraite également car ils ne bénéficiaient pas tous d’un régime de retraite complémentaire. Les accords de Varenne (rue où se situait le ministère de l’Agriculture), signés le 6 juin 1968, mirent fin à la plupart de ces injustices. A partir de là, les salariés agricoles se sont retrouvés pratiquement à égalité, dans les textes au moins, avec l’ensemble des autres professions ouvrières.

À partir du mois de juillet 1968, Gérard Thibaut devint « permanent » à la Fédération générale de l’agriculture FGA CFDT, membre de la Commission exécutive avec notamment le suivi de la branche nationale « cultures spécialisées, graines, champignons, horticulture et arboriculture ». Il parcourut alors la France pour soutenir les équipes, négocier, créer les conventions collectives dans les départements et les régions. Il suivit ainsi plus particulièrement la région Aquitaine et y organisa de nombreuses réunions d’information auxquelles des dizaines d’ouvriers de ces secteurs participèrent.

Ses mandats l’amenèrent à travailler sur le paritarisme dans le secteur de l’agriculture, notamment dans le domaine de la formation professionnelle. C’est ainsi qu’il fut le représentant fédéral au sein du Fonds d’assurance formation des salariés agricoles (FAFSEA) et qu’il participa à la création du Centre national de promotion horticole (CNPH) à La Ménitré (Maine-et-Loire), suite à la forte grève d’une semaine des ouvriers horticoles de Maine-et-Loire en Mai 1968.

Son engagement fédéral l’amena aussi à s’investir dans les instances européennes, où, pendant une dizaine d’année, il participa à la comparaison, dans une perspective d’harmonisation, des conventions collectives des six pays formant, à l’époque, la Communauté européenne. Gérard Thibault participa ainsi au Comité de dialogue social européen dans le secteur agricole par l’intermédiaire du Centre européen pour la promotion et la formation en milieu agricole et rural (CEPFAR) qui réunissait tout le monde rural, avec notamment du côté patronal, le Comité des organisations professionnelles agricoles (COPA) qui représentait l’ensemble du secteur agricole auprès de la Communauté européenne. Gérard Thibault organisa des séminaires au niveau européen, notamment à Angers dans les années 1970. Au sein de la FGA, il présenta aussi un rapport sur l’organisation de la Fédération au congrès de Lorient (Morbihan) en 1977.

Gérard Thibault mit fin à ses mandats au sein de la FGA en 1979 et devint alors secrétaire général de la Fédération nationale des associations de formation et de promotion des adultes (FNAFPA) dont le siège était basé à La Ménitré. Il en fut ensuite le directeur de 1982 à 1992. Durant cette période, il participa au lancement des formations en unités capitalisables pour arriver au brevet professionnel. De nombreux salariés du secteur purent en bénéficier et ainsi progresser dans leur parcours professionnel. L’émancipation, l’égalité des droits, la responsabilité furent toujours le fil conducteur des actions qu’il mena jusqu’en 1992, année où il prit sa retraite. Durant son activité professionnelle il fut décoré à deux reprises de la médaille du Mérite agricole, comme chevalier puis officier.

Une fois en retraite, Gérard Thibault poursuivit son engagement dans la vie politique locale. Il avait rejoint le Parti socialiste (PS) en 1971 après avoir quitté le Parti socialiste unifié (PSU). Il fut élu conseiller municipal de la ville d’Angers, de 1989 à 2001 puis de 2007 à 2008. Les dossiers qu’il porta concernèrent les quartiers de la ville et les populations défavorisées. Dans le cadre de ses mandats, il lança des structures d’insertion (Jardins de cocagne, Envie, Régie des quartiers). Pendant six ans il fut conseiller délégué à l’Agglomération d’Angers avec toujours le suivi des quartiers et l’insertion qui fut et demeura toujours sa préoccupation. Il participa également au Conseil citoyen de son quartier. Grâce à son engagement associatif, toujours en prise avec la formation professionnelle et, à travers les régies de quartier, de nombreuses personnes éloignées de l’emploi furent remises en capacité de reprendre une activité salariée.

Gérard Thibault resta très attaché, avec beaucoup de fierté et d’émotion, à l’association « Handallye », créée avec les habitants d’un quartier portant ce nom et situé au nord-est de Bamako au Mali. En effet, la ville d’Angers était depuis de nombreuses années en partenariat avec cette ville. Gérard Thibault initia un partenariat entre les quartiers nord-est d’Angers où il résidait et Handallye. Le protocole signé en 2005 avec le chef de quartier d’Handallye, permit de travailler en commun sur l’hygiène, la propreté, l’éducation. L’amélioration de la vie quotidienne des habitants était la ligne conductrice du partenariat. L’argent récolté permit d’aménager les écoles, d’installer l’assainissement, de réaliser une centaine de puisards. Des voyages d’échanges entre les habitants des deux quartiers d’Angers et de Bamako furent et sont encore réalisés.

Gérard Thibault s’était marié en 1955 avec Gilberte Debrie née en 1931, ouvrière d’usine. Le couple eut trois enfants et se sépara en 1981.

Ses obsèques civiles furent célébrées le 2 juillet 2021, à Avrillé (Maine et Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230099, notice THIBAULT Gérard, Alfred par Beillouin Odile, version mise en ligne le 18 juillet 2020, dernière modification le 24 juillet 2021.

Par Beillouin Odile

SOURCES : Philippe Vasseur, Mai 68, victoire des salariés agricoles !, Cercle national des écrivains privés, collection « Mémoires d’un siècle », 2004. — Entretien de Louis Allard et Odile Beillouin avec Gérard Thibaut, Angers, 2018.

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