DUBOSC Louis, François, Marius

Par Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier

Né le 6 avril 1901 à Panassac (Gers), mort le 8 juin 1991 à Condom (Gers) ; instituteur à Condom ; député socialiste du Gers (1936-1942), conseiller général de Valence-sur-Baïse (1937-1940) ; résistant.

Louis Dubosc
Louis Dubosc
Député

Louis Dubosc fit ses études au collège et à l’École normale d’instituteurs d’Auch. Titulaire du brevet supérieur, il fut instituteur dans son département. Membre du Syndicat national des instituteurs, de la CGT, du Parti socialiste SFIO (depuis 1923 semble-t-il), ses premières activités de 1925 à 1927 consistèrent à organiser l’accueil des antifascistes italiens dans le Gers, parmi lesquels Pietro Nenni réfugié à Nérac et Campolonghi. Secrétaire de la section socialiste SFIO de Condom en 1928, il déclara dans une lettre à Jean Zyromski du 10 janvier 1931, approuver la Bataille socialiste : au dernier congrès fédéral, « notre tendance » a obtenu 19 mandats contre 18 à celle de Renaudel.

La fédération socialiste du Gers avait présenté la candidature de Dubosc aux élections législatives dans la circonscription de Condom-Lectoure (11,1 % des voix des inscrits), puis le 1er mai 1932 dans la circonscription de Mirande (13,5 % des inscrits). Il fut probablement le candidat socialiste SFIO portant ce nom en 1928, dans le canton de Condom, puis de Montréal-du-Gers, en 1931. À nouveau porte-drapeau du Parti socialiste à Condom-Lectoure les 26 avril et 3 mai 1936, il arriva en tête au premier tour avec 6 705 voix sur 24 217 inscrits et 19 398 votants, devant le député radical-socialiste sortant Mahagne (4 573 voix), Ducom, radical indépendant (3 317), Cantaloup, parti agraire (2 956) et Betous, communiste (1 341 voix). Au second tour, Dubosc l’emporta par 11 279 (ou 11 256) voix contre 7 986 voix à Ducom. Fort de ce succès, il fut élu en 1937 conseiller général dans le canton de Valence-sur-Baïse. Il joua un rôle actif à la Chambre des députés. Membre de la commission des travaux publics et des moyens de communication ainsi que de celle des boissons, il fit une proposition de loi tendant à établir le scrutin uninominal avec représentation proportionnelle des partis pour l’élection des députés.

À la déclaration de guerre, en août 1939, Dubosc fut mobilisé comme officier et bientôt récompensé par attribution de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Présent à Vichy le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Son nom figurait parmi les signataires de la déclaration Bergery mais il déclara après la guerre qu’il ne l’avait pas ratifié et que, arrivé à Vichy le 9 juillet, il avait protesté auprès de Bergery de cette usurpation. Il participa au Cabinet de Berthelot, ministre des communications, et le quitta le 23 décembre 1940. Le gouvernement de Vichy ne le priva pas de son mandat de conseiller général. Proche d’Albert de Monzie, celui-ci l’évoqua en termes favorables dans son livre Ci-devant.

Louis Dubosc se détacha de Vichy à partir de 1941. Il fit fonction d’intermédiaire pour des entrepreneurs juifs qui quittaient la France et fut par la suite accusé par ses adversaires - à tort semble-t-il - d’avoir été administrateur de biens juifs. Il fut soupçonné d’être l’animateur d’une société secrète, appelée les « Patriotes » qui dans les Hautes-Pyrénées, rassemblait des affiliés hostiles à Vichy et aux Allemands. Puis il entra dans la résistance en 1942. Il appartint au réseau Buckmaster pour lequel il accomplit plusieurs missions dans les ambassades anglaise et américaine en Espagne. Fin 1943, il se réfugia dans un maquis pyrénéen. En octobre 1944, il fut affecté à la DGSS puis à la DGER, qui fit remonter son entrée dans les services de renseignements à juillet 1942. Il termina la guerre avec le grade de commandant (il était auparavant capitaine de réserve). Dans une citation attribuée par le général de Gaulle le 10 novembre 1945 on peut lire : « Agent SR en territoire occupé par l’ennemi. Rentré dans la Résistance dès juillet 1942. À établi un bureau de fabrication de permis de circuler et de faux papiers. A installé à son domicile personnel un poste émetteur de radio, prenant à sa charge tous les risques que ce travail dangereux comportait. À accompli par ordres de ses chefs en 1943, trois missions à l’étranger avec passage à la frontière à ses risques et périls. Puis à repris la tête d’une organisation de passage d’aviateurs alliés et de réfractaires français - jusqu’à la Libération. Enfin, s’est occupé lui-même dans le secteur pyrénéen de parachutage d’armes. Il a mené ces actions différentes jusqu’à la fin sans jamais défaillir. » Cette citation comportait l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze.

