DERON Louis, Achille, Joseph

Par Gauthier Langlois

Né le 20 décembre 1823 à Saint-Omer (Pas-de-Calais) ; rentier ; célibataire ; socialiste ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 il se réfugia en Belgique d’où il organisa une tentative d’attentat contre Napoléon III puis à Londres.

Fils aîné de Jacques, Joseph Deron, entrepreneur à Saint-Omer et de Mélanie Virginie Sophie Warenghem, il bénéficia d’une bonne éducation. Il reçut notamment, au sein des écoles académiques de la ville, des cours de dessin de Omer Cotté et des cours de l’architecte de la ville L. Lomez. À l’examen de ces écoles, en 1841 il fut reçu premier pour l’architecture. Il commença alors à travailler comme entrepreneur aux côtés de son père, qui construisait à ce moment des immeubles sur la Place royale (actuellement Grande-Place).

Il était à peine majeur au décès de son père en 1846. Il avait alors deux frères et une sœur, mineurs, qui furent placés sous la tutelle d’Omer Cotté. Avec sa mère et le tuteur de ses frères et sœurs il vendit une partie de leur l’héritage, une maison située place royale, au cafetier Jean-Paul Lefèbvre. Louis se partagea les 28 000 francs de la vente avec sa famille. L’héritage, qui comprenait aussi des biens à Campagne-lès-Wardrecques, devait être conséquent puisque Louis abandonna son travail pour vivre de ses rentes.

Avec son ami Théobald Cauvet, rentier désœuvré comme lui, il fréquentait à Saint-Omer le café de Jean-Paul Lefèbvre, qui était, selon les autorités, « le lieu de rendez-vous des débauchés de la ville, des hommes perdus et des socialistes exaltés ». Les deux amis, membres de la garde nationale, soutinrent la Révolution de février 1848 mais participèrent à la répression de la révolte ouvrière des Journées de juin 1848 : ils apparaissent en effet sur « La liste nominative des gardes nationaux de Saint-Omer qui se sont rendus à Paris, pour y défendre la République contre l’anarchie ».

Deron et ses amis Jean-Paul Lefèbvre et Théobald Cauvet s’opposèrent au coup d’État du 2 décembre 1851 puis s’enfuirent ensemble pour échapper à la répression. La commission mixte du Pas-de-Calais condamna alors Deron à l’expulsion, sur les motifs suivants : « S’est trouvé mêlé à toutes les scènes de désordre qui ont eu lieu à Saint-Omer, a participé au complot des 4 et 5 décembre et, notamment, en distribuant des placards séditieux. Homme professant les opinions les plus anarchiques et d’une moralité détestable. Il a dissipé en orgie la plus grande partie d’un riche patrimoine. S’est soustrait par la fuite au mandat d’arrêt décerné contre lui. »

Il s’installa alors en Belgique d’où il organisa un attentat contre Napoléon III avec la complicité d’autres proscrits. Le chimiste Jules Jacquin fabriqua une bombe que Derin apporta en France en pièces détachées et sous la fausse identité de Lecomte. Elle fut placée sous la voie ferrée Lille-Calais par Deron et ses complices : Jean-Baptiste d’Hennin, Émile Desquiens, Joseph Dussart et Louis Joseph Cordelier dit Matelot. La bombe actionnée grâce à une commande électrique par Joseph Constant Vandomme, devait exploser, le 12 septembre 1854, au passage du train impérial. Mais elle fut découverte la veille. Au terme d’une longue instruction française et belge, la cour d’assise du Nord à Douai condamna, en août 1855, Deron, les frères Jacquin et Vandomme, qui s’étaient enfuis de Belgique, à la peine de mort par contumace ; d’Hennin aux travaux forcés à perpétuité, Desquiens à cinq ans de prison. Les autres furent acquittés.

En 1858 Deron était réfugié à Londres où il était un familier de Ledru-Rollin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230565, notice DERON Louis, Achille, Joseph par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 26 juillet 2020, dernière modification le 26 juillet 2020.

Par Gauthier Langlois

SOURCES : Le Mémorial Artésien, 12 novembre 1841, 16 décembre 1846, 14 juin 1848, 5 juillet 1848, 10 mars 1852, 18 novembre 1887. — La Gazette des tribunaux, 11 août 1855, 12 août 1855. — L’Assemblée nationale, 13 août 1855. — Arthur de La Guéronnière, L’Empereur Napoléon III et l’Angleterre, Paris, Firmin-Didot, 1858, p. 20. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Deron - Louis Achille Joseph », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.

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