MIJOIN Adèle née NEMIROWSKI

Par Daniel Grason

Née le 8 mars 1918 à Paris (XIIe arr.), morte le 13 juin 2013 à Courpalay (Seine-et-Marne) ; militante communiste ; déportée à Ravensbrück (Allemagne) ; résistante.

Adèle Nemirowski
Adèle Nemirowski

Fille d’Abraham, trente-huit ans, tailleur et d’Ita Salomovici, vingt-trois ans, couturière, elle naquit au domicile de ses parents 76 rue de Picpus à Paris (XIIe arr.). Pendant la guerre Adèle Nemirowski vivait avec André Mijoin au 3, square Louis-Gentil à Paris (XIIe arr.), tous deux furent interpellés le 4 octobre 1940 par le commissaire Saint-Royre et des inspecteurs du commissariat de Boulogne-Billancourt pour distribution de tracts communistes. Quatre autres militants furent interpellés : Raoul Scheuer, Georges Labbé et Désiré Navez, et Marie Melisson. Adèle Nemirowski été condamnée par le 2ème Tribunal militaire de Paris à cinq ans de prison, 2000 francs d’amende et cinq ans de privation des droits civiques et politiques.
Chez le couple Mijoin les policiers saisirent 2 500 exemplaires de La Vie ouvrière n° 7 du 21 septembre 1940. Cette feuille ronéotypée recto-verso appelait à ce que « Les véritables dirigeants syndicaux reprennent leur place. » Étaient dénoncés ceux qui faisaient « chorus avec les ennemis de la classe ouvrière : [Marceau] Delobelle ex-Secrétaire de la Fédération du Textile. [Marcel] Brout ex-président de la Fédération du Bâtiment. Jugnien ex-secrétaire de la Fédération des Coiffeurs. Denys ex-secrétaire de l’Union du Réseau Est Cheminots. Delval ex-secrétaire de la Marine Fluviale. [Arthur] Pommier ex-secrétaire du syndicat des Municipaux. »
« Partout où vous les rencontrerez, recevez-les comme il convient. »
Le couple incarcéré se maria le 21 octobre 1941 en mairie de Fresnes. Le 5 avril 1942 la 15e Chambre la condamna à deux ans de prison qu’elle purgea en partie à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Elle fut transférée le à la centrale de Rennes en même temps que Madeleine Marzin, Adèle se plaignit du manque d’air pour sa petite Ita. Atmosphère tendue, Madeleine Marzin s’échappa.
Adèle fut déportée sous son nom de femme Mijoin, nom moins connoté que Nemirowski, son père Abraham déporté à Auschwitz n’en revint pas. Adèle était le dans le convoi de cinquante-neuf femmes qui partit le à destination de Ravensbrück. Comme la quasi-totalité de ses compagnes, elle surmonta les épreuves de la déportation et revint, tout comme Rachel Gluzman, Marguerite Kroës, Odette Pourchasse, Annette Rabatel et Lise London.
Le commissaire Saint-Royre et son adjoint Rouchy qui arrêtèrent notamment André et Adèle Mijoin furent condamnés après parution devant la commission d’épuration de la police, le premier à vingt ans de travaux forcés, à l’indignité nationale, et à la radiation de l’Ordre de la Légion d’Honneur ; le second à cinq ans de travaux forcés.
Dans son ouvrage Jean-Marc Berlière observait : « Saint-Royre a oublié que lutter contre les communistes revenait, à partir de l’été 1941, à servir l’ennemi : un comble pour un ancien combattant au patriotisme ombrageux. »
Le couple Mijoin habita Saint-Mandé (Seine, Val-de-Marne), ils participèrent aux manifestations de la guerre froide. Elle exerça le métier de couturière à domicile. Élue en 1947 au conseil municipal, elle apprenait avoir été déchue de sa nationalité à la suite de sa condamnation pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Maître Brandon se chargera de son dossier, elle sera réintégrée dans la nationalité française.
André Mijoin participa aux manifestations de mai et juin 1968, fut ébranlé par l’intervention Soviétique en août 1968 en Tchécoslovaquie, devint militant du programme commun. Adèle accompagna plusieurs séjours de vacanciers en Union Soviétique. En 1971 à soixante-trois ans, après avoir sillonné pendant une vingtaine d’années les rues de Paris, il prenait sa retraite.
Le couple alla vivre à Courpalay, où avec son épouse il continua de militer, diffusa L’Humanité dimanche. Il y mourut le 3 mars 2007 à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans. Adèle mourut six ans plus tard le 13 juin 2013 à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.
Adéle Mijoin née Nemirowski a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231195, notice MIJOIN Adèle née NEMIROWSKI par Daniel Grason, version mise en ligne le 15 août 2020, dernière modification le 15 août 2020.

Par Daniel Grason

Adèle Nemirowski
Adèle Nemirowski
Adèle et André
Adèle et André

SOURCES : Arch. PPo. CB 83.23 main courante du commissariat de Boulogne-Billancourt, BA 2056, PCF carton 13 rapport des Renseignements généraux du 21 juillet 1942, KB 95, BA 1849. – Bureau Résistance GR 16 P 442044. – André Mijoin, Une vie militante, préface d’André Tollet, 1995 (à compte d’auteur). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site BNF La Vie Ouvrière du 21 septembre 1940. – Site internet Match ID.

Photographies : {Une vie militante}

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