GÉHANT Émile dit « Milo »

Par André Balent

Né le 9 avril 1918 à Belfort (Territoire-de-Belfort), mort le 7 avril 2004 à Belfort ; avoué puis avocat à Belfort ; militant socialiste (SFIO, PS) ; maire de Belfort (1977-1983) ; président du conseil général du Territoire-de-Belfort (1967-1970, 1976-1977) ; résistant et déporté ; président local de la FNRDIP et de l’UFAC

Photo figurant sur la profession de foi pour les élections législatives de 1967, 2e tour (12 mars 1967). Candidat de la FGDS : Michel Dreyfus-Schmidt.

Émile Géhant était le fils d’Émile Géhant, avoué, militant socialiste SFIO et de Madeleine Vandoeuvre connue comme Gabrielle Vandoeuvre. Celle-ci était née le 7 juillet 1901 à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne). Socialiste, résistante, elle fut arrêtée le même jour que son fils à Belfort, le 23 décembre 1943. Elle fut déportée à Ravensbrück puis, à partir d’avril 1944 à Holleischen (Holýšov en tchèque) camp satellite de Flossenbürg situé en Bohème occidentale (actuelle Tchéquie, de 1938 à 1945 dans les Sudètes annexées au Reich), près de Pilsen (Plzen). Ce camp abritait des commandos de détenues féminines. Elle mourut à Belfort le 8 mai 1975. Une rue de Belfort porte son nom (Gabrielle Géhant). Elle donna naissance à son fils Émile alors qu’elle était mineure et non mariée. Émile Géhant père l’épousa le 7 avril 1920 à Belfort. Émile Géhant avait un frère, René qui fit une carrière d’avocat. Marié, il avait un fils, né en 1943.

En 1935, Émile Géhant militait aux Jeunesses socialistes SFIO. À ce titre, il participa à l’aide à l’Espagne républicaine. Il devint avoué en 1943 auprès du tribunal de grande instance de Belfort. En 1972, il devint avocat.

Résistant, il participa aux activités du mouvement Lorraine. Fondé à Nancy par Marcel Leroy avec l’aide René Fallas et présent dans l’Est de la France, en particulier la Franche-Comté. Il était aussi agent P2 du Bureau des opérations aériennes dépendant du BCRA. ce fut à ce titre qu’il fut arrêté par la Feldgendarmerie le 23 décembre 1943, en même temps que sa mère, elle aussi résistante. Initialement détenu à la prison Friedrich de Belfort, il fut ensuite interné à Compiègne-Royallieu puis embarqué le 27 avril 1944 dans un convoi pour Auschwitz (le convoi dit des « tatoués ». André Boulloche, bien implanté dans le département voisin du Doubs fut déporté en même temps que lui. Très rapidement il fut transféré avec une bonne part des déportés du 27 avril au camp de concentration de Buchenwald, puis à celui de Flossenbürg. Il devint un ami du Perpignanais Georges Rives. Compagnon de châlit de Rives, Géhant assista à ses derniers instants : Rives mourut d’épuisement et faiblesse après avoir subi des mauvais traitements. La correspondance qu’Émile Géhant eut, après la fin de la guerre, avec la mère de Georges Rives permet de retracer une partie de son parcours dans les camps de concentration en particulier Flossenbürg. Émile Géhant également compagnon de Charles Arnaud à Flossenbürg], résistant socialiste de la Haute-Garonne, écrivit, après sa libération une lettre à la femme de ce dernier où il expliqua cet épisode et rappela ses derniers souhaits.

Avant sa libération, Émile Géhant était malade, en soins au Revier. Il fut libéré par les Américains le 23 avril 1945 et quitta le camp le 27 mai 1945. Il y a au SHD de Vincennes deux dossiers le concernant :16 P 249159 et 16 P 249366 (cotes non consultées).

En 1945, Émile Géhant milita à nouveau à la SFIO. Sa mère, également militante de ce parti, le quitta en novembre 1946 lorsque le candidat de la SFIO à Belfort, Pierre Rassinier tint des propos antisémites contre son adversaire Pierre Dreyfus-Schmidt radical proche des communistes.

Émile Géhant fut élu conseiller municipal de Belfort en 1959. Il conserva ce mandat jusqu’en 1970. Il fut réélu conseiller municipal en 1977 et le demeura jusqu’en 1989. Il fut maire de Belfort de 1977 à 1983, Jean-Pierre Chevénement étant son premier adjoint.

En mars 1967, lors des élections législatives, Émile Géhant se présenta comme le suppléant de Michel Dreyfus-Schmidt, candidat de la FGDS qui fut élu.

Émile Géhant fut conseiller général du Territoire-de-Belfort de 1967 à 1979.Il présida le conseil général de ce département de 1967 à 1970 et de 1976 à 1977. Il fut aussi membre du conseil économique et social régional de la Franche-Comté de 1983 à 1984 et président du district de l’agglomération belfortaine de 1983 à 1995. Il fut chargé de mission au ministère de la Défense lorsque Jean-Pierre Chevénement fut ministre chargé de la défense dans le gouvernement de Michel Rocard (1988-1991).

Émile Géhant fut très impliqué comme militant d’associations d’anciens résistants et déportés. En 1976, il accéda à la présidence des organisations locales de la FNRDIP, et, à partir de 1984, de l’UFAC.

Il y a Belfort une école maternelle et une école élémentaire qui portent le nom d’Émile-Géhant. Il y a une résidence Émile-Géhant à Bavilliers (Territoire-de-Belfort).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230107, notice GÉHANT Émile dit « Milo » par André Balent, version mise en ligne le 13 juillet 2020, dernière modification le 30 octobre 2020.

Par André Balent

Photo figurant sur la profession de foi pour les élections législatives de 1967, 2e tour (12 mars 1967). Candidat de la FGDS : Michel Dreyfus-Schmidt.

SOURCES : Arch. dép. Territoire-de-Belfort, 70 Fi, inventaire du fonds Émile Géhant. — Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 J 1182/1 et 1 J 1182/2, fonds Georges Rives, lettres d’Émile Géhant évoquant la déportation à Flossenbürg avec Georges Rives. — Site FMD, consulté le 12 juillet 2020. — Site histoirelibearationfrancaise.wordpress.com, consulté le 12 juillet 2020. — Site asso.flossenbürg, consulté le 14 juillet 2020.

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