Par Gauthier Langlois
Né le 1er mai 1814 à Saint-Barbant (Haute-Vienne), avocat et propriétaire à Bellac (Haute-Vienne), marié, socialiste opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut expulsé et se réfugia à Jersey.
Il appartenait à une famille de propriétaires qui avait accolé à son nom Thouraut (ou Thourault, Thouraud) celui de leur propriété de Lavignère (ou Lavignière). Ses ancêtres se faisaient appeler Thouraut sieur de Lavignère puis sous la Révolution et le premier empire Thouraut-Lavignère et enfin, Lavignère ou Thouraut de Lavignère.
Il était fils de Silvain Étienne, propriétaire, et de Marie Savard demeurant à Fougères, commune de Saint-Barbant. Il avait un frère, Théodore, également avocat, procureur de la République à Bellac en 1848, révoqué par la Réaction. Les deux frères étaient considérés comme des chefs des socialistes locaux. Avec plusieurs de leurs camarades ils s’opposèrent au coup d’État du 2 décembre 1851 et pour cette raison furent poursuivis. La Commission mixte de la Haute-Vienne condamna Théodore, alors en fuite, à la surveillance et Victor à l’éloignement momentané. Cette décision était motivée par le commentaire suivant :
« Ces quatre inculpés, connus à Bussière-Poitevine par leurs antécédents socialistes sont compris dans une même accusation. Michel Roi a appelé aux armes, a envoyé à Léon Herbert une lettre écrite par Filloux pour provoquer à l’insurrection. Léger a assisté à tous les conciliabules tenus par Roi et Filloux, a donné son assentiment au plan d’attaque de Bellac qui était discuté devant lui. Tous ont envoyé chez Lavignère demander des ordres. Ce dernier était à Bessines l’un des chefs du socialisme. Lavignère est venu dans la journée du 4 prendre le mot d’ordre à Limoges, y a passé quelques minutes et est reparti dans la commune de Saint-Sauveur où il est allé le porter ».
À la réception de l’ordre d’expulsion Lavignère n’eût que quelques jours pour mettre en ordre ses affaires. Le 31 mars 1852, il se trouvait à Valenciennes où il reçut un passeport pour se rendre à Mons en Belgique. De là il se réfugia à Jersey avec ses compatriotes Michel Roi et Victor Lavignère. Il fit une demande de grâce, commentée ainsi par l’administration : « par sa bonne conduite il a su mériter la bienveillance du consul de France. Il a reconnu son erreur et demandé à rentrer dans sa patrie pour cause de maladie ». Sa peine fut remise par décision impériale du 15 janvier 1853, ce qui lui permit de revenir en France. Il demanda une pension suite à la loi de 1881.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Benjamin Colin, Liste des proscrits de Jersey qui sont rentrés en France à la suite de demandes en grâce, s.l.n.d. [Jersey, 1853 ?]. — Robert Serru, Histoire du Dorat et de ses environs : 1789-1914, Guénégaud, 2002, p. 275-278. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Lavignère - Victor », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.