CHOVET Pierre

Par Jean Lorcin

Né le 7 avril 1873 à Saint-Étienne (Loire) ; conducteur-chef à la Compagnie du PLM ; militant syndicaliste de la Loire.

Pierre Chovet était un « vieux militant » (1898) syndical des cheminots : il rappelait volontiers sa participation - contestée par ses adversaires - à la grève de 1910 pour souhaiter, il est vrai, que d’aussi douloureux événements ne se reproduisent pas.
Secrétaire général du syndicat des Cheminots de Saint-Étienne (Loire), il fut nommé secrétaire national du syndicat des travailleurs du chemin de fer (section PLM) en juin 1916, après la fusion de toutes les organisations du réseau PLM.
On le retrouve dans toutes les réunions de cheminots de 1917 et 1918. Il s’y efforçait de maintenir le syndicat dans une voie strictement corporative : c’est ainsi qu’en mars 1918, il s’opposa à ce que les cheminots déclenchassent un mouvement de grève « des bras croisés » « que l’opinion publique n’approuvait pas ».
Conseiller fédéral, il représentait les cheminots au Comité général de l’Union départementale. Élu conseiller municipal de Saint-Étienne en 1919, il ne put, pour cette raison, accéder au poste de secrétaire permanent de l’UD.
Il fut délégué successivement aux congrès de l’Union du PLM de Marseille, puis de Roanne en 1920. « Réformiste », il y défendit contre Lucien Midol la politique de Marcel Bidegaray et du conseil fédéral, tant en ce qui concernait la participation aux conseils généraux d’exploitation que la grève. Sur le premier point, il se déclara catégoriquement pour « la collaboration de classe » : en effet, estimait-il, « les Compagnies, en offrant au syndicat d’avoir une part à l’administration officielle des réseaux », reconnaissaient par-là la valeur professionnelle des cheminots : « Montrons-leur non seulement que nous sommes capables de travailler, mais aussi capables d’exercer une direction ».
Quant à la grève des chemins de fer du réseau, il reprochait à Lucien Midol d’avoir agi seul, en « dictateur », prenant ainsi « une formidable responsabilité ». Chovet n’en fit pas moins un vibrant appel à « l’énergie des syndiqués » pour les inviter à déclencher « un mouvement d’ensemble » : « La Société, disait-il, est arrivée à son déclin, elle chancelle sur ses bases. L’heure est propice. Il faut démolir pour ouvrir immédiatement une ère de justice, de bien-être et de véritable liberté ».
De fait, en mai 1920, il était partisan de la grève générale. Membre du Comité de grève générale, dirigé par Frécon, secrétaire de l’Union des syndicats ouvriers de Saint-Étienne, Chovet concluait un discours enflammé qu’il avait prononcé devant 7 000 personnes par ces mots : « Salut à la classe prolétaire. Il faut faire rendre gorge aux profiteurs. Le mouvement va se généraliser. Vive la révolution sociale ».
Ardent partisan de la grève, il incitait les cheminots à la continuer jusqu’au bout et dénonçait la trahison de la CGT. Il invita cependant les grévistes à reprendre le travail, le 29 mai 1920, après avoir reçu un télégramme de la commission exécutive des chemins de fer.
Révoqué, il resta fonctionnaire syndical des cheminots, aux appointements de 500 f par mois. Ayant pris un commerce de vins, il demanda à quitter le secrétariat du syndicat en 1921, mais, sur les instances de ses camarades, il accepta d’y rester momentanément.
Il hésitait, en novembre 1920, sur l’adhésion du syndicat à la IIIe Internationale, mais il reçut mandat de son syndicat de se prononcer contre la collaboration de classe et la tactique actuelle de la CGT. En 1921, à la veille du congrès confédéral de Lille, il était partisan, comme Lorduron*, alors secrétaire de l’UD, de réaliser l’unité dans la Loire pour faire prévaloir au congrès la thèse de l’adhésion à l’Internationale communiste.
Pierre Chovet fut candidat du Parti socialiste SFIO auquel il avait adhéré avant 1914, aux élections municipales du 30 novembre 1919, sur la liste du Bloc républicain des forces de gauche présentée par Ferdinand Faure* dans le canton nord-est de Saint-Étienne ; il fut élu conseiller municipal avec 3 794 voix.
Délégué sénatorial suppléant en 1919, Pierre Chovet fut élu conseiller d’arrondissement en 1919 et devint président du conseil d’arrondissement de Saint-Étienne.
Passé au Parti communiste au congrès de Tours, il le quitta fin 1922 et il fit partie du bureau fédéral de l’Union socialiste communiste dès sa fondation en 1923.
Prenant la parole au meeting du Cartel des Services publics en faveur de l’amnistie et de la réintégration des révoqués en juin 1924, Chovet invoqua la célèbre diatribe du député radical de la Loire Simon Reynaud contre les généraux « assassins » pour réclamer la grâce des insoumis qui, dit-il, auraient été encore bien plus nombreux « si en 1914, on avait prévu la longueur des hostilités ». Et d’appeler la classe ouvrière à déserter en masse si un nouveau conflit éclatait (Arch. Dép. Loire, M 539, pièce 68, rapport du commissaire de police, Saint-Étienne, 27 juin 1924).
Pierre Chovet présida, avec Vital Descos*, la liste de l’USC aux élections municipales de 1925 ; il se heurta, à cette occasion, à l’obstruction systématique des communistes au cours de la campagne électorale. La même année, Chovet fut candidat de l’USC aux élections cantonales pour le renouvellement du conseil général dans le canton sud-est de Saint-Étienne. L’USC, en effet, avait décidé de présenter des candidats dans tous les cantons où ce serait possible et intéressant pour « la propagande », « à défaut d’entente générale avec les partis se réclamant de la lutte des classes » : la SFIO en effet, avait laissé « toute liberté d’action à ses sections, c’est-à-dire l’équivoque », et le Parti communiste n’avait pas répondu favorablement aux propositions de Cartel ou de front unique de l’USC (Tribune, 3 juillet 1925).
On retrouve encore Chovet au conseil d’arrondissement sous l’étiquette USC en 1927.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2302, notice CHOVET Pierre par Jean Lorcin, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 29 juin 2012.

Par Jean Lorcin

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 3 M 66, 10 M 187, 92 M 257, 93 M 40-41, dossiers politiques, 1920-1925, 39-540. — Bulletin municipal, Saint-Étienne, séance du 5 décembre 1919. — Le Cri du Peuple, 6 avril 1929, 25 mai 1929. — La Tribune républicaine, 25 et 30 novembre 1919, 1er décembre 1919, 30 décembre 1923, 25 avril 1925. (« L’USC suspend ses réunions »).

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