Par Gauthier Langlois
Née le le 4 mai 1823 à Fontenay-le-Comte (Vendée), morte en 1901 ; cantatrice, elle sacrifia sa carrière pour aider ses frères Émile et Jules proscrits réfugiés à Jersey et intimes de la famille Hugo.
Quatrième des neuf enfants de Pierre François Allix (1790-1844), qualifié de marchand mercier, quincaillier puis négociant à Fontenay-le-Comte, et de Gabrielle Thérèse Vexiau (1791-1884).
Entre 1850 et 1852 ses prestations à l’Opéra et dans des théâtres lyriques étaient salués par la critique. Abandonnant une carrière qui s’annonçait prometteuse, Augustine vint à Jersey pour aider financièrement son frère Émile en donnant aux habitants de l’île des cours de chant, comme l’explique Adèle Foucher, épouse de Victor Hugo, à sa sœur Julie Foucher, dans une lettre de 1852 datée de Saint-Hélier : « chère petite sœur, nous avons organisé des concerts qui ont eu d’étonnants succès. Voici comment. Mlle Allix, sœur d’un proscrit, est venue vivre avec son frère, pour partager son exil et lui gagner son pain. Cette demoiselle a une fort belle voix, une excellente méthode. C’est une des meilleures élèves de Del Sarte. Il s’est agi de la faire connaître ; le meilleur moyen était de la faire entendre aux bons Jersiais. On a risqué. La plus belle salle de l’île a été louée, les programmes lancés. Mlle Allix ne suffisait pas pour donner un concert. Il s’est trouvé qu’un de nos amis, Téléki, proscrit hongrois, donnait l’hospitalité à l’un de ses compatriotes, à un violoniste nommé Remingi, violoniste que l’on ne peut guère comparer qu’à Paganini. Liszt l’a adressé à Téléki, lui disant que c’était le premier violoniste de l’Europe. Remingi s’offre à seconder Mlle Allix dans son concert. Je ne sais comment cela s’est fait. Mais, Dieu aidant, il y a eu foule à ce concert, et foule sans patronage, ce qui n’était jamais arrivé dans l’île. Mlle Allix a chanté de façon à plaire infiniment aux Jersiais. Son succès lui a tout de suite procuré des élèves, ce que nous voulions ».
Augustine et son frère furent à leur tour rejoints par leur frère Jules Allix qui, le 16 novembre 1853, avait été condamné par la cour d’assises de la Seine, à la suite du complot dit de l’Hippodrome à huit ans de bannissement. Les Allix étaient des familiers de la maison Hugo à Marine Terrace : leur nom figurent aux côtés de celui d’Auguste Vacquerie et d’autres parmi les procès-verbaux des réunions consacrées aux tables tournantes ; Gustave Simon, qui les a publiés, présente les Allix comme « spectateurs sans opinions », et ils paraissent notamment en février-mars 1855 aux séances où les esprits évoquent le christianisme.
Quand les Hugo furent expulsés de Jersey, en 1855, Augustine et son frère Jules Allix les suivirent à Guernesey. Quant à Émile Allix il avait repris ses études de médecine à Paris puis Bruxelles mais effectuait de longs et fréquents séjours auprès de sa sœur, de son frère et des Hugo.
En septembre 1860 elle eût l’occasion de rencontrer l’ancien préfet de police socialiste Marc Caussidière, en visite chez les Hugo à Hauteville House. Il lui laissa une photo, prise à cette occasion par Charles Alexandre Leballeur-Villiers, avec la dédicace suivante : « A Mademoiselle Allix aussi recommandable par sa fermeté républicaine que par son talent. M. Caussidière. »
Augustine était revenue à Paris en 1864, comme l’atteste l’annuaire Didot-Bottin. Elle continuait à donner des cours de chant notamment dans l’école de piano fondée par sa sœur Eudoxie, ainsi que des cours de gymnastique avec Hippolyte Triat.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives de l’Oise, Album Asplet. — « Lettres de Madame Victor Hugo à sa sœur Julie », Les Annales romantiques : revue d’histoire du Romantisme, t. 9, 1912, p. 255. — « Un médecin de Victor Hugo : le docteur Émile ALLIX », La Parole républicaine, 25 juillet et 1er août 1931. — — Gustave Simon, Les tables tournantes de Jersey : chez Victor Hugo : procès-verbaux des séances, Paris : L. Conard, 1923. — Jean-Claude Fizaine, Victor Hugo et les mystères de Jersey. Un manuscrit inédit de Xavier Durrieu (Les séances chez Leguével), 2015.