DUBOURG Jean [Lot-et-Garonne]

Par Claude Pennetier, Madeleine Rebérioux

Né le 16 novembre 1871 à Fargues-sur-Ourbise (Lot-et-Garonne), mort le 12 janvier 1954 à Tonneins (Lot-et-Garonne) ; instituteur ; secrétaire de la fédération SFIO du Lot-et-Garonne, maire de Tonneins (Lot-et-Garonne).

Né en plein pays landais au tout début de la Troisième République, Jean Dubourg passa le Brevet élémentaire en 1889, devint alors élève-maître à l’École normale d’Agen et en sortit en 1891 avec le Brevet supérieur. Le chef-lieu du Lot-et-Garonne avait déjà à cette époque un assez sérieux noyau de militants socialistes. Après un bref passage dans le Lot, il fut, en octobre 1894, nommé à Tonneins où il résida dix ans jusqu’en septembre 1904 ; il fut alors l’objet d’une sanction pour raison politique. Déplacé avec cinq de ses collègues, il fut finalement nommé, le 1er novembre 1904, à Saint-Pierre-de-Buzet où il resta jusqu’en janvier 1908. La pression des autorités religieuses locales entraîna son départ : pour diriger l’école mixte, le conseil municipal réclama une institutrice. Il fut alors nommé à Saint-Gayrand où il devait rester jusqu’à sa retraite, le 1er janvier 1928.
Sa carrière n’avait donc pas été facile et ses opinions politiques lui avaient valu bien des ennuis. En 1912-1913, ceux-ci redoublèrent ; il fut l’objet d’une réprimande pour avoir, en 1912, signé le manifeste des instituteurs syndiqués (20 septembre 1912) ; elle fut annulée par circulaire ministérielle en 1913, mais cela n’empêcha pas l’inspection académique de s’inquiéter de sa présence au congrès de Chambéry du syndicat des instituteurs.
Dubourg avait appartenu, avant 1905, au Parti socialiste français ; il refit partie en 1905 de la commission locale d’unification, tout en restant très attaché à la discipline, et même à l’esprit du Bloc ; on le vit, par exemple, dans l’affiche par laquelle il se désistait pour le radical-socialiste Lagasse, en 1906, limiter à des « querelles personnelles » les différences entre socialistes et radicaux. Bon orateur, il s’était présenté au premier tour des élections législatives dans la circonscription de Nérac et il avait obtenu 435 voix. En 1910, il les tripla. En 1914, il en obtint 2 417, jamais assez pour être élu. Cette activité constante et la présidence de nombreuses réunions ne l’empêchaient pas d’être un bon instituteur, particulièrement préoccupé d’œuvres para et périscolaires. Il rendit la vie aux deux dernières écoles où il enseigna ; il créa à Saint-Gayrand cantine, patronage, société de gymnastique, organisa une association de la jeunesse laïque, une caisse de crédit agricole, une mutuelle-bétail, etc.
Délégué de la fédération socialiste de Lot-et-Garonne aux congrès de Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909) et Nîmes (1910), Dubourg ne s’y fit pas remarquer. La guerre venue, il fut mobilisé du 1er mai 1916 au 18 mars 1917.
Propagandiste de la fédération socialiste du Lot-et-Garonne, Dubourg fut élu conseiller municipal de Tonneins en décembre 1919. Il présida le congrès fédéral du 25 janvier 1920, qui le désigna à la commission administrative départementale et au conseil national. Quelques mois plus tard, il intrigua, dans et hors du Parti, pour être candidat, aux élections législatives partielles de décembre 1920. Les militants socialistes choisirent Renaud Jean, farouche partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale, et votèrent un blâme à Dubourg (voir Henri Valmary*). Celui-ci démissionna entraînant avec lui quelques militants de la section de Tonneins. Ce conflit coïncida avec la scission de Tours (décembre 1920) ; Dubourg rejoignit la SFIO.
Jean Dubourg était conseiller général depuis 1919. Il tenta, sans succès, d’utiliser son influence locale pour implanter son parti. Le 17 avril 1921, il organisa à Tonneins, une réunion publique avec Vincent Auriol*, mais, selon les rapports de police, son auditoire ne dépassa pas deux cent cinquante personnes. Le même jour, les communistes Renaud Jean et Vaillant-Couturier, réunissaient plus de mille habitants de Tonneins (Arch. Nat. F7/13000, 18 avril 1921). Dubourg fut secrétaire de la fédération SFIO de mars 1924 à février 1926, mais en fait, l’organisation était quasi inexistante comme en témoigne cette lettre de Paul Faure (voir Paul, Émile Faure*) à un militant de Montflanquin, datée 14 mars 1925 : « Il n’y a pas d’organisation socialiste en Lot-et-Garonne, ni section, ni secrétaire. Je vais y envoyer un délégué permanent. En attendant envoie ta cotisation à Granvallet, trésorier général du Parti » (Le Citoyen socialiste, 25 octobre 1931).
Dubourg avait perdu son siège au conseil général. En retraite depuis 1928, il put se consacrer entièrement à son action politique et conquérir la fonction de maire de Tonneins, aux élections de mai 1929. Pour des raisons inconnues, il entra en conflit avec la SFIO et c’est sous l’étiquette socialiste indépendant qu’il fut élu conseiller général en 1931. Sa réintégration, en 1932, fut une des causes du départ de J.-R. Larnaudie* et de René Mothes*. Candidat SFIO dans la circonscription de Marmande lors des élections législatives de mai 1932, il recueillit 14,3 % des voix des électeurs inscrits. Son attitude entre les deux tours resta ambiguë, finalement il demanda de mettre en échec le candidat de droite et la plupart des voix socialistes se portèrent sur le nom du communiste Renaud Jean qui fut élu.
J. Dubourg retrouva son siège au conseil général en 1937 et resta maire de Tonneins jusqu’en février 1941.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23090, notice DUBOURG Jean [Lot-et-Garonne] par Claude Pennetier, Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 24 mai 2021.

Par Claude Pennetier, Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Nat. F7/12500, F7/13000, F7/13082. — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, séries M. et T. — Le Socialiste. — Le Travailleur du Lot-et-Garonne, 1920-1921. — Le Réveil socialiste, 1932. — Lettre du maire de Tonneins, 6 février 1976.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable