Rimont (Ariège), résistants morts en action autour du village ou retrouvés morts près de celui-ci, 21 août 1944

Par André Balent

Le 21 août 1944, alors que des éléments du Marschgruppe formé à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) et grossi à Saint-Girons (Ariège) faisait mouvement sur la RN 117 afin de gagne la vallée du Rhône se livrait à Rimont (Rimont, massacre de civils, 21 août 1944) au massacre de civils avant d’incendier la localité, la Résistance l’accrochait dans le territoire de la commune. L’objectif était de bloquer la progression de la colonne allemande puisqu’elle serait inévitablement par Foix, libérée l’avant-veille (19 août 1944) par les combattants de la 3e brigade de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles) accompagnés par la mission interalliée commandée par Marcel Bigeard. Plusieurs maquisards trouvèrent la mort dans ces combats. Dix résistants — quatre des FTPF ariégeois, six de la brigade ariégeoise de l’AGE — furent tués pendant ces combats du 21 août 1944. Le même jour, on retrouva à Rimont les cadavres de deux résistants inconnus (des Espagnols ?) exécutés quelques semaines auparavant.

Les combats des maquis autour de Rimont :

Pendant que, en représailles, les Allemands, les Turkestanais et des collaborationnistes du PPF et de la Milice incendiaient Rimont, les maquis avaient rassemblé leurs effectifs autour de ce village afin de stopper la progression de la colonne.

Le matin du 21 août 1944, des maquisards de la Crouzette, FTPF, 3102e compagnie, dans les environs du col de la Crouzette, dans le massif de l’Arize entre Rimont et Massat) attaquèrent cette colonne de 2000 soldats allemands — et « mongols » ainsi qu’ils étaient désignés par les Ariégeois et leurs amis espagnols de l’AGE : en fait des auxiliaires turcophones originaires de l’Asie centrale soviétique de la 1er légion du Turkestan cantonnée à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) — accompagnés d’éléments locaux du PPF et de la Milice. Les maquisards de la Crouzette venaient épauler les milices patriotiques formées dans les villages de part et d’autre de l’axe de communications Saint-Girons – Foix. Le seul maquis ariégeois de l’AS opérationnel, le maquis « Normandie » formé au printemps de 1944 autour de La Bastide-de-Sérou se joignit aussi aux forces en train d’attaquer la colonne à proximité de Rimont. Dans l’après-midi du 21 arrivèrent, depuis Foix, les 1er et 2e bataillons de la 3e brigade de l’AGE commandés par leur chef, Pascual Gimeno alias « Royo ». Les Allemands présents dans Rimont en sortirent dans l’après-midi pour essayer de prendre possession des collines qui dominent le village au nord et au sud. Alors que Amilcar Calvetti installait l’état- major des FTPF à Maury, la 3103e compagnie de FTPF de l’Ariège commandée par René Burg, venant de l’est du Pays d’Olmes arriva à proximité de Rimont par le nord, par la RD 18, en provenance du Mas-d’Azil. Les maquisards constatèrent que les Allemands et leurs supplétifs turkestanais avaient évacué Rimont en feu vers 22 heures et poursuivaient leur route vers l’est. Il fallait les empêcher à tout prix de poursuivre leur route. Le lendemain, la bataille de Castelnau-Durban permit d’atteindre cet objectif en obtenant leur reddition.

Pendant les combats autour de Rimont, le 21 août 1944, Les maquisards tuèrent dix-sept soldats de la colonne motorisée en provenance de Saint-Girons.

Les maquisards tués au combat autour de Rimont :

Dix maquisards périrent dans les combats autour de Rimont. Quatre appartenaient aux FTPF (Élie Balança, Aimé Delrieu, Florentin Prat, Firmin Respaud ), six à la 3e brigade de l’AGE Maximo Hinguilde Maseira, Vicente Mira, Ángel González, José Richard et José Ramos ; deux cadavres de résistants inconnus, probablement des Espagnols, ont été découverts à Rimont le 21 août 1944. Ils avaient probablement été exécutés sommairement quelques semaines auparavant.

