DUBOIS Jacques, Marcel

Par Frédéric Cépède

Né le 9 juin 1918 à Descartes (appelé alors La Haye-Descartes, Indre-et-Loire), mort le 29 janvier 2002 à Versailles (Yvelines) ; instituteur puis expert en matière de litiges salariaux ; militant socialiste, syndicaliste et coopérateur.

Fils d’Henri Dubois, maréchal-ferrant puis ouvrier papetier de 1919 jusqu’en 1940, et d’Estelle Liot, modiste, Jacques Dubois, boursier de l’État, intégra l’École normale d’instituteurs d’Indre-et-Loire en 1934. Il prit son premier poste d’instituteur à Châtellerault en 1937.

Jacques Dubois adhéra début 1935 aux jeunesses coopératistes. Il fut secrétaire de la section d’Indre-et-Loire en octobre 1935 et eut une très grande activité dans la coopérative de l’École normale d’instituteurs d’Indre-et-Loire, dont il devint président pendant l’année scolaire 1936-1937.

il adhéra par ailleurs à la section de Tours des Jeunesses socialistes en 1936, puis à la SFIO en 1937 à la section de Châtellerault. Membre du SNI, il s’affirma comme un militant très actif du Collège ouvrier du travail de Tours, dont Léopold Sédar Senghor* était le président. Il fut initié à la loge « Les persévérants Écossais » de Tours, affiliée à la Grande loge de France en mai 1938. Il fut reçu maître en 1939, poursuivit ses activités maçonniques jusqu’en 1953, où il fut « mis en sommeil ». Il adhéra enfin à la Ligue des droits de l’Homme en octobre 1938.

À partir de 1941, Jacques Dubois entra en Résistance dans le réseau Libération-Nord dans la zone pays de Loire. Il reprit sa carte à la SFIO en 1945 et resta fidèle au PS jusqu’à sa mort. Il était membre de Force ouvrière dès l’origine.

Sur la proposition de Senghor, Dubois il collaboré en 1939 à la grande enquête pilotée par Georges Lefranc et initiée par Georges Vidalenc sur les salaires. Cette activité réorienta sa carrière professionnelle après guerre puisqu’il rejoignit, à la demande de Jouhaux, l’Institut syndical des salaires. Cet institut, obligé de devenir autonome, se transforma en Institut technique des salaires (ITS), qu’il présida par la suite. Jacques Dubois devint le "spécialiste" des salaires en France (nombreux articles dans la presse et publications sur ce thème).

C’est essentiellement en tant qu’expert que Dubois participa à la vie de son parti. Il fut assistant du Docteur Pierre Segelle, ministre socialiste du Travail dans le gouvernement Bidault (novembre 1949-février 1950), pour la loi de retour aux conventions collectives. Installé à Versailles, il fut membre de la commission exécutive de la Fédération des Yvelines, de 1967 à 1970, animateurs de la direction des Études socialistes du PS en 1969-1971.

Membre du courant la Bataille socialiste après le congrès d’Épinay, Jacques Dubois fut secrétaire de la commission statutaire d’étude de l’autogestion (1971-1975). Il fit, à l’occasion de la convention nationale sur l’autogestion de juin 1975, sa seule intervention à la tribune d’une réunion nationale de son parti. Sous le pseudonyme de Jacques Brault (il était alors chef d’entreprise), ses propos, loin des schémas tactiques des courants, visaient essentiellement à mettre en garde les socialistes sur les conditions de la mise en place concrète, sur le terrain de l’entreprise, de l’autogestion. Il publia au même moment un ouvrage Droits des salariés et autogestion, préfacé par Alain Savary.

Début 1980, les mauvaises suites d’une opération des vertèbres le handicapèrent lourdement et le condamnèrent à ne se déplacer qu’avec des béquilles. Si cela réduisait sa mobilité, ni sa vivacité ni son dynamisme ne furent entamé.

Membre de l’OURS depuis 1970, Jacques Dubois donna, à partir de 1984, son concours aux publications et études économiques et, s’investit pleinement dans l’administration de l’association comme trésorier, puis, à partir de juin 1990, comme vice-président délégué. Il pilota de nombreuses études économiques publiées dans les cahier et revue de l’OURS.

Jacques Dubois se maria à trois reprises. Son 1er mariage eut lieu en octobre 1940, avec Jacqueline Gautron, institutrice, dont il eut une fille née en 1945. Il divorça en 1949 et se remaria en février 1950 à Paris avec Lucette Monnet, secrétaire, dont il eut deux filles (nées en 1953 et 1956). Ils se séparèrent en 1963 et divorcèrent en 1975. Il épousa enfin Marie-Thérèse Moreau, secrétaire, avec laquelle il vivait depuis 1965 et qu’il épousa en 1977 à Versailles. Victime d’un accident cérébral en 1995, Jacques Dubois vécut à Versailles entouré de sa famille jusqu’à son décès, le 29 janvier 2002.

Jacques Dubois refusa toute décoration, récusant la Légion d’honneur (engagement moral pris en 1946) que lui proposèrent Pierre Segelle, début 1950 et René Capitant, en 1969

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23046, notice DUBOIS Jacques, Marcel par Frédéric Cépède, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 9 août 2021.

Par Frédéric Cépède

ŒUVRE : sous le pseudonyme de Jacques Brault, Droits des salariés et autogestion, préface d’Alain Savary, Téma Action, 1975. — Les salaires, Éditions d’Organisation, 1986. — Le risque salaires dans les petites entreprises, 1988. — Nombreux articles dans les publications de l’OURS.

SOURCES : Arch. OURS. — Souvenirs personnels.

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