SAIGNES Eugène, Bertrand

Né le 12 février 1823 à Bordeaux, mort le 26 août 1889 à Lyon 3e arr. ; ouvrier plâtrier peintre ; membre de l’Internationale ; participant à la Commune de Lyon.

Il fut poursuivi et emprisonné dans la Nièvre après le 2 décembre 1851 ; militant lyonnais sous le Second Empire, il habitait place de Reichstadt. « Homme énergique, vrai tribun populaire, très influent parmi les ouvriers lyonnais [...] inculte au physique et au moral », il « possédait le don d’entraîner. Il dirigeait, comme pas un, nu-tête, en berger, une manifestation et perçait le tumulte de son galoubet » (L. Descaves, Philémon, vieux de la vieille, p. 66). Il fut un des dirigeants des sections lyonnaises de l’Internationale.

Membre du Comité central du Salut de la France, dont la création fut décidée le 17 septembre 1870, il fut, le 25, l’un des signataires de l’Affiche rouge, émanation de ce Comité qui proposait dans son article Ier l’abolition de « la machine administrative et gouvernementale de l’État », et, dans ses articles V et suivants, l’instauration de Comités révolutionnaires « qui exerceront tous les pouvoirs sous le contrôle immédiat du peuple ». Le 28, à midi, place des Terreaux, il prit la tête d’une centaine de manifestants qui forcèrent l’Hôtel de Ville. Bakounine, Parraton, Bastelica entrèrent avec eux. Du haut du balcon, Saignes annonça que le Conseil municipal allait être mis en demeure d’accepter le programme de l’affiche rouge ou de démissionner, et fit acclamer Cluseret comme général de l’Armée révolutionnaire. En quelques heures cependant les gardes nationaux des quartiers bourgeois se ressaisirent et réduisirent l’insurrection (J. Guillaume, L’Internationale, op. cit., t. II, pp. 94-97).

Le 13 août 1871, le 1er conseil de guerre condamna Saignes, par contumace, à la déportation dans une enceinte fortifiée. (Ibid., p. 128, n. 2). Exilé à Genève où il arriva le 24 novembre il fut en relations avec Bakounine, qui écrivit sur son carnet : « Saignes, de la Guillotière, Bon révolutionnaire ». Il appartint à la section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève constituée le 8 septembre 1871 sur l’initiative de proscrits français. Il travailla comme peintre-décorateur en bâtiment, enseignes et comme vernisseur. Le 30 mai 1880, Saignes bénéficia de la remise de sa peine.
Il fut enterré à Lyon le 27 août 1889. Ses funérailles, parce qu’il avait continué de militer après sa rentrée en France, donnèrent lieu à une manifestation socialiste.
Il était marié avec Marguerite Piala.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231199, notice SAIGNES Eugène, Bertrand, version mise en ligne le 15 août 2020, dernière modification le 7 septembre 2021.

ŒUVRE : Saignes est un des dix-sept signataires de la brochure Les Proscrits français et leurs calomniateurs..., Genève, 1880, 38 pages (cette brochure se trouve à l’institut français d’Histoire sociale, archives Claris).

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/870. N° 3835. — Arch. Dép. Rhône, série M., Victimes du Deux-Décembre, et série R, Premier conseil de guerre 1871, envahissement de l’Hôtel de Ville, lettre de Max Nettlau. — Arch. Mun. Lyon, 1 2/43, 1 2/55, I 2/56 B. — La Coopération lyonnaise jugée par l’ex-police impériale..., Lyon, 1870, in-8°, Bibl. Nat. Lb 57/207. — S. Commissaire, Mémoires et Souvenirs, Lyon, Paris 1888. — Dr Crestin, Souvenirs d’un Lyonnais, Lyon, 1897. — A. Zévaès, Les Proscrits de la Commune, Paris, Bureau d’éditions. — État civil.

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