DUCLOS Jean [DUCLOS Marie, François, Dominique, dit]

Par Robert Balland

Né le 15 février 1895 à Louey (Hautes-Pyrénées), mort le 28 juin 1957 à Louey ; militant du Parti communiste, frère de Jacques Duclos ; député de Seine-et-Oise (5e circonscription de Versailles) de 1936 à 1942, député aux Assemblées constituantes de 1945-1946 (2e circonscription de Versailles) puis à l’Assemblée nationale de 1946 à 1951 ; premier adjoint au maire de Versailles ; secrétaire général de l’ARAC (1934-1939, 1944-1951).

Le jeune Duclos entra en apprentissage à l’âge de douze ans chez un horticulteur et travailla avant guerre comme ouvrier jardinier. Mobilisé en décembre 1914 au 49e Régiment d’infanterie, il fut affecté successivement au 34e puis au 73e et combattit sur les fronts de Champagne (1915), de Verdun dès février 1916 puis de la Somme. C’est au cours de la bataille de la Somme qu’il fut très grièvement blessé le 9 septembre 1916 au point de subir vingt-trois interventions chirurgicales effectuées au cours des trente-huit mois qu’il passa dans les hôpitaux. Atteint notamment à la face, il dut subir l’énucléation de l’œil gauche. Démobilisé à la fin de 1919, il regagna d’abord son village pyrénéen mais, frappé peu après de « cécité pratique », n’ayant plus que 1/20 de vision totale, ce qui porta son taux d’invalidité de 90 à 100 %, il se trouva dans l’impossibilité d’exercer son métier et vint à Paris, espérant encore pouvoir travailler en usine. Dans cette première période de sa vie parisienne, il logeait avec son frère Jacques Duclos* au 27 rue des Petites-Écuries, Xe arr. (1922-1930). Vers 1926-1928, il travailla à la Société française de sciure de Pantin puis s’aperçut que son état physique ne lui permettait plus de tenir un emploi. La police écrit en août 1929 : « est domicilié depuis 8 ans environ, 27 rue des Petites Écuries, où il occupe seul une chambre à son nom, au loyer annuel de 5000 F exactement payé. Le susnommé qui avait exercé la profession d’horticulteur dans son pays natal travaillerait actuellement dans une usine, en qualité de contremaître, mais on ignore où. [...] Le nommé Duclos a fait l’objet d’une information de Monsieur le juge d’instruction en mai 1925, pour outrage à agents » (fiche de police récupérée par le PC et conservé aux CRCEDHC de Moscou, 517 1 846). En 1930, il épousa une compatriote, Marie Esclarmonde, employée des PTT, née le 15 septembre 1903 à Sarrancolin (Hautes-Pyrénées) dont il n’eut pas d’enfant. Après avoir logé en hôtel, 4 rue d’Albouy, Xe arr. Jean Duclos* et sa femme habitèrent 50-52 rue des Pyrénées à Paris, XXe arr. puis, de 1933 à 1957, 44 rue Paul-Barruel, dans le XVe arr. Officier de la Légion d’honneur à titre militaire, Jean Duclos* était titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

En dépit de ses blessures, J. Duclos milita très activement et notamment sur deux fronts : comme ancien combattant et en tant que communiste.
Dès 1920, il donna son adhésion à l’ARAC. Au congrès de janvier 1924, il fut élu membre de la Commission de propagande de la Fédération parisienne puis membre de son Comité central en août 1925. Participant aux congrès nationaux de l’organisation, il devint, au congrès de Clichy, 1927, secrétaire de la 1re fédération régionale et fut par la suite réélu à ce poste. Au congrès de juin 1926, il fut élu secrétaire général de l’ARAC. Réélu à cette fonction après la Libération, il le demeura jusqu’à sa mort. Jean Duclos* avait également collaboré avec Henri Barbusse* et il fit partie du Comité national de lutte contre la guerre et le fascisme en 1933. Ces activités lui valurent des poursuites en août 1929 avec inculpation de complot contre la sûreté de l’État en raison de la campagne antimilitariste entreprise par l’ARAC sous son impulsion.

