ROBIN Robert, Joseph

Par Thareaut Louis

Né le 18 décembre 1930 à Angers (Maine-et-Loire), mort le 17 août 2007 à Angers ; employé de bureau ; militant CFTC puis CFDT, initiateur et animateur de la section CFTC-CFDT de la Mutualité Sociale Agricole d’Angers (1956-1965) ; membre du conseil de la Fédération Générale de l’Agriculture CFTC (1960-1964), membre du conseil de l’Union départementale CFTC, puis CFDT de Maine-et-Loire (1961-1974), puis membre de sa commission exécutive (1961-1969) ; membre de l’UGS, du PSU, puis du Parti socialiste ; maire-adjoint d’Angers en 1977, conseiller régional (1980-1992), conseiller général en 1994.

Robert Robin, sd
Robert Robin, sd

Les parents de Robert Robin étaient originaires de Le Moustoir (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), à cinq kilomètres de Carhaix-Plouguer (Finistère). Si les parents de sa mère, Marie Le Bouil, eurent une petite ferme, son père Ernest Robin fut sans statut social précis. Il ne fut jamais scolarisé. Après leur mariage, ils arrivèrent à Angers en 1929 pour rejoindre un groupe de bretons déjà implanté en Maine-et-Loire, aux Ardoisières de Trélazé, aux Etablissements Bessonneau ou encore à l’asile psychiatrique de Ste-Gemmes-sur-Loire. Le couple eut trois enfants, seul Robert survécut !

Son père travailla d’abord environ trois ans aux filatures Bessonneau puis, à partir de 1932, chez les maraîchers du quartier Sainte-Thérèse à Angers. Ils vinrent alors habiter dans le quartier de la Doutre, qui garda toujours une place importante dans la vie de Robert. Sa mère travailla quelque temps chez Bessonneau, puis également dans le maraîchage. En 1939, son père fut mobilisé et, ayant été fait prisonnier, ne revint qu’en mai 1945.

Pendant toute cette période, la vie de Robert Robin fut instable et difficile, il connut l’assistance publique et divers foyers. Ses seuls points d’ancrage furent le quartier de la Doutre, l’école Saint-Pierre et le patronage. En 1945, en dépit du retour de son père, il ne retrouva pas le foyer familial. Il fut recueilli par le curé de la paroisse, l’abbé de L’Estoile, qui mit une chambre à sa disposition au presbytère. Il l’inscrivit au Collège de Mongazon, à Angers, où il resta de la sixième à la troisième. De 1948 à 1950, il fut élève à l’Institution des Petits Clercs de St-Martin, à Tours. Pendant toute cette période scolaire, il milita à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) pendant les vacances et créa un groupe de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) à Mongazon et à l’Institution de Tours.

Il fit son service militaire de janvier 1952 à juillet 1953. Le 31 juillet 1953, il se maria avec Thérèse Joly, fille du boulanger du quartier de la Doutre. Ils eurent trois enfants.

En 1953, Robert Robin entra comme employé de bureau à la Mutualité sociale agricole (MSA), à Angers. En 1956, il adhéra à la CFTC et lança une section syndicale. Lorsqu’il quitta la MSA en 1965, la section CFTC devenue CFDT était forte de 140 adhérents. Il travailla ensuite à l’Association pour les mutations professionnelles en agriculture (AMPRA), puis à l’Association départementale pour l’aménagement des exploitations agricoles (ADASEA). En 1972, il quitta le secteur agricole pour l’Université, puis l’IUT où il s’occupa de la formation continue. En 1975-1976, il passa une capacité en droit. Il prit sa retraite le 31 décembre 1990.

Les engagements de Robert Robin furent doubles : politiques et syndicaux. De 1960 à 1964, il fut membre du conseil de la Fédération CFTC de l’Agriculture et membre du bureau de 1960 à 1962. Le 5 mars 1961, il fut élu au conseil et à la commission exécutive de l’Union départementale CFTC de Maine-et-Loire. En raison des règles de non cumul des mandats politiques et syndicaux, il fut mis en demeure, au cours de l’année 1962, de choisir entre ses responsabilités au bureau du Parti socialiste unifié (PSU) et sa participation à la commission exécutive de l’UD. Il choisit de rester à l’UD. Fermement partisan de l’ouverture de la CFTC, il participa au congrès confédéral extraordinaire de novembre 1964. Porteur des mandats des syndicats agricoles de Maine-et-Loire, il vota sans hésitation les nouveaux statuts et le changement de sigle.

En qualité de représentant de la CFDT, Robert Robin participa avec Louis Thareaut au lancement de la Maison de la Culture d’Angers. Ils animèrent ensemble la commission "formation" de l’UD et il participa avec lui à la relance de l’Union locale d’Angers, en 1964, afin de faire un « contrepoids » à l’Union départementale. Sympathisant du Mouvement de libération du peuple (MLP), Robert Robin entra en politique à l’Union de la gauche socialiste (UGS) et, en 1960, au Parti socialiste unifié (PSU). Il quitta le PSU environ un an après le congrès d’Epinay de 1969 pour entrer au Parti socialiste (PS),. D’abord dans la tendance CERES de Jean-Pierre Chevènement, il la quitta rapidement à la suite de Jean Monnier, comme nombre de militants issus de la CFDT, pour rejoindre la tendance Rocard.

En 1977, Robert Robin fut élu sur la liste d’Union de la gauche conduite parJean Monnier aux élections municipales d’Angers. Il devint maire-adjoint aux affaires sociales, notamment chargé du Centre communal d’action sociale (CCAS) et des foyers d’hébergement pour le troisième âge. Il fut candidat socialiste, sans succès, à deux élections législatives et à deux élections cantonales avant d’être élu conseiller général, en 1994, dans la circonscription d’Angers-Nord, qui inclut son quartier de la Doutre.

Robert Robin, fidèle compagnon de Jean Monnier, secrétaire général de l’UD CFDT, fut cependant un des militants qui souleva la question et provoqua le débat sur les positions jugées trop "directives" de celui-ci. Ce fut le cas entre autres, en 1966, à propos du poids des secrétaires permanents par rapport à l’exécutif et, en 1967, lorsque Jean Monnier se présenta au bureau confédéral sans l’accord de la commission exécutive de l’UD. L’attitude de Robert vis-à-vis de Jean Monnier, faite de complicité amicale envers l’homme et de mise en question de son action, fut un des traits caractéristiques de leur collaboration syndicale puis politique.

Robert Robin conserva toujours un attachement viscéral à son quartier de la Doutre, quartier populaire où il passa sa jeunesse et une partie de sa vie d’adulte. Durant toute sa vie, il fut tiraillé entre ses origines, faites de pauvreté et d’insécurité, et le sentiment d’être pourtant différent. C’était un bon orateur. Dans ses interventions, ses analyses furent souvent pertinentes, voire émouvantes lorsqu’il puisait son inspiration dans son histoire personnelle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230113, notice ROBIN Robert, Joseph par Thareaut Louis, version mise en ligne le 18 juillet 2020, dernière modification le 13 juillet 2020.

Par Thareaut Louis

Robert Robin, sd
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SOURCES : Arch. Dép. du Maine-et-Loire : fonds de l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire. — Entretien de Louis Thareaut avec Robert Robin, 20février 1998).

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