Les premières victimes, entre 13 et 15 heures furent trois FTPF. Élie Balança de la 3102e compagnie (maquis de la Crouzette) tomba près de Plagnotte, à proximité de l’entrée orientale du premier des deux tunnels ferroviaires avant la gare SNCF de Rimont. Firmin Respaud, de la 3101e compagnie des FTPF tomba à proximité. Plus tard, Aimé Delrieu, de la 3102e compagnie, fut tué à Bourach, à l’entrée occidentale de Rimont. Des guérilleros de l’AGE, on connaît parfaitement l’endroit où périt, au terme d’une longue résistance avec son fusil-mitrailleur, Maximo Hinguilde. Il était posté dans un hangar de Micassou, à proximité de la RN 117 et de l’entrée occidentale du deuxième tunnel ferroviaire avant Rimont en venant de Foix. À ses côtés périrent aussi dans l’action : : Ángel González, José Ramos, José Richard. On ignore où fut mortellement blessé Vincent Mira.

Les inconnus trouvés tué à Rimont le 21 août 1944 :

Deux cadavres d’inconnus furent découverts dans des broussailles le 21 août 1944 par des habitants de Rimont près du château de Montségu, au sud de Rimont, entre la RN 117 et la gare ferroviaire (aujourd’hui désaffectée). Ils furent enterrés au cimetière de Rimont. On a supposé qu’il s’agissait de deux Espagnols tombés pendant l’affrontement armé contre les Allemands et les Turkestanais.

Mais le témoignage postérieur d’un berger expliqua qu’un camion allemand d’une motocyclette s’était arrêté (en mai ou en juin). Deux hommes en avaient été extraits. Conduit dans la forêt ils furent exécutés sommairement. Le motocycliste était Philippe Berkane, né le 11 novembre 1910 à Michelet (Algérie). D’origine gitane, il avait été sacristain à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ville où il avait commencé sa carrière de traducteur-interprète officiel avant de venir à Saint-Girons (Ariège) où il était devenu un agent de l’antenne locale de la Sipo-SD, exécuteur des basses œuvres de cette police politique et coupable au moins d’une quinzaine d’exécutions sommaires. L’exécution de ces deux hommes a pu être effectuée en représailles d’actions armées d’un maquis.. Le 26 juin, un soldat allemand avait été tué à l’entrée de Castelnau-Durban (Ariège). Le 1er juillet une colonne allemande accrochée par des maquisards avait déjà provoqué l’incendie du hameau de Calibère. Pour Claude Delpla (op. cit., 2019, p. 252-253) l’exécution de ces deux hommes probablement espagnols a pu être une action de représailles contre une de ces actions d’un maquis.

Résistants morts en action de combat autour de Rimont le 21 août 1944 :

BALANÇA Élie
DELRIEU Aimé
HINGUILDE MASEIRA Maximo
GONZÁLEZ Ángel
MIRA Vicente
PRAT Florentin
RAMOS José
RICHARD José
RESPAUD Firmin

Résistants dont les cadavres furent retrouvés près de Rimont le 21 août 1944 après avoir été exécutés sommairement à une date inconnue :

Fusillé inconnu n° 1 de Rimont (Ariège)
Fusillé inconnu n° 2 de Rimont (Ariège)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231418, notice Rimont (Ariège), résistants morts en action autour du village ou retrouvés morts près de celui-ci, 21 août 1944 par André Balent, version mise en ligne le 24 août 2020, dernière modification le 22 avril 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, listes de résistants exécutés ou morts en action de combat. — Claude Delpla, La bataille de Rimont et de Castelnau-Durban, Saint-Girons, imprimerie Barat, 1994, 39 p. — Claude Delpla, La libération de l’Ariège, Toulouse, Le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [p. 227-231, (p. 231, carte)]. — Sources particulières des diverses notices.

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