Par Gauthier Langlois
Né le 2 novembre 1804 à Lesneven (Finistère), mort le 16 novembre 1887 au manoir de Néchoat, près de Morlaix (Finistère) ; général de brigade dans l’armée d’Afrique ; député orléaniste sous la Seconde République et opposant à Louis-Napoléon Bonaparte, il fut expulsé suite au coup d’État du 2 décembre 1851 et se réfugia à Jersey où il devint un familier de Victor Hugo.
Fils d’Agathon Vincent Bernard Le Flô (1761-1839), avocat et juge de paix et de Marie Julie Céleste Condamain (1775-1865), propriétaire, il avait épousé, le 20 juin 1842 à Morlaix (Finistère), Hélène Caroline Guegot de Traonlen (1820-1879). Le couple eut trois enfants : Caroline (1845-1928), Adolphe Joseph Agathon (1843-1878) et Yves Hélier (1853-1865).
Adolphe Le Flô fit l’école de Saint-Cyr d’où il sortit officier et distingua en Algérie, notamment à la prise de Constantine. Officier brillant il fut nommé général à seulement 41 ans. Il fut élu, en avril 1848, député du Finistère à l’Assemblée constituante puis réélu en mai 1849 à l’Assemblée législative. Il siégea parmi la majorité antirépublicaine jusqu’à la rupture entre les monarchistes parlementaires et l’Élysée et combattit alors la politique du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte qu’il avait auparavant soutenu. Sa qualité d’adversaire acharné du président lui valut d’être poursuivi suite au coup d’État du 2 décembre 1851. Il fut d’abord incarcéré au château de Vincennes puis au fort de Ham (Somme) avant d’être condamné à "l’éloignement momentané" suite au décret présidentiel du 9 janvier 1852 expulsant de France un certain nombre de parlementaires. Avec sa famille il se réfugia en Belgique puis en Angleterre et gagna ensuite l’île de Jersey.
Monarchiste orléaniste, il était sur cette île le seul proscrit non républicain et semble s’être tenu à l’écart de la politique. Il y noua une solide amitié avec Victor Hugo et sa famille, malgré leur éloignement politique. Il participa à Marine Terrace, aux séances de tables tournantes, notamment celle du 11 septembre 1853 qui réunissait Delphine de Girardin, Madame Victor Hugo, Victor Hugo , Charles Hugo, Francois-Victor Hugo, Adèle Hugo, Henri de Tréveneuc et Auguste Vacquerie. Il était également ami, comme les Hugo, avec le jersiais Charles Asplet, l’un des principaux soutiens des proscrits dans l’île, et avec Augustine Allix.
Au cours de l’exil naquit son fils Yves Hélier Jules Ernest, baptisé le 29 décembre 1853 en l’église catholique Saint-Thomas à Saint-Hélier.
Il fut autorisé à revenir en France en 1857. Avant il fit ses adieux à ses amis de Jersey. Il laissa dans l’album de Charles Asplet sa photo accompagnée de la dédicace suivante : « A. M. Charles Asplet, souvenir d’affectueuse reconnaissance pour les mille obligeances. Jersey 20 juillet 1857 ». Le 27 juillet il fit ses adieux à ses amis de Guernesey comme en témoigne une photo dédicacée à Augustine Allix.
En France il se tint à l’écart de la politique. Mais suite à la proclamation de la Seconde République il fut nommé ministre de la Guerre par le gouvernement de la Défense nationale et maintenu dans ce poste par le gouvernement Thiers. Démissionnaire après le siège de Paris par les versaillais, il fut nommé ambassadeur en Russie et élu député du Finistère. Il était grand officier de la Légion d’honneur.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives de l’Oise, Album Asplet. — Notice BnF. — Adolphe Robert, Gaston Cougny, « Adolphe Le Flô, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889. — Edgard Bourloton, Jean-Yves Le Goff, Le général Adolphe Le Flo, Lesneven, 1804-Ploujean-Morlaix, 1887 : promoteur de l’Alliance franco-russe, Ville de Lesneven, Musée du Léon, 1993. — « Adolphe Le Flô », Wikipedia. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Leflo - Adolphe Charles Emmanuel », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Auguste Vacquerie, Profils et grimaces, Paris : Michel Lévy frères, 1856. — Auguste Vacquerie, Les miettes de l’Histoire, Paris, Pagnerre, 1863. — Gustave Simon, Les tables tournantes de Jersey : chez Victor Hugo : procès-verbaux des séances, Paris, L. Conard, 1923. — Jean-Claude Fizaine, Victor Hugo et les mystères de Jersey. Un manuscrit inédit de Xavier Durrieu (Les séances chez Leguével), 2015.