Dès le congrès de Tours, décembre 1920, Jean Duclos* fut également militant communiste, membre de la 10e section et, à maintes reprises, porte-parole du Parti à des élections : candidat du Bloc ouvrier et paysan dans le quartier de la Porte Saint-Denis aux municipales de mai 1925, au Pré-Saint-Gervais aux municipales de mai 1929, candidat aux élections législatives de mars 1928 dans la 1re circonscription de Saint-Denis (Pantin, Bagnolet, Les Lilas), candidat aux élections législatives de 1932 dans le XVIIe arr., aux élections cantonales de mai 1929 dans le 2e canton de Pantin et de mai 1935, toujours pour le Parti communiste dans le canton de Vanves. En mai 1936 enfin, il était élu député communiste de la 5e circonscription de Versailles au second tour avec 12 640 voix (7 353 au premier tour) sur 22 092 suffrages exprimés. Au Palais-Bourbon, il siégea dans les commissions de l’Armée et des Pensions civiles et militaires. Il intervint dans les questions relatives aux Anciens combattants et aux victimes de guerre et prit l’initiative de plusieurs propositions de lois sur les Pupilles de la Nation et les Pensions.

Arrêté le 8 octobre 1939 pour reconstitution de ligue dissoute, déchu de son mandat de député, il fut mis en liberté provisoire le 23 janvier 1940 mais condamné le 3 avril suivant à quatre ans de prison avec sursis et 4 000 francs d’amende. Le même jour, il fut envoyé en séjour surveillé au sanatorium d’Aincourt. Après quelques mois de détention (Baillet, île d’Yeu, Santé), incompatibles avec son état physique, il fut transféré à l’infirmerie de la prison de Fresnes, le 9 novembre 1940, puis mis en liberté provisoire le 26 février 1941. Il regagna alors son domicile parisien qu’il quitta en 1943 pour aller habiter la province.

À la Libération, Jean Duclos* poursuivit son action militante tant à l’ARAC comme secrétaire général qu’au plan politique. À la première Assemblée Constituante où il fut élu le troisième par le nombre de suffrages, il retrouva ses préoccupations parlementaires antérieures sur les questions des pensions civiles et militaires, les Anciens combattants, les Victimes de guerre. Réélu le 10 novembre 1945, encore avec le numéro 3, à la Seconde Constituante puis à l’Assemblée nationale qui suivit, il fut juré à la Haute-Cour de Justice à trois reprises (décembre 1946, janvier 1948, mai 1948). Auteur de plusieurs propositions de lois : sur les pensions et les retraites, sur le statut des déportés et internés de la Résistance (1948), sur le statut de la SNECMA, il intervint sur les incidents du 11 novembre 1948, sur le statut des AC volontaires de la Résistance (1948), sur la loi d’amnistie des « collaborateurs » (1950). Il fut premier adjoint au maire de Versailles de 1945 à 1947.

Comme il avait alors presque complètement perdu la vue, il ne fut présenté qu’en 4e position en 1951, trois communistes étant élus. Il se retira en 1956 et mourut l’année suivante dans son village natal à soixante-deux ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23162, notice DUCLOS Jean [DUCLOS Marie, François, Dominique, dit] par Robert Balland, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 27 mai 2012.

Par Robert Balland

ŒUVRE : Directeur du Réveil des combattants, journal de l’ARAC.

SOURCES : Arch. Jean Maitron. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30 à 38 inclus et élections cantonales non classées. — La Voix du Peuple au parlement, supplément au n° 12 des Cahiers du Bolchevisme. — La Voix populaire, 28 mars 1936. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, op. cit. — DPF, 1940-1958, tome II, La Documentation française, 1992.
RGASPI, 495 270 81(1), dossier Jacques Duclos.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable