DUBOIS Juliette, Anne, Marie [épouse PLISSONNIER, dite DUBOIS-PLISSONNIER Juliette]

Par Claude Pennetier

Née le 11 novembre 1911 à Dijon (Côte-d’Or), morte le 21 décembre 1990 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; employée des chèques postaux ; militante communiste, secrétaire fédérale de Côte-d’Or, membre du comité central du PCF ; conseillère de la République, conseillère générale des Hauts-de-Seine.

[Sénat]

Pupille de la Nation (sa mère mourut en 1919 et son père, « entrepreneur de spectacle », en 1933), aînée d’une famille de cinq enfants (dont Madeleine Dubois, Paul Dubois, comptable qui sera déporté, Jacques, instituteur, Jean, employé), Juliette Dubois, titulaire du brevet élémentaire, fut employée des chèques postaux. Membre des Amis de l’Union soviétique en 1935, militante de la CGT à la même date, elle suivit un cours d’économie politique à la Bourse du Travail. Elle adhéra au Parti communiste en janvier 1936 et fut aussitôt trésorière de la cellule des PTT et chargée de former la région de l’Union des jeunes filles de France. Le 26 décembre 1936, Juliette Dubois assista au Ier congrès de l’UJFF. En 1937, elle dirigeait le groupe de la Côte-d’Or et fut déléguée de ce département au comité national de l’UJFF. À partir de 1938, elle siégea au bureau régional communiste et, à partir de 1939, fut membre du comité national de l’UJFF. Élève de l’école nationale de cette union en mai 1939, elle fut proposée pour suivre l’école centrale de six mois du Parti communiste qui devait avoir lieu en septembre 1939, mais, à son grand regret, la déclaration de guerre en décida autrement.

Arrêtée le 6 septembre 1939 à la suite d’une perquisition opérée à son domicile pour confection et distribution de tracts communistes concernant le Pacte germano-soviétique, elle fut relâchée quarante-huit jours plus tard et participa aussitôt à la reconstitution de cellules communistes clandestines, au travail dans les casernes et chez les femmes. La direction régionale était alors composée de Jean Creux (fusillé), Marcel Chalon, Jean Mahon, Jean Thibaut (tous trois morts en camp) et Jean Perruet (prisonnier de guerre rapatrié, le seul survivant avec elle).

Juliette Dubois milita en Côte-d’Or sous sa véritable identité jusque fin 1940, puis, toujours sous son nom, en Saône-et-Loire et dans l’Yonne jusqu’en avril 1941, avant d’être chargée par Danielle Casanova* du travail des femmes en zone occupée sous le nom de Marguerite jusqu’en août 1941, puis en zone libre sous le nom de Madeleine jusqu’au 26 novembre 1941, date de son arrestation.

Le 5 mai 1942, elle fut condamnée à la réclusion à perpétuité par le tribunal militaire de Montluc. Le représentant du ministère public avait déclaré qu’elle « occupait dans l’entreprise de reconstruction du PC en zone libre un emploi digne de son intelligence, de son instruction, de sa mystique. Femme dangereuse parce qu’illuminée et combative. Espère que dans peu de temps elle sera libre pour pouvoir vaquer à sa besogne antinationale et démoralisatrice. À classer 2e catégorie. Incorrigible ».

Elle connut plusieurs prisons en France, puis fut déportée le 30 mai 1944 à Ravensbrück. Elle reçut, en 1946, l’attribution de la médaille de la Résistance française, avec rosette.

Au début de la IVe République, Juliette Dubois fut conseillère de la République, désignée par le groupe communiste de l’Assemblée nationale le 8 mai 1947 en remplacement de Jean-Richard Bloch*. Elle dirigea la liste d’Union républicaine et résistante aux élections du 2 juin 1946. Elle figura encore sur cette liste en novembre 1946 et juin 1951. Elle était alors secrétaire de la fédération de la Côte-d’Or du PCF. Le Parti communiste lui fit suivre une école centrale de quatre mois de novembre 1948 à mars 1949.

Élue suppléante au comité central du PCF au congrès de Paris (juin 1945), elle devint titulaire au congrès du Havre (juillet 1956) et le resta jusqu’au congrès de mai 1964. Son mari, Gaston Plissonnier*, était le rapporteur de la commission politique qui décida sa non-réélection. Elle accepta « pour faire place à d’autres camarades » et continua par la suite ses activités comme collaboratrice du comité central.

De 1946 à 1953, elle fut conseillère municipale communiste de Dijon. En 1959, elle entra au conseil municipal de Nanterre et, de 1967 à 1976, siégea au conseil général des Hauts-de-Seine. Elle était membre du bureau national de l’Amicale des vétérans du PCF en 1977 et 1980.

Mariée à Nanterre le 19 juillet 1954 avec Gaston Plissonnier, elle était mère d’un fils, Pierre, né fin 1954.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23053, notice DUBOIS Juliette, Anne, Marie [épouse PLISSONNIER, dite DUBOIS-PLISSONNIER Juliette] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 15 octobre 2013, dernière modification le 10 août 2022.

Par Claude Pennetier

[Sénat]
Une vue de la conférence sur la Chine avec de gauche à droite Georges Marrane, Marcel Servin, André Carrel, Waldeck Rochet, Bernard Jourd’hui et Juliette Dubois rassemblés autour d’une table afin de parler du récent voyage en Chine de la délégation du Parti communiste français conduite par Waldeck Rochet et invitée pour le 10e anniversaire de la République populaire de Chine.
Paris (75), 30 octobre 1959.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Côte-d’Or, suppl. moderne 7901, rapport du commissaire central de Dijon, 28 septembre 1939. — Arch. Dép. Ille-et-Vilaine, 278W152, communiqué par Corinne Jaladieu. — Le Travailleur de Bourgogne. — l’Avenir de la Côte-d’Or. — R. Long, Les Élections législatives en Côte-d’Or depuis 1870. — Gaston Plissonnier, Une vie pour lutter, Messidor, 1984. — Le Monde, 25 décembre 1990. — Lettres de Juliette Plissonnier à Jean Maitron, 9 novembre 1981 et 23 juin 1982. — État civil.

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