Pour son attitude à Vichy le 10 juillet 1940, le congrès extraordinaire du Parti socialiste, réuni à Paris en novembre 1944, prononça son exclusion.
Le Jury d’honneur, présidé par René Cassin, releva Dubosc de son inéligibilité, par la décision n° 357 bis du 31 décembre 1945. Il apporta de nombreux témoignages favorables, dont une attestation de Jacques Soustelle. La décision du Jury était la suivante : « Considérant que, si l’intéressé a aggravé son vote du 10 juillet 1940 en signant la motion Bergery et en acceptant un poste au cabinet Berthelot, ministre du pseudo-gouvernement de Vichy, ces faits sont dépassés par la contribution active et efficace qu’il a apportée, dès le mois de juillet 1942, à un réseau de résistance dont il faisait partie et pour lequel il a accompli diverses missions périlleuses sur le territoire national et à l’étranger. » Cette décision, et l’attribution à Dubosc d’une Croix de guerre, provoqua de vives protestations des socialistes et du Comité départemental de Libération qui avait donné un avis défavorable. En mars 1945, le préfet, en dépit des attestations de Soustelle, conseillait de ne pas le rétablir dans ses droits de conseiller général, devant l’opposition de la Résistance et des socialistes.

Dubosc rejoignit le Parti socialiste démocratique de Paul Faure, participant à sa fondation en août 1945 et appartenant à sa commission exécutive où il représentait le Gers. Il réapparut dans le Gers à la veille des élections cantonales de 1945, mais l’hostilité de la fédération socialiste l’amena à renoncer à se présenter à ce moment. Secrétaire fédéral du PSD en 1946, membre du Comité directeur en 1951, secrétaire général adjoint en 1952, il collabora à La République libre et signa l’affiche appelant à voter "non" au référendum du 5 mai 1946. Il devint ensuite vice-président du RGR en 1949-1950. Il quitta le PSD au lendemain des élections municipales de 1953 pour créer le Cercle national des indépendants de gauche (CNIG), des républicains socialistes et des socialistes indépendants dont il fut président, avant d’être désigné le 28 mars 1957 comme secrétaire général adjoint du Centre républicain. Il se présenta sous l’étiquette CNIG aux législatives du 2 janvier 1956 dans le Cher (dernier de liste) puis comme « candidat isolé » aux élections sénatoriales du 23 septembre 1962, obtenant 17 voix sur 737 inscrits et 725 exprimés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23080, notice DUBOSC Louis, François, Marius par Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 28 octobre 2021.

Par Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier

Louis Dubosc
Louis Dubosc
Député

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/137, 147 ; F/1cII/160 ; CAC, 19910564, art. 11. — Arch. du Conseil d’État, fonds du Jury d’honneur. — Arch. J. Zyromski (CRHMSS), lettre du 10 janvier 1931, dossier Bataille socialiste en province. — SHD, Vincennes GR 16 P 194780, SHD/ GR P 28 4 379 19. — Le Gers socialiste, 1928-1936. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires. — N. Castagnez, Les Paul-Fauristes après la Libération, mémoire de maîtrise Paris IV, 1987. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, juillet 1925-octobre 1928, Paris, J.L.L. D’Artrey directeur. — PS-SFIO, Rapports du XXXVe congrès national, Librairie populaire, 1938. — État civil de Panassac.

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